Série : Marketing
stratégique
« Il faut avoir les moyens de sa
stratégie et la stratégie de ses moyens » Maxime
L'organisation, avant de décider d’une
ligne stratégique, se doit en toute transparence de porter une appréciation
globale sur ses possibilités et son potentiel. (1) Par cela même, on
peut à bon droit définir une stratégie comme l’utilisation de ressources
internes pour faire face aux ouvertures
et contraintes externes. L'entreprise
s’emploie à faire concorder ses moyens et compétences
distinctives
avec les tendances du marché. (2)
Dans le domaine militaire, on sait
que la taille des forces armées revêt une
importance de premier plan. Outre la qualité d’entrainement et le
professionnalisme des soldats, ce sont bien les capacités
détenues, les technologies et les plateformes aériennes,
terrestres, maritimes qui déterminent la latitude stratégique.
Le choix d’une stratégie d’entreprise
est une affaire de volonté et de moyens – la volonté des intervenants de
parvenir au résultat souhaité, concurremment avec un ensemble de ressources et atouts
dont il faut se doter à cet effet. « Il ne sert à rien de tracer des
plans grandioses si on n’a pas les moyens de les mener à bien ». (3)
L'entreprise dispose à des degrés divers de moyens financiers, de capacités techniques
et logistiques, d’un savoir-faire marketing et d’un potentiel humain. C'est sur
ces facteurs qu’elle fonde sa création, son existence et son développement.
Leur identification est donc une phase majeure de la réflexion stratégique.
On tiendra compte, notons-le, à la
fois des ressources tangibles et des ressources
intangibles : une organisation se distingue par ses moyens matériels, ses
performances quantitatives, son mix marketing, le niveau de sa rentabilité ; elle
se distingue aussi par sa notoriété et son image de marque, par la qualité et
la cohésion de son personnel…
Il y a lieu de préciser que les
nouvelles stratégies d’entreprise se fondent pleinement sur le marketing, dans la mesure où elles s’orientent plus que jamais vers
la satisfaction et la fidélisation du client. La stratégie marketing est certes au
service de la politique générale, en découle et en fait
partie ; il n’en reste pas moins que l’impératif du marketing est mis en
évidence en tant qu'élément essentiel de l’orientation retenue. Tous les
managers s’efforcent de s’adapter pour mieux servir le client – mieux qu’avant,
mieux que les concurrents.
De là, en élaborant sa stratégie, le
responsable marketing s’attache à susciter le concours actif des
autres fonctions et partenaires : particulièrement la production, l’achat,
la finance et le personnel… Par exemple, il est en rapport étroit avec le
service d'achat afin de vérifier que les intrants choisis sont de qualité
appropriée et en quantité suffisante ; il s’assure que les programmes et
le rythme de production sont compatibles avec les objectifs commerciaux ; il est
en relation avec la force de vente comme avec les distributeurs de façon à
orienter les efforts et renforcer les liens de coopération…
Trois remarques sont à
mentionner :
1. D’une entreprise à
l’autre, les capacités internes et les moyens d'action ne sont jamais les mêmes.
Les managers, dans des contextes dissemblables, peuvent fixer des objectifs
similaires (telle part de marché, tel taux de fidélisation) mais recourir à des
stratégies différentes. Dans une salle de casino, tous les joueurs
recherchent le gain maximum (objectif), mais chacun a sa propre méthode, place
ses mises à sa façon. Peut-on ainsi affirmer qu’une stratégie est meilleure
qu'une autre ? Rappelons-nous de l’adage chinois : « Peu importe qu'un
chat soit blanc ou noir. S'il attrape des souris, c'est un bon chat ».
2. Compte tenu des attributs
et possibilités de l'entreprise, les dirigeants tendent à envisager plusieurs
options stratégiques, avant de choisir la plus opportune : celle
qui permettra de tirer parti au mieux de l’ouverture identifiée sur le marché. Il
faut alors agir rapidement, car sur un terrain dynamique et instable les
positions favorables risquent fort d’être éphémères. La rapidité est un enjeu
essentiel, dont les Japonais depuis longtemps on fait un cheval de bataille – notamment
dans l'électronique.
3. Une ligne stratégique,
pour toute bien pensée qu’elle est, n’est jamais figée. Vu l’influence
considérable exercée par l’environnement, l’entreprise est tenue – tout en comptant
avec ses atouts et contraintes – de s’adapter sans relâche aux opportunités et
menaces qui se présentent. Rien n'est constant : les attentes du marché,
l'action des concurrents, les facteurs du macro-environnement… Une stratégie jugée
efficiente aujourd’hui peut se révéler dépassée après quelques années ou même
quelques mois.
Thami BOUHMOUCH
Octobre
2015
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(1) Cf.
article précédent : Analyser la capacité stratégique : pourquoi,
comment ? http://bouhmouch.blogspot.com/2015/07/analyser-la-capacite-strategique.html
(2) Cf.
article : Synthèse SWOT/LCAG : les éléments identifiés sont confrontés http://bouhmouch.blogspot.com/2015/08/synthese-swotlcag-les-elements.html
(3) J.-P. Sallenave et A. d'Astous, Le
marketing de l'idée à l'action, éd. Simex, p. 253.
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