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29 mars 2013

TERRORISME IMPERIAL : quand règne la loi de la jungle



« L’impérialisme US est déconnecté de la réalité. Il vit dans le monde magique de Disney où tout est beau et tout lui réussit » Mohamed Hassan



L’Empire étasunien s’adonne fanatiquement, partout dans le monde et au mépris total de la légalité internationale à un terrorisme multiforme et cruel, établi sur des actions de désinformation de grande envergure. La conspiration menée contre les nations excommuniées est manifeste, en particulier celle haineuse et vindicative visant le monde arabo-musulman.


Complots et agressions à foison
Quelques jours après les fameux « attentats du 11/09 », Rumsfeld, le grand criminel du Pentagone, présentait aux dirigeants militaires un mémo dans lequel il est précisé que 7 pays devaient « passer à la casserole » : l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Liban, la Syrie, le Soudan et l’Iran. Près d’un an après, un membre néoconservateur du Congrès s’est écrié : « Nous devons en finir avec les régimes terroristes, à commencer par les trois grands : Iran, Irak et Syrie. Puis nous nous occuperons de l’Arabie saoudite… Nous ne voulons de stabilité ni en Irak, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Iran ou en Arabie saoudite. Nous voulons que les choses changent. La question n’est pas de savoir s’il faut déstabiliser mais comment le faire ». (1)
Depuis cette date, alors qu’au Pakistan les assassinats par les drones sont devenus quotidiens, l’Iran fait face à une politique d’encerclement acharnée. Classé dans « l’Axe du Mal », ce pays se retrouve cerné à l’Est (Afghanistan) comme à l’Ouest (Irak) de soldats yankees, flanqués d’une multitude de mercenaires payés par le Pentagone.
A l’autre bout du globe, Cuba est confronté à un terrorisme politique, économique et militaire (blocus dès 1961), lequel est doublé d’un terrorisme intellectuel et médiatique hautement dispendieux… Il est clair que c’est à un petit pays et à sa révolution que les maîtres de Washington ont déclaré la guerre. « Pendant des dizaines d’années, ils utiliseront toute la panoplie terroriste pour tenter d’assassiner Fidel, jusqu’à la combinaison de plongée sous-marine enduite de poison, faciliteront le débarquement de groupes armés, financeront et manipuleront les opposants, détruiront des usines, allant jusqu’à introduire la peste porcine et des virus s’attaquant au tabac et à la canne à sucre. Ils organiseront l’asphyxie économique de l’île en décrétant un embargo toujours en vigueur ». (2)
Les Etats-Unis, dès les années 60, recrutent et protègent des terroristes anti-cubains notoires, tels Orlando Bosch et Luis Posada Carriles. Ce dernier a préparé et commandité en 1976 l’attentat en plein vol de l’avion de ligne cubain (73 tués) et en 1997 une vague d’attentats dans des lieux touristiques à Cuba… Comment ne pas avoir de l’admiration pour un pays de douze millions d’habitants ayant pu résister durant un demi-siècle à un terrorisme d’État enragé, à des attaques médiatiques impétueuses et incessantes, aux agressions de l’armée la plus puissante de la planète ?
En Amérique Latine, l’ambassade étasunienne est la cheville ouvrière de toutes les conspirations et tentatives de putsch : au Venezuela en 2002, en Bolivie en 2008, au Honduras en 2009, en Équateur en 2010… Evo Morales, une fois, a été prévenu par un de ses proches : « Président Evo, vous devez vous méfier de l’ambassade des Etats-Unis. Il y a toujours eu des coups d’État en Amérique latine. Le seul endroit où il n’y a pas eu de coups d’État, c’est aux Etats-Unis, parce qu’il n’y a pas d’ambassade étasunienne ». (3)

La fourberie, arme de destruction massive
L’Empire ne peut crier sur les toits qu’il veut nuire à un pays en vue de le soumettre et le piller. Il doit toujours inventer un motif apparent, même si c’est une histoire totalement loufoque. Les médias se chargeront de la colporter et la bonifier.
Ainsi la compagnie aérienne du Venezuela, du fait qu’elle effectue des vols entre Caracas, la Syrie et l’Iran, a été accusée par les congressistes étasuniens de « transporter du matériel radioactif, des armes, des drogues et des terroristes connus du Hezbollah et de l’Iran ». On a longtemps asséné que le président Chavez n’était qu’un « populiste despotique », alors qu’il jouissait d’une très forte popularité au sein de la population, laquelle a largement profité de programmes sociaux exceptionnels réalisés depuis quinze ans. Cet homme intègre et efficace cristallisait la haine des milieux financiers locaux et internationaux. On ne lui pardonnait pas ses fréquentations du président iranien Ahmadinejad (étiqueté « terrible dictateur antisémite »). Il y a peu, nombre de dirigeants étasuniens se sont réjoui de sa maladie et fêté ensuite sa mort.
Au Moyen-Orient, on a usé des leurres sans aucune retenue ni contrainte. D’aucuns se souviennent encore de ce journaliste de CNN qui, en 2001, demanda à un vieux chef taliban si son pays était à l’origine des attaques à l’anthrax. Visiblement, celui-ci ne savait pas ce qu’était l’anthrax. La chaîne étasunienne cherchait coûte que coûte à présenter cet homme modeste comme un dangereux terroriste !... C’est grâce à ce genre de tartufferie que les Etats-Unis ont pu envahir l’Afghanistan. Il en a été de même pour l’Irak, qui a subi l’une des guerres les plus ignominieuses de l'histoire moderne. Sur la base d'un mensonge, d’une action de propagande piteuse, une coalition de forcenés a entrepris de dévaster méthodiquement le berceau de la civilisation. Le mal infligé dépasse les limites du mesurable et paraît irréversible.
La Syrie est le seul pays arabe véritablement indépendant. Aujourd'hui, au sujet de ce pays, les contrevérités sont incroyablement diaboliques. Les médias occidentaux officiels (qui ont déjà excellé dans la diabolisation de Castro, de Chavez, d’Ahmadinejad et de Gbagbo) endossent en hâte l’image d’un « Assad, autocrate sanguinaire ». Le chef de l’Etat syrien a récemment déclaré à la télévision (en substance) : « Peut-on parler d'une révolution en Syrie ? Les révolutionnaires n'assassinent pas des civils à tour de bras. Les révolutionnaires ne détruisent pas les infrastructures. Les révolutionnaires ne sont pas introduits de l'extérieur, ne sont pas payés par des étrangers pour exécuter leurs ordres ». A diverses reprises il a proposé un dialogue national afin de trouver une solution politique consensuelle à la crise. En vain… Un certain Fabius en France est allé jusqu’à appeler à son assassinat… Pourquoi pas ? On a bien assassiné Khadafi…
Pour agresser des pays, il y a un siècle, l’Empire recourait déjà à la mystification. Il n’est que de penser aux carnages et souffrances infligés à Haïti entre 1915 et 1935. Les résistants à l’oppression, qualifiés bien sûr de « terroristes », ont été systématiquement massacrés. D’un côté, le commandant des troupes écrivait dans son rapport : « j’ai traqué ces salauds comme des cochons » ; de l’autre, le New York Times glorifiait ces interventions : « Nous allons tout simplement là-bas […] pour aider notre frère noir à remettre de l’ordre dans sa maison en désordre ». La première priorité du régime fantoche mis en place (en 1935) « fut la destruction des petits propriétaires terriens et des paysans libres. 40.000 familles furent chassées de leurs terres. Chaque fois, lorsque des mesures de ce genre déclenchaient des résistances, celles-ci étaient réprimées dans le sang avec l’aide des Etats-Unis ». (4)

Le choix de la loi de la jungle
Les dirigeants étasuniens et leurs vassaux européens seront-ils un jour jugés pour crimes contre l'humanité ? En Afghanistan, la croisade « antiterroriste » a permis de faire déferler les drones sans le moindre scrupule, de perpétrer des raids meurtriers en permanence. « Des milliers de civils ont été tués, les divisions ethniques ont été exacerbées et ont plongé le pays dans le chaos, l’économie et de nombreuses infrastructures ont été détruites, mais le commerce de l'opium a connu un regain d'activité intense avec l'aide de la CIA  (plus de 60% de l’héroïne vendue dans le monde viendrait d’Afghanistan, contre 0 % du temps des Talibans) ». (5)
En Irak, Washington a créé et entraîné la « brigade des loups », à laquelle l’armée remettait les prisonniers pour qu’ils soient torturés – souvent à mort – à l’aide de perceuses électriques et de décharges électriques à haute tension… « Bush, note Chomsky, a donné les ordres de commettre le crime international suprême […] pour lequel les criminels nazis ont été pendus : des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, la destruction de la plus grande partie du pays, dans un conflit sectaire cruel qui maintenant a gagné le reste de la région ». (6) Aujourd’hui, l’Irak a effectivement sombré dans l’âge des ténèbres.
Le tour de la Syrie est finalement arrivé. Etiquetée « obstacle à la politique américaine au Moyen-Orient », elle fait l’objet d’une politique terroriste appelée ironiquement « instabilité constructive », d’une guerre d’agression vindicative, financée sans aucune réserve par les milliards du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Quels en sont les objectifs ? Exacerber les conflits ethnico-confessionnels, favoriser le morcellement politique et territorial, paralyser la production, briser la société, détruire la structure de l’État.
L’Empire agresse qui il veut, quand il veut. Lorsqu’un journaliste a dit que la plupart des Américains ne considéraient pas Cuba comme une menace, la représentante d’extrême-droite de la Floride a répondu : « Et quelle était la menace lorsque nous avons envahi Panama ? Pensions-nous que l’armée de Noriega allait nous envahir ? Et quelle était la menace lors de la guerre du Golfe ? Allaient-ils envoyer leurs avions... et nous envahir ? Il n’y avait pas de menace... et cela ne nous a pourtant pas empêché d’employer la force ». N’ayant pas peur de manquer de retenue, elle a ajouté : « j’applaudirais si quelqu’un devait assassiner Fidel Castro »(7)
Partout, les gouvernements sont tenus en joue par la présence de bases militaires ou par la création de rebellions. Seuls les larbins dévoyés de l’impérialisme sont épargnés et maintenus en selle. Au Yémen, par exemple, Saleh s’est beaucoup démené pour être un allié de Washington dans la « guerre contre le terrorisme », en s’en prenant aux éléments islamistes, ses alliés d’antan. Résultat : il a permis de bon cœur à l’armée étasunienne et à la CIA de lancer des attaques quotidiennes par les drones et les escadrons de la mort.
L’Afrique, bien entendu, n’est pas en reste de projets terroristes. Pour l’impérialisme pillard et racketteur, il n’est pas question de laisser ce continent riche s’échapper, en se réfugiant dans le giron chinois. Il décide donc d’utiliser sa meilleure carte : l’agression militaire. L’objectif d’Africom est ainsi clair : « stabiliser la dépendance de l’Afrique, l’empêcher de s’émanciper, l’empêcher de devenir un acteur indépendant qui pourrait s’allier à la Chine et à l’Amérique latine. Africom constitue une arme essentielle dans les plans de domination mondiale des Etats-Unis... Washington veut contrôler entièrement l’Afrique et fermer la porte aux Chinois ». (8) Le pétrole du Nigeria notamment doit être mis au service exclusif de la sécurité énergétique des Etats-Unis. Moyennant quoi les leaders fantoches peuvent gaspiller la rente à leur guise et inciter le peuple à s’entretuer pour une quelconque brouille ethnique.
La politique de l’Empire, fondée sur le mensonge, les agressions et le racket, laisse entrevoir un effondrement moral effrayant. « L'irrespect continu de la légalité internationale et de la Charte des Nations Unies a conduit les dirigeants étasuniens à ne plus tenir compte, de plus en plus souvent, des usages et des règles diplomatiques dans les relations entre Etats souverains, que la civilisation a historiquement construits au cours des siècles… ». (9)

Fanatisme, ignorance et racisme
Les Etats-Unis, pour reprendre l’expression incisive de Lode Vanoost, seraient-ils « un pays réactionnaire saturé de fanatiques ignares » ? Pendant toute son histoire, ce pays a instauré le racisme le plus infâme. Il procède, il est vrai, d’un colonialisme de peuplement, le genre le plus sauvage, parce qu’il requiert l’extermination de la population autochtone (c'est pourquoi les Etasuniens sympathisent d’emblée avec les colons sionistes en terre de Palestine). « Depuis la création de ce pays, le racisme est employé pour justifier l’expansion et l’oppression : on appelait les autochtones des sauvages, on donnait toute sorte de noms aux Africains pour justifier l’esclavage et les vétérans du Vietnam connaissent une panoplie de termes utilisés pour justifier cette guerre impérialiste ». (10)
Les soldats yankees ne sont pas entrainés seulement à tuer. On les a bourrés de préjugés haineux et leur a inculqué le mépris le plus abject pour leurs victimes. Il y a un an en Afghanistan, des bidasses ivres ont tué 17 villageois pendant leur sommeil. Ils riaient en tirant dans tous les sens ; ils ont ensuite versé des produits chimiques sur leurs cadavres et les ont brûlés… Comment ces soldats, incités à tuer et à haïr violemment les peuples qu’ils envahissent, pourraient-ils à la longue ne pas devenir fous ?
Les tensions et les périls extrêmes infligés au monde par l’administration étasunienne ont atteint un niveau dans le cynisme, la barbarie et le viol de la légalité internationale jamais égalé dans la série d’agressions menées sans discontinuer depuis des décennies. En seulement dix ans, combien de milliers de tonnes de bombes l’Empire a-t-il déversés sur l’Irak et sur l’Afghanistan ? Combien de satrapes a-t-il soutenus ? Combien d’agressions israéliennes a-t-il financées, appuyées et armées ? On ne dira jamais assez l’impact de l’injustice historique subie par les Palestiniens dans la conscience des peuples arabes et des Musulmans.

L’arrogance et la barbarie s’aggravent au fil des ans, entraînant un sentiment d’antiaméricanisme croissant. Les Etasuniens n’ont pas pu soumettre l’Irak comme ils l’avaient prévu ; ils sont en train de quitter l’Afghanistan ; leur ambassade a été récemment attaquée en Egypte…  Ceux qui sèment le vent, vont-ils un jour récolter la tempête ?

Thami BOUHMOUCH
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(1) Michael Ledeen, un néo-conservateur proche de Bush, in « The War against the Terror Masters », septembre 2002, cité in : http://www.legrandsoir.info/moyen-orient-le-plan-americano-israelien.html  Novembre 2012.
(3) Cité par Fidel Castro, http://www.granma.cu/frances/reflexions/26noviem-reflexiones.html Novembre 2010.
(6) Noam Chomsky, http://polymedia.skynetblogs.be/tag/jihad Mai 2011.
(7) Il s’agit d’Ileana Ros-Lehtinen, citée par Jane Franklin, http://www.legrandsoir.info/Le-nouveau-jeu-cubain-Z-Net.html  Décembre 2010. Je souligne.
(9) Claude Beaulieu, Geneviève Blache, http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3067   Décembre 2012.
(10) Mike Prysner, membre d’IVAW, cité in http://www.europalestine.com/spip.php?article7008  Mars 2012.


23 mars 2013

TERRORISME IMPÉRIAL : The American Way of Death



« Dans la majeure partie du monde, les Etats-Unis sont considérés comme un grand pays terroriste, ce qui n’est pas sans fondement » Noam Chomsky
« On nous a dit que l’on combattait des terroristes. Le vrai terroriste, c’était moi » Mike Prysner



Chacun a bien compris l’objectif que poursuivent les faucons de Washington dans leur guerre permanente « contre le terrorisme » : le contrôle militaire de la planète, destiné à réserver aux Etats-Unis et à l’Europe l’accès exclusif aux ressources. Les officiels étasuniens et leurs comparses de l’OTAN sont aujourd'hui derrière toutes les agressions, les dévastations et les malheurs subis par l'humanité. L’imam Khomeiny ne savait-il pas de quoi il parlait lorsqu’il qualifiait les Etats-Unis de « grand Satan » ?
Lors de la guerre du Vietnam, au-dessus de l’entrée d’une base américaine on pouvait lire : « Killing is our business, and business is good ». Les « affaires » en effet marchaient vraiment bien dans ce pays martyr, où l’on comptait par millions le nombre de civils tués. Elles se sont bien maintenues même après la guerre. Les carnages se sont d’ailleurs poursuivis sur tous les continents, aussi bien directement que par l’intermédiaire d’agents locaux et de mercenaires, à chaque fois que la « sécurité nationale » étasunienne avait besoin de bases ou de cautionner des régimes complices. Le monde est assurément sous l'emprise du « American Way of Death ».  

Un Empire guerrier et criminel
L’Empire ne mène pas une vie de tout repos. Pour survivre dans un contexte de course aux ressources et de rivalités exacerbées, il est porté irrésistiblement à agresser bien des nations et peuples partout dans le monde. On a en mémoire le constat que Lénine avait établi en 1916 : « l’impérialisme est le stade suprême du capitalisme ». Pour les Etats-Unis et l’Europe, la vassalisation des pays du Sud est bel et bien vitale, sans quoi ils se retrouveraient démunis et vulnérables.
De là, la violence absolue est une composante intrinsèque de l’impérialisme. La pègre étasunienne responsable des invasions, des campagnes de bombardement, des assassinats (notoires ou occultes), n’est-on pas en droit de la qualifier de terroriste ? Non, disent en chœur les média-menteurs, qui affectent ce terme exclusivement aux pays musulmans.
Lorsque Bush II est arrivé au pouvoir, de nombreux personnages au passé trouble ont été nommés aux plus hautes sphères du gouvernement. « Nombre d’entre eux étaient bien connus en Amérique latine, et particulièrement à Cuba, où ils avaient démontré leur capacité de nuire. Negroponte, Abrams, Bolton, Powell... tous avaient un CV bien chargé ». (1) La violence extrême est au fond inscrite dans le tissu social des Etats-Unis. Dans ce pays de 300 millions d’habitants, 90 millions possèdent 200 millions d’armes à feu. D’innombrables homicides et près de la moitié des vols sont commis avec usage d’armes à feu. Ce pays est le plus gros consommateur de drogues au monde, ainsi que le plus gros vendeur d’armes.
Légitimées par l’article « Activités terroristes » du Patriotic Act, la torture et la cruauté pour tirer des aveux aux suspects, les arrestations sans accusation ni procès, les détentions illimitées (Guantánamo) sont devenues usuelles et ordinaires. The New York Times, en novembre 2010, n’a pas hésité à publier un article où il est dit que les assassinats politiques sont légaux. Julian Assange (Wikileaks), n’est-il pas l’homme qu’on a tenté de réduire au silence et contre lequel on a appelé au meurtre ? Un des théoriciens de l’impérialisme « humanitaire », Geoffrey Robertson, a affirmé que, malgré les apparences, violer le droit international est légal. John Yoo, qui a coaché Bush II en matière de torture des prisonniers, a recommandé à l’administration Obama d’ignorer la Charte des Nations-Unies.


« L’Etat étasunien, disait Hugo Chavez, est un État manqué, qui agit sans tenir compte du droit international, qui ne respecte absolument rien et qui, par-dessus le marché, se sent parfaitement en droit de le faire, qui ne répond de rien devant personne ». (2) Oussama Ben Laden, en mai 2011, a fini pas être assassiné d’une façon fourbe et insultante. Le journal Washington Post ne se bornait pas à jubiler à cet exploit, mais incitait Obama à agir de la même manière pour éliminer le président Kadhafi et ses enfants. Les dirigeants étasuniens ont ainsi enfreint deux lois internationales : l’assassinat politique et la violation jusqu'au-boutiste de la souveraineté d’un État. Il est vrai qu’ils ne sont plus à une transgression près. On notera que, pour ce qui est du « terrorisme de grande échelle, responsable du meurtre de milliers d’innocents » (dixit Obama), Ben Laden passait pour un néophyte, en comparaison avec les serial killers de Washington (des dizaines de milliers d’innocents vietnamiens, guatémaltèques, irakiens, afghans, libyens, etc.).
Dans les années 80, comme le note Noam Chomsky, il y a eu des dizaines de milliers de morts dans le seul Nicaragua : « Le pays a été presque entièrement détruit, il ne s’en relèvera peut-être jamais. Cet attentat terroriste international s’est accompagné d’une guerre économique dévastatrice, qu’un petit pays, isolé par une superpuissance vindicative et cruelle, pouvait difficilement supporter… Mais les Nicaraguayens n’ont pas répliqué en lançant des bombes sur Washington ». (3) Les citoyens étasuniens, connus pour leur jobardise, prennent-ils réellement la mesure des atrocités commises, sont-ils au moins au courant ? L’aveuglement impérial a fini par les discréditer à l’extrême dans le reste du monde. L’un d’eux en est bien conscient : « Nous ne voyons jamais le feu et la fumée, nous ne sentons jamais l’odeur du sang, nous ne croisons jamais les regards terrorisés des enfants dont les cauchemars seront désormais hantés par des missiles hurlants tirés par les terroristes invisibles, connus sous le nom d’Américains ». (4)  
C’est l’impérialisme guerrier, destructeur et pillard qui dicte sa loi aux Etats « ventre mou ». Il y a douze ans, Bush avait proféré cette menace insolente et puérile : « Chaque pays, dans chaque région, doit maintenant prendre une décision. Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les terroristes ». L’Europe a ainsi pris le parti de s’aligner au jour le jour sur les décisions de Washington. Quant aux petits gabarits, comme le Maroc, ils n’ont d’autre choix que de collaborer avec entrain à « la croisade contre le terrorisme »…

La boîte de pandore est ouverte
Les instigateurs d’une grande guerre, afin de faire basculer l’opinion publique en leur faveur, doivent s’appuyer au départ sur un grand média-mensonge. En 1965, pour déclencher la guerre du Vietnam, il a fallu inventer de toutes pièces une attaque vietnamienne contre des navires étasuniens (dans la baie du Tonkin). En 1983, une prétendue menace terroriste, censée viser les Etats-Unis, a servi de prétexte à l’attaque de Grenade. On a longtemps fabulé à propos de Ben Laden pour légitimer l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan. Aujourd’hui, Obama insinue dans tous ses discours, que les « terroristes » sont capables de fabriquer de petites bombes nucléaires, appelées comme il se doit « bombes sales ».
L’histoire rebattue du « 11 septembre » a été du pain béni. Le « terrorisme », qu’on n’a jamais pris la peine d’expliciter, est le Satan tombé du ciel, l’épouvantail qui permet d’organiser des expéditions punitives ici et là, semant la dévastation et la mort. Il a servi à agresser l'Afghanistan et l'Irak, à diaboliser les résistances en Palestine, dans le monde arabe et en Amérique latine ; il a aussi servi à attaquer les droits de l’homme aux Etats-Unis et en Europe. L’argument est si commode qu’en 2003 le Congrès US accusait à son tour la Syrie pour son « soutien au terrorisme international » et accordait à l’armée le droit d’entrer en guerre au moment opportun contre ce pays. La combine appelée « Axe du Mal » a été trouvée pour désigner l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord, accusés de soutenir les « terroristes » en sous-main et d’avoir conclu « un pacte secret pour détruire les Etats-Unis » (dixit Bush en 2002). Le bon peuple américain est prêt à avaler toutes les couleuvres sans rechigner.
Le pot aux roses a finalement été découvert : il y a un an, la secrétaire d’Etat Clinton  a révélé que l’organisation Al-Qaïda a été tout simplement fabriquée par son pays. « Les gens que nous combattons aujourd’hui, nous les avons créés ; c’est lors de la lutte hégémonique entre les Etats-Unis et l’URSS pendant la guerre froide que cette création a eu lieu ». (5)
Une autre trouvaille perfide pour blanchir l’ingérence militaire dans des pays souverains est l’intervention « au nom de la démocratie et des droits de l’Homme ». La motivation est prétendument humanitaire : on est censé agir pour sauver une population sans défense, victime d’un autocrate sans scrupules. C’est ce qui s’est passé au Kosovo, en Irak et en Afghanistan. Outre la force matérielle, l’hégémonie s’appuie fondamentalement sur la manipulation et les épouvantails illusoires. Le Jeu Call of Duty Black Ops, au début de son lancement,  a été vendu à 5,6 millions d’exemplaires. Le scénario proposé aux joueurs vaut le détour : « votre devoir est de tuer Fidel Castro. Ce satané communiste veut (lui aussi) raser les Etats-Unis à coups de bombes atomiques. Il faut empêcher les terroristes communistes d’attaquer les Etats-Unis et de détruire le monde »… (6) Tels sont les préceptes que les enfants mémorisent.

Ainsi, de par son arrogance et son fanatisme périlleux, l’Empire poursuit sa course droit dans le mur. On a recensé les attaques par des bombardements, les actes de sabotage et les renversements de gouvernements (ou tentatives) depuis la seconde guerre mondiale. Le score des agressions étasuniennes est éloquent : 51 (contre zéro pour l’Iran). (7) Les faucons de Washington affirment que le pays n’a plus d’argent pour payer les fonctionnaires,  les infirmières et les enseignants ; en même temps, ils mènent une politique impérialiste coûteuse au profit des compagnies pétrolières, des prédateurs militaro-industriels et autres grandes banques. Le peuple américain a été prodigieusement floué. Il s’est mué en troupeau qui suit aveuglément ses chefs, qui applaudit ardemment ceux qui tuent, pillent et détruisent…

Thami BOUHMOUCH
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(3) Cité par Sébastien Fontenelle, http://www.politis.fr/Justice-Est-Faite,13998.html  Mai 2011.
(4) Martin Kelly, cité par William Blum, http://www.michelcollon.info/Que-Dieu-benisse-l-Amerique-et-ses.html  Juin 2011.





2 mars 2013

LE MARKETING PAR OBLIGATION : LA NOUVELLE DONNE



« Il y a trois sortes d'entreprises : celles qui contemplent les évènements, celles qui cherchent à les comprendre et celles qui les provoquent » Anonyme

    
Aujourd'hui, l’intensification de la compétition internationale et l’évolution incertaine de la demande imposent une nouvelle donne. Le Maroc, membre de l'OMC, s'est engagé à ouvrir son marché national. L'avenir dépendra décidément de l'intervention et des possibilités du marketing…
Si demain l'industrie du textile-habillement traverse une crise grave, si des fermetures d'usines et des licenciements collectifs ont lieu, si des dizaines de milliers d’emplois sont perdus, les pouvoirs publics vont-ils encore jouer le rôle de pompier ? Va-t-on reprendre le débat sur l'Etat régulateur, centralisateur ou protecteur ?
Disons-le clairement : l'entreprise marocaine est engagée à la fois à moderniser son management et à améliorer son savoir-faire marketing. C’est dans ce but que le CMPE (Centre Marocain de Promotion des Exportations) avait, en 2003, mis en place un programme d'assistance spécifique. La performance de l'entreprise dépend par-dessus tout de son attitude vis-à-vis du marché. Le marketing s'avère un facteur de compétitivité autant qu'une arme décisive contre la concurrence. (1) Car, à coup sûr, c'est au marketing qu'il incombe d'analyser l'action des concurrents, d'identifier ou devancer les attentes du public cible et de les traduire en produits appropriés. Dans la pratique de chaque jour, il s'agit de concevoir des articles de bonne qualité – du point de vue de la demande (2) – de réduire les coûts, de respecter les délais de livraison, de traiter résolument les réclamations reçues. L'objectif est plus que jamais de créer des avantages compétitifs par une orientation opiniâtre vers le client.
Mais il y a plus : les unités de textile marocaines liées à un commanditaire étranger, exécutent d’ordinaire un travail où intervient pour l'essentiel l'élément coût. Liées au cahier des charges du donneur d'ordre, elles sont tenues de respecter des spécifications déterminées. Mais le monde évolue : il appartient aux producteurs d'exporter, non plus des « heures machine » mais des marques de prêt-à-porter ; ils se doivent de favoriser l'innovation et la créativité, de s'engager hardiment dans une politique de concepts propres au détriment de la sous-traitance (à l'instar des exportateurs asiatiques).

Renoncer aux paradigmes du passé
Les producteurs qui vivaient en situation de rente sont irrésistiblement portés à différencier leur offre, à bâtir des relations fortes avec les distributeurs, à affronter la concurrence internationale avec de meilleures chances de succès. Il faut pour cela avoir la volonté d'atteindre une taille critique (par le recours aux regroupements). Le marché à l'exportation n'est aucunement rivé aux produits à faible valeur ajoutée, tels les clémentines, les navels, les tomates et les vêtements commandés. Bien des créneaux prometteurs sont possibles : le matériel informatique, l'édition de logiciels, les composants électroniques, les fils électriques, les pièces détachées d'automobiles. Il faudrait alors, là aussi, « se mettre » au marketing, développer la notion de marque...
Il y a trente ans, le marketing apparaissait comme une lubie de quelques farfelus. Aujourd'hui, il semble entrer dans les mœurs, acquérir « ses lettres de noblesse ». Nombre d'entreprises en effet disposent de structures et de professionnels de grande valeur (bien que la dénomination marketing ne soit pas toujours indiquée de façon formelle). C'est le cas, outre les filiales de multinationales, des entreprises nationales structurées, opérant dans les secteurs de consommation de masse. Sous l'effet de l'intensification de la concurrence, beaucoup d'efforts sont fournis pour comprendre, conquérir et conserver le consommateur. Les interventions des cabinets de conseil sont de plus en plus fréquentes et nombre de dirigeants sont conscients de l'intérêt de bénéficier d'une expérience qu'ils n'ont pas. (3)
Toutefois, chacun sait que le tissu économique est extrêmement atomisé (une infinité d'opérateurs de petite taille) et la structure patrimoniale est prédominante. (4) Dans la plupart des cas observables, l'anachronisme des comportements managériaux freine l'introduction de méthodes susceptibles réellement de changer la vision des choses. Les automatismes et procédés dépassés sont rarement remis en cause. La culture commerciale (au sens restrictif de gestion des ventes) a le dessus et le comptable occupe une place privilégiée. Les décisions (pas toujours écrites, mal communiquées) sont prises unilatéralement par le dirigeant seul.
Le marketing constitue un réel défi quant à son intégration au sein des structures existantes. Les principes qui le fondent sont ouvertement bafoués. Il est confondu avec communication, se cantonne indûment au court terme, devient une « aide » à la vente. Bien des affaires sont créées sans études de marché sérieuses. Quantité de produits sont proposés pratiquement sans égards pour les exigences du consommateur.

Absence d'une culture client
Les patrons marocains, qui en règle générale pratiquent une très forte polyvalence, restent suspicieux à l'égard du marketing. Les uns, persuadés de « bien connaître » leurs clients, ont tendance à considérer cette fonction comme un luxe ou « un centre de coût ». Les autres soutiennent que le contexte général n'est pas « approprié » (arguments invoqués : marché exigu, expression faible des besoins, consommateurs immatures ou analphabètes...). Que dire de ceux qui croient « faire du marketing » en créant un service du même nom ? La structure suffit-elle à créer la fonction ? L'insertion d'un « service marketing » semble surtout répondre à un souci de mode ou traduit seulement des intentions (rappelons-nous le cas de l'Office National Marocain du Tourisme en 1998). Le tout n'est pas de recourir à des agences de publicité, d'agrémenter le logotype, de multiplier les activités promotionnelles…
Le patronat marocain est constitué pour une part notable par des hommes d'un certain âge, préoccupés avant tout par l’immédiat. Le dirigeant-propriétaire est habitué à gérer son affaire en s'appuyant sur son flair et son intuition. Il fait appel aux leçons de l'expérience personnelle, à l'observation sporadique de la concurrence, à l'opinion des vendeurs. Un décalage culturel manifeste subsiste entre une gestion familiale et un système économique voué à s'adapter aux contraintes d'une rivalité internationale incontournable. Ne dit-on pas qu'il est parfois plus facile de déplacer des montagnes que de changer les mentalités ?
Produits défectueux ou inadéquats, service médiocre, vendeurs hautains ou même antipathiques, renseignements incomplets ou erronés, tarifs non affichés, lenteurs abusives, réclamations dédaignées : autant de sujets de mécontentement qui montrent que la quasi-totalité des entreprises ont beaucoup de progrès à faire pour accorder à la démarche marketing la place qui lui revient.
Du côté des banques – en dépit des apparences – l'approche produit reste dominante. C'est visiblement l'un des secteurs les mieux protégés, où le marketing est le moins évolué. Les phénomènes de compétition étant limités, les banques sont en position de force vis-à-vis de leurs clients (surtout les petits). (5) Des campagnes institutionnelles, coûtant des millions de dirhams, sont menées tambour battant (6) ; les promesses d'une vie plus facile se multiplient... mais le grand public prête peu d'attention, faute de se sentir réellement concerné. L'absence d'une culture client est manifeste. Le directeur d’agence, ne bénéficiant pas d'une véritable délégation, se borne à transmettre les dossiers de crédit aux responsables du siège. L'obsession du risque freine les enthousiasmes.

Les défis de la mondialisation se multiplient. Pour survivre et prospérer dans un environnement de plus en plus incertain, l'entreprise marocaine est portée irrésistiblement à surmonter l'inertie des habitudes, à s'attribuer les outils du marketing moderne, à faire évoluer son offre en permanence. Le marketing est désormais de stricte obligation. On l'adoptera, parce que la nouvelle donne l’impose.

Thami BOUHMOUCH
Mars 2013
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(1) Cf. sur ce point la thèse de A. Kouchih, Marketing et compétitivité. Essai d'analyse des comportements marketing des entreprises exportatrices de la conserve végétale, mai 2003, Faculté de Droit de Casablanca.
(2) Voir un article précédent : « Qualité satisfaction : des notions corrélatives ? », http://bouhmouch.blogspot.com/2011/06/qualite-et-satisfaction-12-des-notions_6.html
(3) Selon une estimation très approximative, 95 % de l'activité des bureaux d'études proviendrait de 5 % des entreprises.
(4) Le tissu industriel est constitué essentiellement de PME, puisque seules 1,5 % des entreprises emploient plus de 500 salariés et quelque 7 % emploient plus de 200 personnes.
(5) Cf. mon article « Secteur bancaire : le client n'est pas roi », http://bouhmouch.blogspot.com/2011/09/secteur-bancaire-le-client-nest-pas-roi.html 
(6) En 2010, rien que dans l’affichage publicitaire, Attijariwafa bank a déboursé environ 8 millions de dirhams, le groupe Banque populaire près de 6 millions et BMCE Bank quelque 4,8 millions. Cf.  http://www.telquel-online.com/archives/448/actu_economie1_448.shtml