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6 septembre 2011

GAZA : UN CRIME EFFROYABLE CONTRE L’HUMANITE



« Il est des silences complices dont le nombre fait la force, et la force la loi. Celle des majorités silencieuses qui sert de caution et d’alibi aux crimes contre l’humanité » Martin Niemöller




Les bombes à uranium appauvri, on l’a vu dans le précédent papier, constituent des armes terrifiantes de destruction massive ; elles génèrent cancers, mutations et stérilités dans les pays victimes.
A Gaza, la campagne militaire criminelle de décembre 2008, appuyée au grand jour par l’armée étasunienne, est encore dans les mémoires (voir le film poignant « Gaza-strophe »). Les hordes sionistes ne se contentent pas de déporter les Palestiniens, de détruire leurs maisons et leurs oliviers, de les enfermer dans d’énormes enclos à ciel ouvert, de voler leur eau, d’emprisonner leurs enfants de dix ans, de bombarder leurs écoles, leurs hôpitaux et leurs ambulances, de leur concocter des bains de sang à répétitions… Un étudiant et blogueur palestinien de 21 ans, vivant à Gaza, en dit ceci : « Ils [les israéliens] ont dû se dire : ils ne seront pas capables de tolérer la vie d’enfer que nous allons leur faire mener, nous allons les étouffer de tous les côtés, nous leur causerons tant de douleurs qu’ils ne tarderont pas à imploser ». (1)
Les leaders sionistes s’en lèchent les babines. Et ce Peres, connu notoirement pour sa fourberie répugnante et jouissant du ramollissement cérébral des dirigeants occidentaux... On raconte que lors de sa rencontre avec Angela Merkel, il s’est plaint (je cite de mémoire) que « les élections [législatives palestiniennes de 2006] ont conduit à un mouvement radical et dangereux et les pauvres habitants de Gaza n’ont jamais eu droit à un seul jour de démocratie »… Pour la peine, on largue les bombes, on répand le feu tous azimuts. A défaut de « démocratie », allons-y pour le nettoyage ethnique et le génocide. Résultat : 1.400 morts, en plus des infrastructures dévastées.
L’agression meurtrière appelée « Plomb durci » est qualifiée d’action « défensive ». L’idée n’est pas compliquée : éradiquer le Hamas – une organisation terroriste, cela va sans dire – c’est lutter contre l’Iran. Comme l’Europe est censée avoir peur de ce pays, elle applaudit avec ardeur et sans se faire prier. Lorsqu’on n’a rien compris au sionisme, pourquoi se garderait-on de le faire ? Pour reprendre le mot de N. Chomsky, « il n’y a que dans un pays très endoctriné que vous pouvez entendre ces choses ridicules et ne pas rire ». I. Pappé considère que l’invasion israélo-américaine de 2008 constitue déjà un génocide, que cette « catastrophe humanitaire d’envergure inimaginable », exigerait qu’Israël soit « relégué au statut d’Etat paria ». Comme le rapporte Goldstone, Chomsky considère qu’une telle agression est une manifestation indiscutable du terrorisme d’état. C’est la preuve de « l’indifférence pervertie » du tandem Israël–USA pour la vie humaine. (2)
Le massacre, en effet, est orchestré à coup de bombes à uranium appauvri et au phosphore blanc (interdites par les conventions internationales). Les médias aux ordres se sont fait un devoir de préciser qu’« Israël avait mis les Palestiniens en garde avant les bombardements ». Imaginons : un malfrat prévient un quidam qu’il sera bientôt agressé ou assassiné ; une fois la nouvelle annoncée, la voie est libre. Aucun reproche n’est ainsi possible. Et pour que chacun comprenne bien la chose, les plumitifs se sont empressés d’ajouter que « c'est le Hamas qui a rompu unilatéralement la trêve ».


C’est ici que la leçon des Nazis vient à l’esprit, comme le rapporte Alan Hart, (auteur de « Zionism, the Real Enemy of the Jews ») : « plus le mensonge est grand, plus on le répète, plus il aura de chances d’être cru dans un monde majoritairement composé de Gentils, de judéo-chrétiens ou d’occidentaux ; et cela d’autant plus si les grands médias sont terrifiés par l’idée d’offenser tant soit peu le sionisme ». (3) Vittorio Arrigoni, notons-le au passage, était le témoin objectif et éloquent des répressions et des tueries avant, pendant et après l’invasion de Gaza. On a fini par l’assassiner.
La soldatesque sioniste se venge de quoi ? La haine a divers mobiles plus ou moins conscients : la victoire du Hamas aux élections législatives en 2006 (les Palestiniens n’avaient pas voté comme il le fallait), la défaite subie la même année au Liban (par une armée pourtant « invincible »), les roquettes artisanales rares et quasi inoffensives (lancées approximativement par des civils démunis), la capture par le Hamas de ce brave soldat israélien (réclamé à cor et à cri par tous les humanistes de la planète), le courage et la ténacité héroïques des Palestiniens (le blocus n’a pas réussi à briser leur volonté de résistance) et surtout leur primauté incontestable sur la terre de Palestine.
N’avez-vous pas remarqué ? Lorsque les médias évoquent les atrocités commises contre les civils palestiniens sans défense, c’est toujours d’une façon expéditive et impassible (sans parler des mensonges). Comment expliquer ce manque flagrant de sensibilité morale et de compassion ? L’accusation d’antisémitisme brandie à tout bout de champ par les porte-paroles du sionisme est-elle à ce point paralysante ?
L’évidence surgit : tous les humains  sont égaux, mais certains moins que d’autres. « Le 11 septembre 2001, se demande P. Sacré, est-il plus insupportable que le bombardement de Gaza, l’opération Plomb Durci, au moyen d’armes génocidaires, sources de souffrances horribles, interdites par les conventions de l’ONU et utilisées sur des civils (uranium appauvri, phosphore blanc) ? Tous ces morts, ce jour-là, sur le sol étatsunien, valent-ils plus que des civils Palestiniens, des Roms ou des Somaliens ? Le 11 septembre 2001 est-il plus condamnable parce que ce sont les tours dorées du World Trade Center, symboles de l’Occidental Way of Life, qui ont été pulvérisées plutôt qu’un taudis en Cisjordanie, un village indonésien, ou une caverne en Afghanistan ? ». (4)

Voilà où l’on en est. L’ivresse de la suprématie technologique et militaire, la violence bestiale, les mensonges et l'injustice auront-elles une limite ? Le monde peut-il être autre chose qu'un espace de rivalités, de rapines et d’agressions immorales ?
Il faut bien se rendre compte : prendre sa plume pour dénoncer l’horreur est un acte pour le moins modeste en regard de personnes exceptionnelles qui font face seules aux menaces et aux agressions (Olivia Zemor), qui sont incarcérées (Bradley Manning, Julian Assange) ou qui ont fini par perdre la vie (Vittorio Arrigoni, Rachel Corrie, Stefano Chiarini). C’est un acte insignifiant sans doute face à l’hégémonie vindicative et cruelle de l’Empire, face aux puissants marchands de canons, face aux ravages occasionnés par les média-mensonges…
Mais les plumes se multiplient, les sites d’information alternative font un travail prodigieux et captent une audience de plus en plus forte. Rien n’est perdu.

Thami BOUHMOUCH
Septembre 2011
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5 septembre 2011

PHOSPHORE BLANC, BOMBES À FRAGMENTATION, URANIUM APPAUVRI ET AUTRES BABIOLES



« Nous avons amené la torture, les bombes à fragmentation, l'uranium appauvri, d'innombrables assassinats commis au hasard, la misère, la dégradation et la mort au peuple irakien » Harold Pinter




« L’opération humanitaire » en Libye,  menée tambour battant par les Etats-Unis et l’OTAN, a débouché finalement sur un désastre abominable. Le but de cette équipée guerrière, on le sait, était de faire main basse sur le pétrole et les ressources financières du pays (en plus de déstabiliser la région). Non pas que les sociétés multinationales n’aient pas eu déjà accès à l’or noir, mais il s’agissait expressément pour celles-ci de modifier les termes des contrats d’exploitation (particulièrement favorables au pays) afin de ne plus payer que des droits symboliques...
Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous : les puissances occidentales ont constamment mis la main, d’une façon ou d’une autre, depuis très longtemps, sur les ressources d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie. Les guerres sont pratiquement toujours de nature économique, en ce sens qu’elles tendent à servir les intérêts de grandes firmes bien déterminées. Un système basé sur la course au profit maximum impose littéralement aux multinationales de dominer et de piller les pays « périphériques ». Du reste, étouffés par le poids de la dette, ces pays ne peuvent opposer aucune résistance significative au pillage (c’est à cela justement qu’aboutissent les formules concoctées par le FMI et la Banque Mondiale).
Admettons donc : les multinationales sont « objectivement obligées » de s’emparer des ressources d’autrui, parce que sinon leurs rivaux ne tarderont pas à le faire. Soumises à une compétition acharnée à l’échelle du monde, elles ont besoin d’accéder aux matières premières sans restriction, d’exploiter le travail bon marché, de trouver des débouchés pour leurs capitaux et finalement de contrôler les voies stratégiques des flux commerciaux… Hélas, les forfaits commis ne se limitent pas aux richesses extorquées. Les rapines s’accompagnent toujours d’exactions et de crimes organisés. Les uns ne vont pas sans les autres ; ils sont intimement associés.

Il y a plus de deux mois au sujet de la Libye, le CRG (Center for Research on Globalisation) a révélé le recours par l'OTAN à l'uranium appauvri. (1) On ne se contentait donc pas d’envoyer les chasseurs-bombardiers sur les maisons, les hôpitaux et autres infrastructures majeures. Il fallait aussi que des bombes couplées à cette joyeuseté du génie militaire (et de la science) pleuvent par milliers sur la population libyenne. « Dans les empennages des missiles Tomahawk se trouvent des barres d’uranium appauvri de 300 kilos. Si l’on pense qu’un projectile anti-char construit avec du métal d’uranium appauvri en contient environ 30 gr. seulement, on peut imaginer la quantité de poussières d’uranium qui se répand dans l’atmosphère dans les zones d’impact… Là-dessus le silence est total ». (2)
Oui, motus et bouche cousue. Aucun officiel, aucun journaliste (des médias dominants), aucun de ces « experts » qui hantaient les talk show n’avaient fait allusion à cette pluie d’uranium appauvri, une pluie mortelle et sans pitié qui attendait les civils libyens.
Ceux qui consentent aux crimes, fournissent des raisons pour les blanchir ou prennent le parti de se taire sont, à n'en pas douter, plus abjects que les criminels eux-mêmes. Martin Niemöller, un pasteur protestant, disait (années trente) : « Car il est des silences coupables, plus assassins qu’aucune parole, qu’aucune arme peut-être. Car il est des silences complices dont le nombre fait la force, et la force la loi. Celle des majorités silencieuses qui sert de caution et d’alibi aux crimes contre l’humanité ». (3)
Une « opération humanitaire pour protéger la population civile » a-t-on dit et répété. Les maitres du monde sont habitués aux subterfuges les plus éhontés. Et les dégâts et pertes en vies humaines sont incommensurables. « Contrairement à ce que la sémantique pourrait laisser entendre, elles [les bombes à uranium appauvri] constituent des armes terrifiantes de destruction massive. Les bombes à uranium appauvri ont été utilisées pour la première fois par Israël dans la guerre du Kippour (octobre 1973) contre l’Egypte. Elles furent ensuite utilisées au Liban, par Israël, et en ex-Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan et en Libye par les USA et diverses “coalitions” occidentales. Elles furent également utilisées par Israël à Gaza (enquête de l’association ACDN). Les bombes à uranium appauvri génèrent cancers, mutations et stérilités dans ces pays-mêmes ou chez les militaires participant aux opérations. [... Elles] libèrent des isotopes dont la durée de vie est de plusieurs milliards d’années ». (4)
Les néo-colonisateurs avides et astucieux sont conduits à détruire méthodiquement les infrastructures et tout ce qui tient debout. La moindre des choses, disent-ils, serait d’avoir l’opportunité plus tard de tout reconstruire (contre espèces sonnantes et trébuchantes). Soit… mais pourquoi contaminer les terres et l’atmosphère par l’uranium appauvri ? Pourquoi utiliser des armes dont l’impact est destiné à durer dans le temps ? Pourquoi générer les cancers, les stérilités et les malformations génétiques à la naissance ? Ce n’est donc pas une simple question de rivalités commerciales, de course au profit, de pétrole, de priorité de contrats mirifiques accordée par les nouveaux satrapes ?
L’administration étasunienne (celle de Bush et celle d’Obama), qui a soutenu et couvert politiquement le recours aux formes de torture les plus cruelles (dont la privation sensorielle), utilise volontiers et vend un peu partout les bombes au phosphore blanc et les grenades antipersonnel. De la même manière qu’elle s’est opposée à la création de la Cour Criminelle Internationale, elle a refusé de signer le traité interdisant les bombes à fragmentation parrainé par l’ONU et adopté par 111 pays en mai 2008.

L’Irak, l’Afghanistan, tous les pays que l’Empire et ses vassaux ont voulu « libérer » à coups de missiles, de F-16, d’uranium appauvri et de bombes à fragmentation, sont livrés aux hécatombes, à la détresse et au chaos. Des crimes commis en toute impunité (une résolution contre l’Otan est-elle envisageable ?). En Irak, comme le relève W. Blum, « plus de la moitié de la population est soit morte, mutilée, en prison ou en exil à l’étranger... leur air, leur sol, leur eau, leur sang et leurs gênes sont imprégnés d’uranium appauvri... les enfants naissent avec d’abominables déformations... des bombes à fragmentation n’attendent qu’un enfant pour exploser... une rivière de sang coule aux côtés de l’Euphrate et du Tigre... dans un pays qui ne sera peut-être jamais reconstruit ». (5)


Dans le même sens P. Sacré écrit : « L’uranium appauvri permet d’augmenter la puissance de perforation des obus contre des cibles blindées ou des bâtiments. Soyons certains que l’Iran aura sa ration d’uranium appauvri, si la “diplomatie” échoue. Depuis le déferlement “libérateur” des hélicoptères et des tanks anglo-saxons […], les habitants de Fallujah [en Irak] ont 4,22 fois plus de risques de développer un cancer que les Egyptiens ou les Jordaniens. Cette probabilité est 12,6 fois plus grande chez les enfants de moins de 14 ans. Le risque de leucémie chez les personnes de 0 à 34 ans est 38,5 fois plus élevé. La mortalité infantile atteint des taux record : 80/1000, soit 4 fois les taux égyptien et jordanien. À partir de 2009, ce taux passe même à 136/1000 !! […] Les radiations provoquent des changements au niveau de l’ADN dont les effets se font en général sentir sur les descendants ». (6)
A cela, il faut ajouter les cinq millions d’orphelins irakiens recensés en 2008… Cinq millions ! Il faudrait combien de centres d’accueil, d’associations caritatives pour prendre en charge une telle masse d’enfants désemparés ? Une question, parmi tant d’autres, qu’il faudrait à l’occasion poser aux scélérats de la Maison Blanche et du Pentagone. Décidément, en dehors des sinistrés eux-mêmes, nul ne peut avoir idée de l’ampleur de la catastrophe. Le mal infligé dépasse les limites du mesurable et paraît irréversible. L’observateur, s’il s’attache à mettre des visages humains derrière les chiffres funestes, en vient à être bouleversé ad nauseam. Il est inconsolable à jamais.


A Gaza, lors de l’agression meurtrière appelée « Plomb durci » (décembre 2008), le massacre est également orchestré à coup de bombes à uranium appauvri et au phosphore blanc… C’est à ce crime effroyable contre l’humanité que le prochain papier est consacré.


Thami BOUHMOUCH
Septembre 2011

Publié in :




- http://no-war.over-blog.com/categorie-11347260.html  
http://www.forumdesalternatives.org/fr/phosphore-blanc-bombes-a-fragmentation-uranium-appauvri-et-autres-babioles 
http://da90.over-blog.com/article-phosphore-blanc-bombes-a-fragmentation-uranium-appauvri-et-autres-babioles-par-thami-bouhmouch-84500383.html


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3 septembre 2011

UNIVERSITE : ASSOCIER L'ENTREPRISE A LA FORMATION DISPENSEE



A l’heure actuelle, il est question plus que jamais de maitrise des coûts, d'encadrement de qualité, d'amélioration constante des performances. Les cadres d'entreprise sont appréciés non pas selon leur ancienneté ou leur propension à se soumettre, mais eu égard à leurs compétences, à leurs capacités d'initiative, à leurs dispositions à faire évoluer le système. Or ces attributs sont intimement liés au savoir-faire et à la qualification des hommes. La valeur du potentiel humain n'est-elle pas avant tout celle de la formation reçue ?
Hier encore, l'Université marocaine, après avoir été le vivier traditionnel de recrutement des cadres, s'exposait à bien des critiques. Il fallait bien se rendre compte que son efficacité n'était pas à la mesure des défis qui la guettaient. En témoigne la durée moyenne nécessaire - qui dépassait six ans - pour l'obtention d'une licence. En témoigne surtout l'énorme déperdition sans qualification après deux ou trois années d'études. Bien plus, chaque année des milliers de licenciés allaient au-devant du monde du travail. Qu'ils soient mis en difficulté dès le premier contact, pourquoi s'en étonner eu égard au hiatus entre le savoir acquis (dans des conditions souvent insatisfaisantes) et la  pratique sur le terrain ?
Jusqu’ici, j’ai utilisé volontairement le temps du passé : est-ce à dire que les mauvais souvenirs sont derrière nous ? Depuis l’année 2004-2005, à n’en pas douter, des progrès notables ont été accomplis sur la base d'une nouvelle architecture pédagogique (LMD). Malgré tout, d’aucuns disent que la grosse industrie universitaire publique produit des profils qui ne correspondent pas pleinement aux besoins des organisations. Dans quelle mesure le reproche est-il fondé aujourd’hui?

Les choses étant ce qu'elles sont, ce problème ne saurait être abordé sans un maximum de précautions. D'ores et déjà, il importe de bien comprendre que tout système éducatif est soumis à des contraintes. L'environnement évolue rapidement et la maîtrise de cette évolution n'est pas facile. Pour résoudre continuellement le problème de l'inadéquation formation-emploi il faut que l'appareil de formation ait une flexibilité interne et une capacité de réponse tout à fait prodigieuses. Peut-on d'ailleurs prédire quels seront les profils et les compétences demandés dans dix ans ?

Une évaluation et une réforme du système universitaire ont eu lieu. L'Université, qui a vocation pour former des économistes, des juristes, des géologues, des chimistes, doit aussi faire face aux besoins pressants en spécialistes de maintenance et de contrôle qualité, en commerciaux, en fiscalistes de haut niveau, besoins ressentis par le secteur privé comme par l'administration. L'idée a prévalu que les Facultés futures doivent abandonner leur monolithisme traditionnel pour prendre une structure multiforme.

C'est à cet impératif que les Licences professionnelles (bac + 3) et les Masters (bac + 5) sont destinés à répondre. Mis en chantier il y a près de trois ans, ils  visent à greffer sur les connaissances générales du lauréat un complément de formation devant aboutir aux profils recherchés. L'initiative a en vue de diversifier l'enseignement public par la proposition de filières spécialisées. Les programmes portent sur des disciplines correspondant à des besoins clairement exprimés : marketing, relation client, gestion, finance, logistique, communication, droit de l'entreprise, génie civil, biologie, topographie, etc. On notera au passage que la conformité de l'architecture pédagogique globale aux normes internationales facilite la mobilité des lauréats.

Beaucoup de choses ont changé, notamment pour ce qui est du contenu des cours, des moyens didactiques disponibles, de la formulation des sujets d’examen (faisant appel plus à la compréhension qu’à la mémorisation). Pour la première fois à l'Université les contrôles continus sont institués et les stages en entreprise font partie intégrante du cursus de formation.
Toutes les difficultés ne sont pas pour autant aplanies. Les premiers lauréats de Licence Professionnelle, au contact avec le monde professionnel, n'ont pas tardé à le savoir : nombre de leurs interlocuteurs ne faisaient pas de différence entre le nouveau diplôme et la licence "classique". Les enseignants, au même titre que les étudiants, ont bien sûr pris acte de cette anomalie. Il y a lieu maintenant (le plus tôt sera le mieux) d'organiser périodiquement une opération de communication auprès des entreprises et des formateurs d'opinion. L'objectif est de toucher un public très large par le biais d'actions médiatiques d'envergure, de former une image institutionnelle positive de la Licence professionnelle.

Cela étant, un problème délicat et inattendu semble pouvoir naître de l’introduction inaccoutumée (a priori discordante) de l’argent dans l’espace universitaire. On sait que les nouvelles filières sont souvent payantes. Or, il est manifeste que l’apport en numéraire par l’apprenant pourrait – si l’on n’y prend pas garde – entrer en contradiction avec l’objectivité et les exigences pédagogiques, peut-être à la limite entamer la sérénité des professeurs. 
C’est précisément cette dissonance que l’on peut hélas reprocher à quelques écoles privées de la place.
Il n’y a pas lieu ici de crier au loup, mais simplement d’appréhender une dégradation possible. Il est absolument hors de question que l’étudiant établisse le moindre lien entre le paiement dont il s’acquitte et le diplôme obtenu. Ce principe sine qua non vaut d’être formulé et souligné avec force.

Les étudiants se sont toujours sentis concernés au plus haut point par le débat sur la place de l'Université dans le paysage économique. Ils tendent de plus en plus à se départir de leur attitude passive. Un nouvel état d'esprit, de nouveaux comportements sont en train de prendre forme. Il est indispensable que de telles dispositions soient approuvées et stimulées.
Si l'on pose que les filières auxquelles aspirent les étudiants doivent être conçues en tenant compte des exigences du marché, il est clair que le rôle de l'universitaire demeure capital : c'est à lui qu'il revient de conceptualiser la réalité sur le terrain. Mais qui donc mieux que les entreprises peut diagnostiquer les besoins en formation et en établir le profil précis ? Les organismes patronaux et les fédérations professionnelles s'avèrent donc à coup sûr des partenaires précieux, ils peuvent contribuer à l'identification de ces besoins.


Le monde des affaires doit résolument se mettre de la partie. Nul doute qu'en restant à l'écart des systèmes de formation, les entreprises s'exposent à rencontrer des difficultés croissantes pour trouver des réponses appropriées à leurs besoins. L'attitude timorée qui consiste à accepter des stagiaires à contrecœur équivaut à se détourner de ses responsabilités économiques et sociales. Pour les étudiants, trouver un stage ressemble à une gageure. On ne s'étonnera pas de les voir se contenter de propositions à cent lieux de leur formation. Il faut en convenir : lorsqu'une entreprise confie un travail à un stagiaire, elle ne lui fait pas une faveur. Ce dernier, s'il maîtrise ses connaissances et s'il est bien orienté, peut apporter une aide fort appréciable (1).
Dans la sphère universitaire, un changement de fonds doit être opéré pour répondre aux impératifs de l'emploi, en associant le secteur privé à la formation dispensée. Il serait souhaitable d'élaborer un programme de jumelage entre l'Entreprise et l'Université, de coupler les filières efficientes avec les chambres de commerce et d'industrie.       
A cet égard, des problèmes de financement se posent avec acuité. La solution résidera sans doute dans un cofinancement engageant et l'Etat et l'Entreprise. Celle-ci est portée à s'engager sans équivoque dans des projets de formation, pas seulement en créant et en parrainant des écoles privées, mais en finançant dans les établissements publics les filières d'avenir, en prenant en charge les programmes de formation-stage, etc.
Nombre d'entreprises mettent en place des projets de mécénat, en créant des fondations qui s'occupent du patrimoine culturel, de sport ou d'arts plastiques. Curieusement, le domaine de l'enseignement demeure ignoré. Pourtant un mécénat éducatif aurait un effet bénéfique immédiat sur l'image de l'entreprise, tout en favorisant à terme une certaine adéquation formation-emploi.

T. BOUHMOUCH
Rédigé le 19/05/2011, retouché le 03/09/2011.
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(1)  Notons au passage, sans y insister, qu'un mois de stage s'avère souvent insuffisant : l'entreprise n'a pas vraiment le temps de former l'étudiant, ni de bénéficier de son regard neuf...