« Il
est des silences complices dont le nombre fait la force, et la force la loi.
Celle des majorités silencieuses qui sert de caution et d’alibi aux crimes
contre l’humanité » Martin Niemöller
Les bombes à uranium appauvri, on l’a vu
dans le précédent papier, constituent des armes terrifiantes de
destruction massive ; elles génèrent cancers, mutations et stérilités dans
les pays victimes.
A Gaza, la campagne militaire
criminelle de décembre 2008, appuyée au grand
jour par l’armée étasunienne, est encore dans
les mémoires (voir le film poignant « Gaza-strophe »). Les hordes sionistes ne se
contentent pas de déporter les Palestiniens, de détruire leurs maisons et
leurs oliviers, de les
enfermer dans d’énormes enclos à ciel ouvert, de voler leur eau, d’emprisonner
leurs enfants de dix ans, de bombarder leurs écoles,
leurs hôpitaux et leurs ambulances, de
leur concocter des bains de sang à
répétitions… Un étudiant
et blogueur palestinien de 21 ans, vivant à Gaza, en dit ceci : « Ils [les
israéliens] ont dû se dire : ils ne
seront pas capables de tolérer la vie d’enfer que nous allons leur faire mener,
nous allons les étouffer de tous les côtés, nous leur causerons tant de
douleurs qu’ils ne tarderont pas à imploser ». (1)
Les leaders sionistes s’en lèchent les babines. Et
ce Peres, connu notoirement pour sa fourberie répugnante et jouissant du
ramollissement cérébral des dirigeants occidentaux... On
raconte que lors de sa rencontre avec Angela Merkel, il s’est plaint (je
cite de mémoire) que « les élections [législatives palestiniennes de 2006] ont conduit à un mouvement radical et
dangereux et les pauvres habitants de Gaza n’ont jamais eu droit à un seul jour
de démocratie »… Pour la peine, on largue les bombes, on répand
le feu tous azimuts. A défaut de « démocratie »,
allons-y pour le nettoyage ethnique et le génocide. Résultat :
1.400 morts, en plus des infrastructures dévastées.
L’agression
meurtrière appelée « Plomb durci »
est qualifiée d’action « défensive ».
L’idée n’est pas compliquée : éradiquer le Hamas – une organisation terroriste,
cela va sans dire – c’est lutter contre l’Iran. Comme l’Europe est censée avoir
peur de ce pays, elle applaudit avec ardeur et sans se faire prier. Lorsqu’on
n’a rien compris au sionisme, pourquoi se garderait-on de le faire ? Pour
reprendre le mot de N. Chomsky, « il n’y a que dans un pays très endoctriné que vous pouvez entendre ces
choses ridicules et ne pas rire ». I. Pappé considère que l’invasion
israélo-américaine de 2008 constitue déjà un génocide, que cette « catastrophe humanitaire d’envergure
inimaginable », exigerait qu’Israël soit « relégué au statut d’Etat paria ». Comme le rapporte Goldstone, Chomsky considère qu’une telle
agression est une manifestation indiscutable du terrorisme d’état. C’est la
preuve de « l’indifférence pervertie »
du tandem Israël–USA pour la vie humaine. (2)
Le massacre, en effet,
est orchestré à
coup de bombes à uranium appauvri et au phosphore blanc (interdites par les conventions internationales). Les médias aux ordres se sont fait un devoir de préciser qu’« Israël avait mis les
Palestiniens en garde avant les bombardements ». Imaginons : un malfrat prévient un quidam qu’il
sera bientôt agressé ou assassiné ; une fois la nouvelle annoncée, la voie
est libre. Aucun reproche n’est ainsi possible. Et pour que chacun comprenne bien
la chose, les plumitifs se sont empressés d’ajouter que « c'est le Hamas qui a rompu unilatéralement
la trêve ».
C’est ici que la leçon des Nazis vient à l’esprit, comme le rapporte Alan Hart, (auteur de « Zionism, the
Real Enemy of the Jews ») : « plus le mensonge est grand, plus on le
répète, plus il aura de chances d’être cru dans un monde majoritairement
composé de Gentils, de judéo-chrétiens ou d’occidentaux ; et cela d’autant
plus si les grands médias sont terrifiés par l’idée d’offenser tant soit peu le
sionisme ». (3) Vittorio
Arrigoni, notons-le au passage, était le témoin objectif et éloquent des
répressions et des tueries avant, pendant et après l’invasion de Gaza. On a
fini par l’assassiner.
La soldatesque sioniste se venge de
quoi ? La haine a divers mobiles plus ou moins conscients : la
victoire du Hamas aux élections législatives en 2006 (les Palestiniens n’avaient
pas voté comme il le fallait), la
défaite subie la même année au
Liban (par une armée pourtant « invincible »), les roquettes artisanales rares et
quasi inoffensives (lancées approximativement par des civils démunis), la
capture par le Hamas de ce brave soldat israélien (réclamé à cor et à cri par
tous les humanistes de la planète), le courage et la ténacité héroïques des
Palestiniens (le blocus n’a pas réussi à briser leur volonté de résistance) et surtout leur primauté incontestable sur la
terre de
Palestine.
N’avez-vous
pas remarqué ? Lorsque les médias évoquent les atrocités commises contre les civils palestiniens sans défense, c’est
toujours d’une façon expéditive et impassible (sans parler des mensonges).
Comment expliquer ce manque flagrant de sensibilité morale et de
compassion ? L’accusation
d’antisémitisme brandie à tout bout de champ par les porte-paroles du sionisme
est-elle à ce point paralysante ?
L’évidence
surgit : tous les humains sont égaux, mais certains moins que d’autres. « Le 11 septembre 2001, se demande P.
Sacré, est-il plus insupportable que le
bombardement de Gaza, l’opération Plomb
Durci, au moyen d’armes génocidaires, sources de souffrances horribles,
interdites par les conventions de l’ONU et utilisées sur des civils (uranium
appauvri, phosphore blanc) ? Tous ces morts, ce jour-là, sur le sol
étatsunien, valent-ils plus que des civils Palestiniens, des Roms ou des Somaliens ?
Le 11 septembre 2001 est-il plus condamnable parce que ce sont les tours dorées
du World Trade Center, symboles de l’Occidental
Way of Life, qui ont été pulvérisées plutôt qu’un taudis en Cisjordanie,
un village indonésien, ou une caverne en Afghanistan ? ». (4)
Voilà où l’on en est. L’ivresse de la
suprématie technologique et militaire, la violence
bestiale, les mensonges et l'injustice auront-elles une limite ? Le monde
peut-il être autre chose qu'un espace de rivalités, de rapines et d’agressions
immorales ?
Il faut bien se rendre compte : prendre
sa plume pour dénoncer l’horreur est un acte pour le moins modeste en regard de personnes exceptionnelles
qui font face seules aux menaces et aux agressions (Olivia Zemor), qui sont incarcérées
(Bradley Manning, Julian Assange) ou qui ont fini par perdre la vie (Vittorio Arrigoni,
Rachel Corrie, Stefano Chiarini). C’est un acte
insignifiant sans doute face
à l’hégémonie vindicative et cruelle de l’Empire, face aux puissants marchands
de canons, face aux ravages occasionnés par les média-mensonges…
Mais les
plumes se multiplient, les sites d’information alternative font un travail
prodigieux et captent une audience de plus en plus forte. Rien n’est perdu.
Thami BOUHMOUCH
Septembre 2011
______________________________________
(1) Mohammed Rabah Suliman, http://www.legrandsoir.info/Le-siege-israelien-a-libere-la-jeunesse-de-Gaza-Electronic-Intifada.html Juin 2011.
(2) Cités par Javier Sethness, http://www.legrandsoir.info/La-crise-infligee-par-les-Sionistes-a-Gaza-Dissident-Voice.html Mars 2011.
(3) Alan Hart, http://www.alterinfo.net/Le-sionisme-demasque-un-conte-de-fees-qui-est-devenu-un-cauchemar-terrifiant_a42775.html Février 2010.
(4) Pascal Sacré, http://www.legrandsoir.info/Reflexions-a-froid-sur-le-11-septembre-2001.html Septembre 2010.
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