« Nous avons amené la torture,
les bombes à fragmentation, l'uranium appauvri, d'innombrables assassinats
commis au hasard, la misère, la dégradation et la mort au peuple irakien » Harold Pinter
« L’opération humanitaire »
en Libye, menée tambour battant par les Etats-Unis et l’OTAN, a
débouché finalement sur un désastre abominable. Le but de cette équipée guerrière, on le sait, était de faire main basse sur le
pétrole et les
ressources financières du pays (en plus de
déstabiliser la région). Non pas que les sociétés multinationales n’aient
pas eu déjà accès à l’or noir, mais il s’agissait expressément pour celles-ci de
modifier les termes des contrats
d’exploitation (particulièrement favorables au pays) afin de
ne plus payer que des droits symboliques...
Rien
de nouveau sous le soleil, me direz-vous : les puissances occidentales ont
constamment mis la main, d’une façon ou d’une autre, depuis très longtemps, sur
les ressources d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie. Les guerres sont
pratiquement toujours de nature économique, en ce sens qu’elles tendent à
servir les intérêts de grandes firmes bien déterminées. Un système basé sur la course
au profit maximum impose littéralement aux multinationales de dominer et de
piller les pays « périphériques ». Du reste, étouffés par le poids de la dette, ces pays ne peuvent opposer aucune
résistance significative au pillage (c’est à cela justement
qu’aboutissent les formules concoctées par le FMI
et la Banque Mondiale).
Admettons
donc : les multinationales sont « objectivement obligées » de s’emparer
des ressources d’autrui, parce que sinon leurs rivaux ne tarderont pas à le
faire. Soumises
à une compétition acharnée à l’échelle du monde, elles ont besoin d’accéder aux
matières premières sans restriction, d’exploiter le travail bon marché, de
trouver des débouchés pour leurs capitaux et finalement de contrôler les voies
stratégiques des flux commerciaux… Hélas, les forfaits commis ne se limitent pas aux richesses
extorquées. Les rapines s’accompagnent
toujours d’exactions et de crimes organisés. Les uns ne vont pas sans les
autres ; ils sont intimement associés.
Il y a plus de deux mois au sujet
de la Libye, le CRG (Center for Research on Globalisation) a révélé le recours
par l'OTAN à l'uranium appauvri. (1) On ne se contentait donc pas d’envoyer les chasseurs-bombardiers sur
les maisons, les hôpitaux et autres infrastructures majeures. Il fallait aussi que des bombes couplées à cette joyeuseté
du génie militaire (et de la science) pleuvent par milliers
sur la population
libyenne. « Dans les empennages des missiles Tomahawk se trouvent des barres
d’uranium appauvri de 300 kilos. Si l’on pense qu’un projectile anti-char
construit avec du métal d’uranium appauvri en contient environ 30 gr.
seulement, on peut imaginer la quantité de poussières d’uranium qui se
répand dans l’atmosphère dans les zones d’impact… Là-dessus le silence est
total ». (2)
Oui, motus et bouche cousue. Aucun officiel, aucun
journaliste (des médias dominants), aucun de ces « experts » qui hantaient
les talk show n’avaient fait allusion à cette pluie d’uranium appauvri, une
pluie mortelle et sans pitié qui attendait les civils libyens.
Ceux qui consentent aux crimes,
fournissent des raisons pour les blanchir ou prennent le parti de se taire sont, à n'en pas douter, plus abjects
que les criminels eux-mêmes. Martin Niemöller, un pasteur protestant, disait
(années trente) : « Car il est
des silences coupables, plus assassins
qu’aucune parole, qu’aucune arme peut-être. Car il est des silences complices
dont le nombre fait la force, et la force la loi. Celle des majorités
silencieuses qui sert de caution et d’alibi aux crimes contre l’humanité ».
(3)
Une « opération
humanitaire pour protéger
la population civile »
a-t-on dit et répété. Les maitres du monde sont habitués aux subterfuges les
plus éhontés. Et les dégâts et pertes en vies humaines sont incommensurables.
« Contrairement à ce que la
sémantique pourrait laisser entendre, elles [les bombes à uranium appauvri] constituent des armes terrifiantes de
destruction massive. Les bombes à uranium appauvri ont été utilisées pour la
première fois par Israël dans la guerre du Kippour (octobre 1973) contre l’Egypte.
Elles furent ensuite utilisées au Liban,
par Israël, et en ex-Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan et en Libye par les
USA et diverses “coalitions” occidentales. Elles furent également utilisées par Israël à
Gaza (enquête de l’association ACDN).
Les bombes à uranium appauvri génèrent cancers, mutations et stérilités dans
ces pays-mêmes ou chez les militaires participant aux opérations. [...
Elles] libèrent des isotopes dont la
durée de vie est de plusieurs milliards d’années ». (4)
Les néo-colonisateurs
avides et astucieux sont conduits à détruire méthodiquement les infrastructures
et tout ce qui tient debout. La moindre des choses, disent-ils, serait d’avoir
l’opportunité plus tard de tout reconstruire (contre espèces sonnantes et
trébuchantes). Soit… mais pourquoi contaminer les terres et l’atmosphère par
l’uranium appauvri ? Pourquoi utiliser des armes dont
l’impact est destiné à durer dans le temps ? Pourquoi générer les
cancers, les stérilités et les malformations génétiques à la
naissance ? Ce n’est donc pas une simple question de rivalités commerciales, de
course au profit, de pétrole, de priorité de contrats mirifiques accordée par
les nouveaux satrapes ?
L’administration étasunienne (celle de Bush et celle d’Obama),
qui a soutenu et couvert politiquement le recours aux formes de torture les
plus cruelles (dont la privation sensorielle), utilise volontiers et vend un
peu partout les bombes au phosphore blanc et les grenades antipersonnel. De la
même manière qu’elle s’est opposée à la création de la Cour Criminelle
Internationale, elle a refusé de signer le traité interdisant les bombes à fragmentation
parrainé par l’ONU et adopté par 111 pays en mai 2008.
L’Irak,
l’Afghanistan, tous les pays que l’Empire et ses vassaux ont voulu
« libérer » à coups de missiles, de F-16, d’uranium appauvri et de
bombes à fragmentation, sont livrés aux hécatombes, à la détresse et au chaos. Des crimes commis en toute impunité (une résolution contre l’Otan est-elle
envisageable ?). En Irak, comme le relève W. Blum, « plus de la moitié de la population est soit
morte, mutilée, en prison ou en exil à l’étranger... leur air, leur sol, leur
eau, leur sang et leurs gênes sont imprégnés d’uranium appauvri... les enfants
naissent avec d’abominables déformations... des bombes à fragmentation
n’attendent qu’un enfant pour exploser... une rivière de sang coule aux côtés
de l’Euphrate et du Tigre... dans un
pays qui ne sera peut-être jamais reconstruit ». (5)
Dans le même sens P. Sacré écrit : « L’uranium appauvri permet d’augmenter la puissance de perforation des obus contre des cibles blindées ou des bâtiments. Soyons certains que l’Iran aura sa ration d’uranium appauvri, si la “diplomatie” échoue. Depuis le déferlement “libérateur” des hélicoptères et des tanks anglo-saxons […], les habitants de Fallujah [en Irak] ont 4,22 fois plus de risques de développer un cancer que les Egyptiens ou les Jordaniens. Cette probabilité est 12,6 fois plus grande chez les enfants de moins de 14 ans. Le risque de leucémie chez les personnes de 0 à 34 ans est 38,5 fois plus élevé. La mortalité infantile atteint des taux record : 80/1000, soit 4 fois les taux égyptien et jordanien. À partir de 2009, ce taux passe même à 136/1000 !! […] Les radiations provoquent des changements au niveau de l’ADN dont les effets se font en général sentir sur les descendants ». (6)
A cela, il faut ajouter les
cinq millions d’orphelins irakiens recensés en 2008… Cinq millions ! Il
faudrait combien de centres d’accueil, d’associations caritatives pour prendre
en charge une telle masse d’enfants désemparés ? Une question, parmi tant
d’autres, qu’il faudrait à l’occasion poser aux scélérats de la Maison Blanche
et du Pentagone. Décidément, en dehors des sinistrés eux-mêmes, nul ne peut
avoir idée de l’ampleur de la catastrophe. Le mal infligé dépasse les limites du mesurable et paraît irréversible. L’observateur, s’il s’attache à mettre des visages humains derrière les
chiffres funestes, en
vient à être bouleversé ad nauseam. Il est inconsolable à jamais.
A Gaza, lors
de l’agression meurtrière appelée « Plomb durci » (décembre 2008), le massacre est également orchestré à coup de bombes à uranium appauvri et au
phosphore blanc… C’est à ce crime effroyable contre
l’humanité que le prochain papier est consacré.
Thami BOUHMOUCH
Septembre 2011
Publié in :
Septembre 2011
Publié in :
- http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/article-thami-bouhmouch-phosphore-blanc-bombes
- http://no-war.over-blog.com/categorie-11347260.html
- http://www.forumdesalternatives.org/fr/phosphore-blanc-bombes-a-fragmentation-uranium-appauvri-et-autres-babioles
- http://da90.over-blog.com/article-phosphore-blanc-bombes-a-fragmentation-uranium-appauvri-et-autres-babioles-par-thami-bouhmouch-84500383.html
- http://www.forumdesalternatives.org/fr/phosphore-blanc-bombes-a-fragmentation-uranium-appauvri-et-autres-babioles
- http://da90.over-blog.com/article-phosphore-blanc-bombes-a-fragmentation-uranium-appauvri-et-autres-babioles-par-thami-bouhmouch-84500383.html
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(1) Cf. http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va& ;aid=23885 Juin 2011.
(2) Pascal Sacré, http://www.michelcollon.info/La-Belgique-part-en-guerre-sans.html Juillet 2011.
(4) Dominique Guillet, http://www.legrandsoir.info/Fukushima-2012-Contamination-radioactive-de-la-chaine-alimentaire-planetaire.html Mai 2011.
(5) William Blum, http://www.legrandsoir.info/N-oublions-pas-a-quoi-ressemble-une-intervention-humanitaire.html Mai 2011. Je souligne.
(6) Pascal Sacré, http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=SAC20100924&articleId=21175 Septembre 2010.
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