« Toute vérité traverse trois étapes. D’abord,
elle est ridiculisée. Ensuite, elle se heurte à une opposition violente. Et
enfin, elle est acceptée comme une évidence » Arthur
Schopenhauer
En ces temps de pensée unique, de propagande et de lavage de cerveau, des intellectuels moralement libres montent au créneau pour dénoncer les crimes de l’Etat juif et pester contre la lâcheté ambiante. Ils sont déterminés et de plus en plus nombreux… mais rien ne semble y faire. Comment un Etat, une armée peuvent-ils commettre autant de forfaits, infliger autant de souffrances à des civils démunis, pendant autant de décennies, sans que les puissances de ce monde et les instances internationales (ONU, CPI) ne se résolvent à y mettre le holà ? Comment l’entité judéo-sioniste s’est-elle «débrouillée» pour s’arroger le privilège insolite d’être au-dessus de la légalité ?
La queue du chien
Il y a deux conceptions d’apparence antinomiques :
L’une
part du postulat selon lequel l’administration étasunienne ne fait pas le poids
devant les ténors du sionisme. Ce seraient donc eux qui donneraient les
directives à suivre et ainsi décideraient du sort du monde. Il est alors
question de réseaux de soutien tentaculaires et de nababs sionistes exerçant une influence
irrésistible à la fois sur les présidents étasuniens et sur les sociétés
multinationales. Cette conception, largement connue, ne semble pas faire l’unanimité : « Y a-t-il un autre exemple, dans l’histoire
de l’humanité, d’une superpuissance de 310 millions d’habitants complètement
inféodée à un petit pays insignifiant d’au plus sept millions et demi
d’individus se chamaillant pour quelques kilomètres de terres
semi-arides ? Est-il concevable qu’un pays pesant à peine 206 milliards de
dollars de PIB annuel puisse contrôler et diriger une superpuissance qui aligne
14.510 milliards de PIB annuel ? ». (1)
A priori, le doute est possible, surtout si l’on pense à la
fameuse interrogation d’U. Avnery : « Est-ce le chien qui remue la queue ou la queue qui remue le
chien ? ». (2)
L’autre conception se
fonde sur l’idée que l’Etat hébreu ne serait qu’une tête de pont destinée à maintenir
une tension constante au Proche-Orient et asservir ses populations. D’aucuns
l’assimilent à une sorte de «base
militaire»,
à une «colonie de peuplement et d’exploitation» implantée
au cœur du monde arabe. On a été jusqu’à le qualifier de «quasi cinquante-et-unième État de l’Union». De
là, le projet judéo-sioniste n’est jamais qu’une variante régionale du projet
impérialiste étasunien. C’est sous cet angle que doit être appréhendée l’aide financière et
militaire accordée
par Washington – une aide faramineuse, sans laquelle les crimes contre les Palestiniens ne
seraient pas possibles. Selon S. Amin, « cet Etat
surarmé [Israël], à l’avant-garde des
technologies de pointe, morceau avancé d’Occident au Proche-Orient, dépensant
60% de son PIB à l’armée, c’est l’Etat rêvé pour les dirigeants occidentaux qui
ne souhaitent pas un Israël vivant en paix avec les Palestiniens sur la base du
droit international. L’Etat d’Israël joue aujourd’hui un rôle-clé pour
l’Occident permettant le contrôle du Proche-Orient et des ressources pétrolières ».
(3)
Certes,
l’explication par le poids du lobby israélien ne suffit pas, mais ne doit pas
pour autant être écartée. Il ne convient pas non plus de négliger l’approche
par l’implantation d’un Etat factice en tant qu’instrument et symbole de
l’hégémonie au Proche-Orient (depuis H. Truman). A mon sens, si l’influence du mouvement
sioniste est opérante au plus haut point, c’est parce qu’elle est perçue et accueillie favorablement, parce qu’elle
s’accorde avec les intérêts bien compris de l’Occident. En somme, la
politique de Washington concernant la Palestine s’avère être l’œuvre du Pentagone et des
affairistes de l’armement autant que et
parallèlement à celle des officines sionistes. A cela il faut s’empresser d’ajouter le
rôle joué par les chrétiens sionistes dans la prééminence accordée
historiquement à Israël dans le champ politique officiel des Etats-Unis.
Un
pharisaïsme stupéfiant
Pourquoi les lobbyistes pro-Israël, les propagandistes et autres défenseurs à la solde du sionisme (y compris l’ONU) se bousculent-ils au portillon ? C’est parce que l’Etat juif, fier de son Mossad et son armée de tueurs, de ses engins de destruction massive, de ses Apaches, ses drones «futés» et ses sous-marins nucléaires, a d’autres tours dans son sac. Les chefs sionistes en effet se sont appuyés très tôt sur la fourberie et les subterfuges permanents. Ils inventent sans relâche les échappatoires et les esquives. Farder la vérité est une arme redoutable, autant sinon plus que l’arsenal sophistiqué et démesuré dont ils disposent.
Pourquoi les lobbyistes pro-Israël, les propagandistes et autres défenseurs à la solde du sionisme (y compris l’ONU) se bousculent-ils au portillon ? C’est parce que l’Etat juif, fier de son Mossad et son armée de tueurs, de ses engins de destruction massive, de ses Apaches, ses drones «futés» et ses sous-marins nucléaires, a d’autres tours dans son sac. Les chefs sionistes en effet se sont appuyés très tôt sur la fourberie et les subterfuges permanents. Ils inventent sans relâche les échappatoires et les esquives. Farder la vérité est une arme redoutable, autant sinon plus que l’arsenal sophistiqué et démesuré dont ils disposent.
Le fait vaut d’être souligné : un
pharisaïsme d’un genre extraordinaire caractérise le judéo-sionisme ; c’est une armature essentielle du
mouvement et en même temps le signe annonciateur de sa mort. Selon Alan Hart, en effet, « ce pharisaïsme a été décrit par Y. Harkabi,
ancien directeur des renseignements militaires israéliens, comme "le plus
grand danger réel" pour l’État juif ». (4)
La
réalité du sionisme est «médiamensongée» à un point jamais atteint dans
l’histoire. Il y a une combine que les spoliateurs israéliens manient de main
de maître (et qu’ils ont inculquée à leurs acolytes étasuniens) : plus l’artifice, le mensonge,
l’hypocrisie sont gros, plus ils sont gobés d’une traite par l’opinion mondiale.
Les attrape-nigauds du genre «lutte
contre le terrorisme», «danger
islamiste», «Israël,
état démocratique», «menace
de destruction d'Israël» font
partie depuis belle lurette de la boite à outils du parfait sioniste. C’est un
langage éculé, mille fois répété, martelé ad nauseam, mais il a le mérite de
bien fonctionner. La rhétorique sioniste
est à l’origine de tout un assortiment de diversions mielleuses et de mensonges
savamment échafaudés. La charge d’hypocrisie est virulente et flagrante,
un véritable affront à la raison. « Le
bon sens, note B. Gratton, reste
l’ennemi numéro 1 des mensonges sionistes. Avec le bon sens, l’absurdité de
certaines histoires saute aux yeux, il peut s’agir d’impossibilité technique
flagrante, d’absence totale de preuves, de coïncidences plus que curieuses, de
diabolisation excessive et injustifiable » (5)
Des brigades d’hasbaristes (propagandistes) bien
entraînés sont à l’œuvre un peu partout, même là où on les attend le moins.
Wikipedia, par exemple, infiltrée par une escouade de juifs sionistes, n’arrête
pas de fabriquer les contrevérités les plus invraisemblables. Vous voulez un
exemple ? Composez les mots Nakba
Palestine et vous découvrirez ce
que la dissimilation et la manipulation veulent dire. On ment à propos du mouvement
Hamas («ces Islamistes qui ne veulent pas la Paix»), d’Hugo Chavez («despote, populiste»),
d’Ahmadinejad («le terrible dictateur religieux antisémite») et de
Nasrallah («un terroriste soutenu par la
Syrie et l’Iran»), comme on l’a fait à propos de Saddam Hussein.
Les médias, bien entendu, suivent tête baissée.
Les leaders israéliens ont le toupet
de clamer que l’Iran ne doit pas développer des capacités nucléaires alors que chacun sait qu’ils disposent depuis
longtemps d’un arsenal militaire colossal (sans parler des armes chimiques et
biologiques). C’est d’ailleurs grâce à cet armement qu’Israël, 6ème
puissance mondiale dans ce domaine,
tient en otage tous les peuples de la région.
Les boniments sur le «futur Etat palestinien», sur
la distinction entre colonies «légales»
et colonies «irrégulières» ou «sauvages» ont déjà trop duré. I. Pappé montre à quel point le discours
peut être désinvolte et pince-sans-rire : « les sionistes ont appris que le colonialisme n’était pas populaire,
alors ils l’ont traduit différemment, ils ont trouvé le mot "settlement" [implantation], qui signifie quelque chose d’autre en
anglais ; et ils ont trouvé cette réponse : "Oui, c’est
coloniser, mais ce n’est pas comme coloniser, c’est une chose
différente". L’État pour les Palestiniens, c’est deux Bantoustans,
divisé par douze en Cisjordanie et clôturé comme un camp de concentration à
Gaza, qui n’a pas de connexion entre les deux, et qui a une petite municipalité
à Ramallah que l’on appellera gouvernement ; voilà l’État ». (6)
Les «accords» signés sont systématiquement foulés aux pieds. La boutade de Ben Gourion à
ce propos est très éloquente : « Si j'étais un
leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C'est
normal, nous avons pris leur pays » (cité par Nahum Goldmann dans «Le
paradoxe juif», 1976). La bravade est proférée sur un ton
plein de morgue et de dérision.
Les israéliens croient
dur comme fer, qu’à la longue, ils arriveront à effacer définitivement le «problème palestinien» – notamment, en affirmant et en répétant que le peuple
palestinien n’existe pas et n’a jamais existé. Pour le démontrer, rien n’est
plus facile : leurs livres scolaires expliquent insidieusement qu’à
l’époque des Ottomans, des populations venues «d’ailleurs» et peu nombreuses
«ont été installées» dans la région. Des générations d’écoliers ont été
abreuvées ainsi, puis lâchées sur les Palestiniens. Comme le relève P. Stambul,
« la colonisation sioniste et la création
de l’Etat d’Israël se sont accompagnées d’un négationnisme total (j’emploie
intentionnellement ce mot qui est très chargé symboliquement dans l’Histoire
juive) vis-à-vis des Palestiniens. Il
s’agit de justifier a posteriori un des mensonges fondateurs, l’idée de la "une terre sans peuple
pour un peuple sans terre". On y ajoute contre toute vraisemblance quelques énormités comme
l’idée que les Juifs auraient toujours vécu en "Eretz Israël" ou qu’ils sont majoritaires à Jérusalem depuis les années 1800 ». (7)
Je ne sais pas comment
c’est arrivé, mais un membre du gang sioniste a bien voulu avouer le vol, il y
a plus de quarante ans : « Des villages juifs furent construits à
la place des villages arabes. […] Il n’y a pas un seul endroit construit dans
ce pays qui n’ait pas eu une ancienne population arabe ». (8) L’idée du «retour des juifs en
Israël» n’est qu’une imposture. Notons, sans y
insister, que pour les religieux non sionistes, l'État juif de l'Antiquité « a été détruit par
Dieu ». De plus, le père du sionisme, T. Herzl, voulait un
état pour les juifs, mais peu lui importait qu'il fût à Madagascar, en Ouganda,
en Argentine ou en Judée-Samarie.
Le
projet sioniste, vieux de plus d’un siècle, s’est
toujours fondé sur les artifices et la duperie pour réécrire l’Histoire…
C'est le point qui sera abordé dans le prochain article [2/2].
Thami BOUHMOUCH
Septembre 2011
Publié in :
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(1) Robert BIBEAU, http://www.robertbibeau.ca/palestine/edito5122010.html Décembre 2010.
(2) Uri
AVNERY, http://www.france-palestine.org/article3547.html Avril 2006.
(3) Samir AMIN, http://www.michelcollon.info/2011-le-printemps-arabe.html Mai 2011.
(4) Alan HART, http://www.alterinfo.net/Le-sionisme-demasque-un-conte-de-fees-qui-est-devenu-un-cauchemar-terrifiant_a42775.html Février 2010.
(6) Cité par
Chems Eddine CHITOUR, http://www.legrandsoir.info/LA-NEKBA-AN-63-Le-desespoir-au-quotidien.html Mai
2011
(7) Pierre STAMBUL, http://la-feuille-de-chou.fr/archives/18517 Février 2011.
(8) Moshe Dayan, ministre de la Guerre, adressé à The
Technion Haifa, rapporté par Ha’aretz, 4 avril 1969.
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