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8 décembre 2020

VANDALISME EURO-ATLANTIQUE : LE TEMPS DES RACKETS

 

Série : Politique internationale

 


Au Moyen-Orient, comme en Afrique et en Amérique latine, les dirigeants occidentaux va-t-en-guerre s’autorisent à faire et défaire les gouvernements au gré de leurs intérêts. Considérons le cas d’un pays qui s’avise de faire obstacle – de n’importe quelle manière – à cette arrogance hégémonique. D’emblée et avant de le soumettre par le fer et le feu, il est affublé de l’étiquette "supporter du terrorisme". Ensuite, on lui applique une recette qui a fait ses preuves : financer tout mouvement local hostile au pouvoir et le magnifier grâce aux médias aux ordres ; recruter, armer et entrainer des mercenaires extrémistes exogènes, les étiqueter "rebelles" ou "combattants de la liberté" ; lors d’une manifestation, faire tirer par des snipers payés à la fois sur la foule et sur les forces de l’ordre (en espérant que celles-ci ouvriront le feu sur les manifestants) ; condamner solennellement le recours à la répression et livrer l’instance dirigeante à la vindicte populaire ; bombarder les villes sans retenue en affirmant qu’il s’agit de protéger la population. Déjà le pays victime est quasiment sans défense contre les bombardements aériens… « Logiquement, le pouvoir en place tombe à plus ou moins court terme, le chaos s’installe pour de longues années, vous avez atteint votre objectif : vous n’avez plus de pouvoir fort face à vous, vous pouvez piller sans vergogne les richesses du pays, il vous suffira d’entretenir les conflits internes (ethniques, religieux…) en organisant un attentat suicide de temps en temps ». (1)

Des concepts et un discours ont été échafaudés pour instaurer une cécité mentale à une grande échelle. Les Etats-Unis et leurs vassaux européens seraient ainsi "l’Axe du Bien" et tout ce qui est dirigé contre eux est désigné par le vocable "terrorisme". Nul besoin d’être grand clerc pour comprendre que tout est mis sciemment à l’envers. Les terroristes véritables ne sont nullement ceux qui sont montrés du doigt par les média-mensonges et auxquels les masses recourent spontanément. La France n’a-t-elle pas commis des actes terroristes au Rwanda ? Les Etasuniens ne financent-ils pas directement des groupes de mercenaires semant la terreur en Colombie, au Nicaragua et au Salvador depuis près de 30 ans ? Comment qualifier les attaques à l’uranium appauvri perpétrées à Gaza par l’armée sioniste et applaudies par l’Occident ? Que dire de la guerre au Kosovo menée en 1999 de façon infondée par l’OTAN ? Que dire de la dévastation insoutenable en Irak et en Libye, des crimes effroyables commis en Afghanistan, en Syrie et au Yémen ? Combien de destructions et de victimes sans défense sont imputables aux bombardiers partis de Londres, de Paris, d’Allemagne ou des porte-avions américains ?


On ne fait pas la guerre à une nation pour des prunes. Michel Collon disait à juste titre : "Si vous voulez savoir où se dérouleront les prochains épisodes de la fameuse guerre contre le terrorisme, cherchez sur la carte le pétrole, l’uranium et le coltan, et vous aurez trouvé". (2) A cela il faut ajouter les opportunités lucratives engendrées par les destructions. Seules les puissances assaillantes qui ont pris part à l’agression sont fondées à partager le butin. Rien n’est plus logique. Par exemple, la France qui n’avait pas participé à l’invasion de l’Irak (2003) a été privée de contrats pour la reconstruction. En revanche, les bombardements effectués en Côte d’Ivoire (2011), qui ont causé beaucoup de destructions, ont offert opportunément de nouveaux marchés à son industrie. Il s’agit d’une sorte de commerce par le terrorisme.

Ce qu'on appelle la "communauté internationale" n’a en Afrique que des intérêts, pour lesquels elle ne recule devant aucun crime. On sait que l’organisation militaire Africom a été mise en place par les Etats-Unis et ses vassaux européens afin de contrôler les richesses du continent. Son but est d’empêcher que l’Afrique s’oriente vers l’indépendance et n’ait des partenaires comme la Chine, le Brésil et la Russie. Au Mali et au Niger, les forces françaises sont en guerre, non pas pour les raisons grotesques avancées, mais bien pour sauvegarder les intérêts de la France dans la région du Sahel, en particulier les sources d’uranium. C’est une guerre contre les patriotes maliens et nigériens qui ont essayé de mettre fin à la corruption et considèrent que les richesses naturelles doivent profiter aux populations locales et permettre de faire reculer la pauvreté. En Côte d’Ivoire, la France est intervenue militairement au mépris des droits humains et de la légalité internationale. Un déluge de feu s'est abattu sur les masses civiles. Des vies innocentes brisées, anéanties afin d’assurer le pouvoir de l’agent-collabo parachuté, pour l'argent et les honneurs destinés à une poignée de marionnettes, pour les intérêts bien compris des nouveaux colons.

Comme la France, depuis sarkozy notamment, est devenue le sous-fifre de l’entité sioniste, son armée a commis un peu partout des crimes de guerre et des actes de terrorisme international, tuant des civils, hommes, femmes et enfants par dizaines de milliers. En Syrie, les bandes terroristes venues de l’étranger, appelées ironiquement "rebelles" ou "révolutionnaires", sont composées de tueurs expérimentés et de prisonniers de droit commun libérés à dessein. C’est ainsi que la brigade terroriste d'Abou-bakr Saddiq a eu pour consigne de kidnapper et d’égorger des gens contre une somme d'argent. La plupart des membres de la pseudo "Armée Syrienne Libre", de l’aveu même de l’un d’eux, "ne sont que des bandits et des pilleurs. Ils ne [se privent] pas de dérober tout ce qu’ils veulent, des appartements, des voitures, en taxant leurs possesseurs d’être des chabbihas du régime". (3) Ils sont regardés comme une force d’appoint dont le rôle est de faire illusion, de donner une "couleur locale", de servir d’alibi à une intervention extérieure réitérée.


La manœuvre cynique des Etasuniens et de l'OTAN en Libye, qui consistait à "ne pas dire ce que l'on fait et ne pas faire ce que l'on dit", est manifestement celle qui a été choisie pour la Syrie. Les groupes terroristes sont armés et entrainés par l’Empire et ses acolytes européens, payés par les princes dociles du Golfe. Du côté français, la DGSE leur a assuré la formation et le soutien au plan des transmissions et de l’artillerie (mortiers, missiles antichars et canons de 105 mm). La CIA a opéré pendant longtemps dans le sud de la Turquie où elle était activement impliquée dans l’acheminement d’armes aux terroristes opérant en Syrie. Les impérialistes américains agissent en fonction de leurs intérêts 
et font payer les autres pour leurs agressions criminelles.

En matière de terrorisme et d’hostilité meurtrière, la Belgique n’est pas en reste. Rappelons-nous l’aveu stupéfiant fait en 2002 par G. Soete, le belge qui a coupé en petits morceaux le corps de Patrice Lumumba, leader martyr congolais assassiné en 1961 : "J’ai découpé et dissous dans l’acide le corps de Lumumba. En pleine nuit africaine, nous, avons commencé par nous saouler pour avoir du courage. On a écarté les corps. Le plus dur fut de les découper en morceaux, à la tronçonneuse, avant d’y verser de l’acide. Il n’en restait presque plus rien, seules quelques dents. Et l’odeur ! Je me suis lavé trois fois et je me sentais toujours sale comme un barbare". (4) Ce psychopathe sanguinaire, dit-on, conserve toujours un doigt, une dent (empaillés) et l’Alliance de la victime.

 

Thami BOUHMOUCH

Décembre 2020

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(1) Rebellium.info, Petit manuel de déstabilisation d’un pays en état de résistance http://www.rebellium.info/2013/02/ 

(2) Michel Collon, Comprendre la guerre en Libye https://blogs.mediapart.fr/danyves/blog/220515/comprendre-la-guerre-en-libye-23-michel-collon

(3) Cité in : l’ASL grouille de bandits http://archive.almanar.com.lb/french/article.php?id=10488

(4) Cité in : J’ai découpé Lumumba  https://lesoldatdupeuple.over-blog.com/tag/temoignages%20historiques/24 


20 novembre 2020

ETATS-UNIS : UNE INFAMIE MARQUEE AU FER ROUGE

 

Série : Politique internationale

 




La vie des gens dans nombre de pays est largement régie et affectée par des acteurs internationaux suffisants, cyniques et malveillants, qui détiennent un pouvoir colossal visant à perpétuer le monde injuste qu’ils ont œuvré à créer. Les peuples occidentaux sont séparés hermétiquement du reste du monde. Ils sont soumis à un matraquage médiatique et ignorent tout des forfaits et malheurs qui ont lieu hors de leur sphère. 

Les Etats-Unis (les plus gros consommateurs de drogues) incarnent en premier lieu et dans une large mesure cette profonde ignominie. Au sein même du pays, les citoyens afro-américains et amérindiens vivent une situation sociale alarmante, sont victimes toujours et au quotidien de discriminations effarantes. A ce titre, Noam Chomsky écrit : « Les Etats-Unis ont été un pays très raciste pendant toute leur histoire et pas seulement à l’encontre des Noirs. C’est une société de colons. Le colonialisme de peuplement c’est ce qu’il y a de pire comme impérialisme, le genre le plus sauvage parce qu’il requiert l’élimination de la population indigène. Ce n’est pas sans relation, je crois, avec le soutien automatique des Etats-Unis à Israël, qui est aussi une société coloniale ». (1)

Immédiatement après la chute du mur de Berlin, les Etasuniens ont conçu une nouvelle stratégie. Le message principal fût le suivant : rien ne va changer… sauf les prétextes. Ils ont clamé leur besoin impérieux d’une force militaire gigantesque, bien que la menace russe ait cessé d’exister. Par la suite, le monde s’est accoutumé à les voir parader tous azimuts, emplis de morgue, la main sur la crosse du revolver. Ils se mêlent de tout, flagornant les uns, menaçant les autres. Ils ne sont pas estimés… et ils le savent. Regardez leurs ambassades et consulats : le summum de la paranoïa et des lubies tyranniques est allègrement atteint. Des barricades grotesques en ciment enjambent les trottoirs, débordent même sur la chaussée, exaspèrent les passants.

La doctrine qui sous-tend la politique étasunienne est une doctrine mafieuse selon laquelle toute opposition même timide aux desseins géopolitiques de l’Empire, où qu’elle soit, doit être réprimée par un usage extrême de la force. Washington a ainsi créé le plus puissant appareil militaire jamais vu dans l’histoire : l’Otan. Son but est tout simplement de se substituer à l’ONU. A n’en pas douter, la militarisation démesurée du monde rend l’avenir de l’humanité de plus en plus périlleux. Les Etats-Unis engagent 36% du total des dépenses militaires globales évaluées en 2018 à 1822 milliards de dollars. Ils détiendront pour longtemps encore le premier budget militaire du monde. (2)


Pour comprendre pourquoi certaines contrées sont continuellement en conflit, cherchons quelle partie a intérêt à ce que cette situation perdure. Qui dit conflit dit besoins d’armes. Et les armes, il faut bien qu’un intervenant quelque part les produise. Cet intervenant se trouve par-dessus tout aux Etats-Unis. Ce pays est le plus gros vendeur d’armes de par le monde. En 2019, sa part du commerce de la mort et de la destruction représentait près de 36 %... (3) Et que faire si la demande d’armes se mettait à diminuer ? C’est simple : Washington provoque ou envenime les antagonismes ici ou là afin de liquider ses invendus. « Il nous reste des missiles et des F-35 ? Ok, trouvez-moi un prétexte quelconque dans ces bleds là-bas, on fera de la place ! ». D’une pierre deux coups : on fera tourner les usines d’armes et on massacrera plein de gens qu’on abomine en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Yémen, en Libye, etc. Pourquoi un "accord de normalisation" entre les Émirats et l’entité sioniste (août 2020) ? « Il s'agit de permettre aux fabricants d'armes d'élargir leur clientèle. En marge de l'accord tripartite entre Israël, les EAU et les États-Unis, ces deux derniers pays ont conclu un accord en vertu duquel les États-Unis vendront des avions de chasse F-35 américains de cinquième génération à l'État du Golfe à un prix minimum de 77,9 millions de dollars l’unité ». (4)

Les Etats-Unis mènent une politique impérialiste au profit de l’industrie de l’armement, des compagnies pétrolières et grandes banques… Considérés partout dans le monde comme un grand pays terroriste, ils ont perpétré plus d’offensives militaires que n’importe quel autre Etat de la planète. Les présidents successifs ont tous été ouvertement pour une suprématie étasunienne inexorable sur le monde. Ils ont tous été en faveur du droit d'intervention avec pertes et fracas, de l’établissement de centaines de bases militaires dans tous les coins. Statistiquement, il y a assurément plus de risques d’être attaqué un jour par ce pays que par la Russie, la Chine ou l’Iran. Les Etasuniens sont fiers de leur NASA et ses missions spectaculaires, mais cela ne peut occulter les atrocités commises. La véritable prouesse pour l’humanité serait de cesser les complots criminels et les bombardements sauvages, d’insuffler un peu d’humilité à ces fanfarons militaires qui croient qu’ils ont le droit de faire partout ce qu’ils veulent, à qui ils veulent, aussi longtemps qu’ils le veulent…

L. Vanoost est fondé à écrire que les Etats-Unis sont « un pays réactionnaire saturé de fanatiques ignares ». C’est le pays par excellence où les élections sont privatisées de facto, où les candidats se retrouvent littéralement soumis aux électeurs sionistes (juifs et évangélistes). Un candidat pourvu d’une expérience d’à peine deux ans au niveau national peut malgré cela devenir président. Ce qui rappelle la réflexion de C. Sheehan : « Il était une fois, dans l’Empire du Mal, un homme extrêmement stupide et méchant appelé G.W. Bush qui fût élevé au rang de dirigeant suprême du pays. Il avait été un étudiant plus que médiocre et avait échoué dans toutes ses tentatives de gestion d’entreprises et se révéla un désastre sans nom au poste de gouverneur d’une des provinces lointaines de l’Empire appelée le Texas… ». (5) En 2008, après ce règne funeste, l’Empire a trouvé son sauveur : Barack Obama… et subitement le souvenir des extravagances et malheurs des dernières huit années s’est effacé des mémoires, bien que les séquelles aient été toujours visibles.


L’arme de la dette
permet de conquérir et d’asservir nombre de nations. Le FMI, dominé par le département du Trésor des États-Unis, s’adonne au racket des pays pauvres, fabrique la misère. Il nuit manifestement à l’Afrique. Là, quand ce n’est pas l’ambassade américaine, c’est cette institution malveillante qui décide… John Perkins, un économiste repenti, explique comment, pour le compte des Etats-Unis, il était amené à escroquer des pays en leur prêtant plus d'argent qu'ils ne pouvaient rembourser. Étouffés par un système trafiqué, ces pays ne pouvaient plus offrir de résistance au pillage des multinationales US. (6) On comprend qu’il soit vital d’empêcher l’Afrique de s’unir, de s’émanciper, de se défaire des rapports de subordination.

Dans le monde arabe, le phénomène de phagocytage et l’influence destructrice des Etats-Unis sont sans précédent. Pour Washington, l’Arabie Saoudite est une véritable mine d’or et en même temps un excellent instrument au service de leurs plans guerriers. Les Saoudiens sont heureux d’apprendre qu’ils battent tous les records d’achats d’armes américaines. Les contrats de vente très juteux renforcent leurs capacités militaires, leur permettant d’intervenir au Yémen et de contrecarrer l’action de l’Iran dans la région… Mais, si le vent tourne, les satrapes mis en place peuvent-ils compter sur leurs maitres étasuniens ? Au besoin, ils sont destitués sans état d’âme. Lorsqu’ils sont politiquement discrédités et/ou ne servent pas assez les intérêts de leurs protecteurs, ils sont remplacés par des marionnettes enrôlées dans les rangs même de l'opposition. Saddam Hussein, Ben Ali et Moubarak, jadis maintenus en selle par les Yankees et soumis à leurs intérêts, croyaient sincèrement être traités en amis. Une méprise fatale : l’Empire n’a pas d’amis, il n’a que des laquais. Hilary Clinton, à la veille de la fuite de Ben Ali, avait prévenu sur un ton plein de morgue (je cite de mémoire) : « aucun dirigeant [arabe] ne doit se sentir couvert par le gouvernement américain ». C’est sans doute ce que n’a pas compris aujourd’hui l’apprenti sorcier Guaido au Venezuella.

Qui pourra, de bonne foi, ignorer la nature prédatrice et criminelle des dirigeants de Washington-Paris-Londres ? Karl Marx disait : « Le Capital a horreur de l’absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le Capital devient hardi. A 20%, il devient enthousiaste. A 50%, il est téméraire ; à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines et à 300%, il ne recule devant aucun crime ». (7) Les Etats-Unis ont fait le choix répété de trahir les principes humains les plus élémentaires en privilégiant leurs intérêts économiques et stratégiques. Lorsqu’ils ont envahi l’Irak ou l’Afghanistan c’était pour y apporter "la stabilité" – un terme de leur jargon qui signifie soumission impérieuse à leur volonté. A l’opposé, si l’Iran essaye d’accroître son influence dans son voisinage, son action est "déstabilisante". « Cette doctrine, comme tant d’autres, est élaborée dans les universités. Un commentateur libéral, James Chase, a même pu dire sans crainte du ridicule que les Etats-Unis devaient déstabiliser le Chili d’Allende pour apporter la stabilité – c’est-à-dire la soumission aux Etats-Unis ». (8) Nous avons d’innombrables exemples obscènes de la perte de contrôle moral de ce pays. S. McChrystal, ex Commandant des forces armées étasuniennes en Afghanistan a un jour fait cet aveu (étant certain de l’impunité absolue) : « Nous avons tiré sur un nombre considérable de personnes et en avons tué beaucoup, et pour autant que je sache, aucune de ces victimes ne représentait une menace établie pour nos forces ». (9)


La cheville ouvrière des conspirations, coups d’État et tentatives de putsch en Amérique latine est toujours l’ambassadeur étasunien. Plusieurs pays ont dû subir des tentatives de coups d’État : la Bolivie en 2008, le Honduras en 2009, l’Équateur en 2010, le Venezuela en 2002, 2019 et 2020. En Bolivie, victime de tant de putschs militaires, Evo Morales a un jour été prévenu par un compatriote : « Président Evo, vous devez vous méfier de l’ambassade des Etats-Unis. Il y a toujours eu des coups d’État en Amérique latine. Le seul endroit où il n’y a pas eu de coups d’État, c’est aux Etats-Unis, parce qu’il n’y a pas d’ambassade étasunienne ». (10)

Malgré tous leurs méfaits, les Etasuniens veulent croire qu’ils personnifient le Bien. Dans leurs manuels scolaires, ils ne se gênent pas le moins du monde de le souligner : « Les Etats-Unis ont été une sorte d’Armée du Salut pour le reste du monde : tout au long de l’histoire, ce pays n’a fait qu’aider les pays pauvres, ignorants et malades... Les Etats-Unis ont toujours agi avec désintéressement, toujours au nom de grands principes ; ils ont toujours donné et jamais pris ». (11) A cette idée de la bienfaisance sui generis, Barak Obama avait, en 2011, concocté un récit amusant : « Un de nos avions a eu des ratés en survolant la Libye. Or, quand un de nos aviateurs a sauté en parachute, dans un pays dont le dirigeant a si souvent satanisé les Etats-Unis, dans une région qui a eu des relations si difficiles avec notre pays, cet Etasunien n’a pas rencontré d’ennemis, au contraire, il a été accueilli par les gens à bras ouverts ». (12)

Les officiels étasuniens peuvent-ils raisonnablement croire ce qu’ils racontent ? Ils semblent plutôt avoir une croyance illimitée en la jobardise de leurs concitoyens. En mars 1953 déjà, le Président Eisenhower s’interrogeait innocemment : « Pourquoi ne réussissons-nous pas à nous faire aimer dans ces bleds perdus au lieu de nous faire haïr ? ». (13) Près de soixante-dix ans après, cette question énigmatique est plus que jamais d’actualité… Les atrocités et injustices infligées aux nations du monde, dans le passé et le présent, sont incommensurables. Un problème que W. Blum a formulé avec force : « Si j’étais président, je présenterais mes excuses à toutes les veuves, aux orphelins, aux personnes torturées, à celles tombées dans la misère, aux millions d’autres victimes de l’impérialisme américain. Ensuite, j’annoncerais aux quatre coins du monde que les interventions américaines dans le monde sont définitivement terminées, et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51e État des États-Unis mais dorénavant – chose curieuse à dire – un pays étranger. Et puis, je réduirais le budget militaire d’au moins 90 %, utilisant le surplus à payer des réparations aux victimes… Voilà ce que je ferais les trois premiers jours. Le quatrième jour, je serais assassiné ». (14)

Thami BOUHMOUCH

Novembre 2020

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(1) Noam Chomsky, La sauvagerie de l’impérialisme états-unien, Le grand soir, décembre 2010. https://www.legrandsoir.info/Chomsky-la-sauvagerie-de-l-imperialisme-etats-unien.html

(2) Cf. Le Monde du 29 avril 2019, https://www.lemonde.fr/international/article/2019/04/29/les-depenses-mondiales-d-armement-approchent-des-2-000-milliards-de-dollars_5456047_3210.html 

(3) Cf. Les Echos du 9 mars 2020, https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/les-ventes-darmes-augmentent-encore-dans-le-monde-1183166

(4) Sahar Vardi, Les vrais gagnants de l'accord israélo-américain ? Les marchands d'armes. ISM France, octobre 2020. http://www.ism-france.org/analyses/Les-vrais-gagnants-de-l-accord-israelo-americain-Les-marchands-d-armes-article-21256

(5) Cindy Sheehan, Il était une fois dans l’Empire du Mal, février 2011. http://www.legrandsoir.info/Il-etait-une-fois-dans-l-Empire-du-Mal.html 

(6) Cf. J.Perkins, Confessions d'un assassin financier. http://www.dailymotion.com/video/xe9n2b_confessions-d-un-assassin-financier_news

(7) Voir Le Prisme, Représenter le Capital. https://www.le-prisme.fr/2017/10/l-31-representer-le-capital.html  

(8) Noam Chomsky, La sauvagerie de l’impérialisme états-unien, op. cit.

(9) Cité in : Il est temps de voir les États-Unis tels qu’ils sont, Le grand soir, 3 décembre 2016https://www.legrandsoir.info/il-est-temps-de-voir-les-etats-unis-tels-qu-ils-sont-daily-beast.html

(10) Fidel Castro, Le discours d’Evo, 24 novembre 2010  http://www.fidelcastro.cu/fr/articulos/le-discours-devo

(11) Cité par William Blum, Mediapart, 3 juillet 2018. https://blogs.mediapart.fr/pizzicalaluna/blog/030718/amerique-latine-pizzi-pourquoi-fuient-ils-par-william-blum

(12) Cité par Fidel Castro, Réflexions, 31 mars 2011. http://www.cuba.cu/gobierno/reflexiones/2011/fra/f310311f.html

(13) Cité in : Imperial hubris, 21 août 2011. http://bouhmouch.blogspot.com/2011/08/imperial-hubris-12-une-derive-morale.html

(14) William Blum, L’Etat voyou, 3 juillet 2011.  http://www.legrandsoir.info/l-etat-voyou.html

5 octobre 2020

 Clients internes : le nécessaire épanouissement des individualités 


Série : Marketing



Dans le monde des affaires, l'aptitude à l'innovation est plus que jamais le maitre-mot. L’innovation récurrente est la seule manière de pouvoir satisfaire un marché aux attentes sans cesse renouvelées. L'entreprise, aussi faibles que puissent être ses coûts de production, ne peut subsister si elle ne satisfait pas à cette obligation. Ce n'est que si elle devient un bouillon d'innovation et de créativité qu'elle pourrait faire face aux défis et menaces. 
A y regarder de près, cet impératif n'appelle pas de réponses strictement techniques. La capacité d'innover n’émane pas machinalement d’un acquis de procédés et de savoirs, ne se décrète pas ; elle procède d'un état d'esprit. C’est un tel état d'esprit qu’il s’agit de susciter et d’encourager. Le groupe doit être en mesure de rompre avec les pesanteurs de la routine, d'introduire des idées nouvelles et de les mettre rapidement en application. Dans une organisation, il n'y a pas d'employés inutiles. Du côté des cadres, il est ainsi nécessaire de bannir le phénomène de l’exclusive, du mépris catégoriel, du confinement dans la tour d’ivoire.

Le changement est une action sur les structures et une action sur les hommes. Ces deux types d'action doivent être associés dans le même processus stratégique. Une convergence entre les deux est nécessaire. De là l'apparition de nouvelles règles du jeu. On ne peut assurément faire fonctionner une entreprise par diktat. Le changement doit être accepté par tous les membres du groupe. Ceux-ci se donneront au travail s'ils sont convaincus, impliqués, motivés. Il faut faire avec toutes les personnes concernées, par contre ou en dehors. Il s’agit de valoriser les compétences individuelles et collectives, de passer d'une culture d'efforts à une culture de résultats. Les collaborateurs doivent pouvoir tirer parti des occasions favorables qui se présentent, réagir efficacement aux opportunités et menaces issus de l'environnement. Ils doivent pour cela faire preuve de flexibilité, c'est-à-dire être apte à modifier en peu de temps leur orientation et leur fonctionnement. Un bouleversement des structures et procédés, toutefois, peut être un danger : les acteurs embarqués dans un maelström d’incertitudes peuvent s’alarmer en perdant leurs repères traditionnels.

D’un autre côté, l’employé n'est jamais seul. D'autres que lui ont également des rôles à jouer, des objectifs à atteindre. Les membres du groupe sont en interaction et cherchent à agir en fonction du pouvoir dont ils disposent. Une structure, à un moment donné, n'est que la cristallisation d'un équilibre de pouvoir temporaire. Elle réussira si elle est acceptée par suffisamment d’intervenants et permet à chacun d'être satisfait. L'entreprise est une coalition d’individus ayant des intérêts et le désir de les préserver. Diriger une organisation consiste alors à dégager un compromis possible entre des aspirations contradictoires. L’approche théorique conventionnelle ne peut être utilisée de façon efficiente. Lorsqu'un patron illettré gère un personnel non qualifié, selon un modèle autoritaire, le système fonctionne. Lorsqu'un dirigeant diplômé cherche à gérer un personnel non qualifié suivant un modèle managérial moderne, il y a conflit entre deux visions antinomiques.


Il n'y a pas d'organisation, ni d'acteur sans pouvoir. Le cadre dirigeant, par son savoir-faire, son expérience, sa provision d'informations, ses contacts avec l'extérieur ou simplement par sa connaissance des règles, peut chercher à avoir la haute main sur son entourage, à le subordonner. Le changement que l'on essaie d'apporter à un système implique une transformation du dispositif de pouvoir. Il se trouve toujours en conflit avec le pouvoir existant. Toute action de changement qui n'a donc pas pour base une connaissance suffisante du système sur lequel on veut agir et sur une appréciation raisonnable des principes et régulations régissant ce système provoque immanquablement des réactions de défense. L’organisation s'adapte par une série d'ajustements progressifs. Pour éviter les dysfonctionnements, la connaissance scrupuleuse des forces en jeu permet d'amorcer la mobilisation des ressources et capacités des acteurs.

Ce n'est qu'en accomplissant au mieux les tâches qui lui sont assignées que l’employé peut atteindre ses objectifs personnels. Il dépend de l’organisation… et vice versa ! A terme, un certain équilibre s'instaure dans la relation entre l’un et l’autre. Le système repose sur la coopération nécessaire de tous les collaborateurs impliqués… Il est regardé comme un ensemble de mécanismes assurant la coordination d'activités différentes exécutées en son sein. Les hommes constituent la communauté où l'entreprise puise ses forces. Les meilleures idées de produits nouveaux et les stratégies les plus compétitives sont sans effet si elles ne sont pas mises en œuvre par des individus conscients de leur implication et responsabilité.


A n’en pas douter, le développement personnel et l’équilibre moral des cadres est primordial. Ceux-ci ont besoin de confiance, pas de remontrances ou d'avertissements. L’idéal est de faire de l'organisation un endroit où la dignité de chacun est respectée, où on est content de venir travailler. Pour reprendre une réflexion bien connue, une ambiance propice à la concorde commence au parking de la société : si une pancarte porte la mention "place réservée au directeur général", c'est qu'il s'agit d'un management obsolète.
De plus, il y a danger à voir l’organisation comme un ensemble de rouages préconçus. La compétence professionnelle ne suffit pas. Outre les impératifs de la technique et la gestion, l'humain se retrouve dans chaque projet. L’écoute interne (ou veille sociale) traduit la volonté de construire l'entreprise par et autour de l'élément humain. C'est une écoute permanente des aspirations et des états d'âme des acteurs sur lesquels reposent foncièrement les actions envisagées. L’épanouissement social et émotionnel, le savoir-être sont une partie importante de l'identité commune. C'est la foi qui vous donne envie de fournir le maximum d'efforts. Le système des valeurs interne prend toute son importance.

L'entreprise, en conséquence, est pourvue d’une culture parce qu'elle produit ses propres représentations et perceptions de la réalité. Elle se présente comme un ensemble cohérent de codes et de significations que tout partenaire doit adopter pour être intégré. Mais une telle culture ne prend forme et ne se déploie que si deux conditions sont remplies. Non seulement la hiérarchie doit faire l’effort d’accepter l'erreur, elle se doit de favoriser la responsabilité non le fonctionnariat, éviter à tout prix l'enlisement bureaucratique. On sait que les structures les moins pesantes sont les meilleures, des structures qui limitent l'inertie et les délais de réponse.

Ne perdons pas de vue enfin que le milieu culturel d'appartenance influe nécessairement sur la culture d'entreprise. En Afrique, l'entreprise ne saurait être appréhendée sans sa dimension affective. Le sentiment d'appartenance communautaire explique le rôle joué par la famille élargie, la portée de l'âge en tant que symbole de la sagesse et de l'autorité, la position du patron, considéré comme un chef de village ou de clan, etc. Les liens de solidarité, les besoins de relations et d'amitié passent généralement avant le besoin d'accomplissement individuel. Au Japon, le respect des supérieurs, la discipline stricte, l'accomplissement de soi par le travail sont des valeurs essentielles. Vouloir escalader trop rapidement l'échelle sociale est mal vu. Il s’agit d’être patient et persévérant… Le champ de référence culturel influe ainsi sur la manière dont les individus s'insèrent dans la structure et vivent leurs relations de travail. Il exerce une action directe sur la dynamique interne de l'entreprise, sur l'action collective de ses membres, sur leur perception de l'organisation elle-même.

Thami BOUHMOUCH

Octobre 2020


12 septembre 2020

Les droits de l’animal aux côtés des droits de l'homme

 

Série : Société et culture

 


L’humanité est entrée à maints égards dans une ère de barbarie. Les animaux, domestiques ou sauvages, sont souvent traités comme des choses ; aucun calvaire n’est épargné à ces êtres sensibles au nom de la supériorité de l'homme. Suivant le cas, ils sont délaissés, malmenés, enfermés, affamés, abandonnés, battus, terrorisés ou tués. Ils sont aussi sacrifiés au nom des traditions (foie gras en France), mutilés, massacrés pour leurs peaux ou fourrures. Ils font parfois l’objet d’un véritable carnage (dauphins, baleines, phoques, loups…).

 

Zootechnie sordide et abattages infâmes                

Les animaux subissent les systèmes d’élevage dans des conditions désastreuses. Ils sont privés du minimum vital, de lumière et de liberté de mouvement dans des cages et enclos ; ils sont transportés sur de longues distances sans eau ni nourriture, ni air suffisants ; ils sont surexploités commercialement (veaux privés du lait de leur mère, poussins broyés vivants). Pourquoi faut-il que les lapins et cochons soient enfermés dans des cages métalliques exigües, que les poulets boitent par excès de poids, que les vaches soient souillées d’excréments dans un réduit bétonné ? L’impératif de produire plus de lait ou de viande conduit à des expérimentations infâmes. Les divers procédés de zootechnie transforment physiquement les animaux de façon de plus en plus intense. Des mixtures alimentaires les rendent plus gros, plus lourds, plus productifs, aux dépens de leur santé. Aujourd’hui, par rapport à 1950, les vaches produisent sensiblement quatre fois plus de lait, les poulets grossissent quatre fois plus rapidement. Les répercussions physiques de l’exigence acharnée de surproductivité sont bien visibles : épuisement de l’organisme, déficiences pulmonaires, inflammations de la peau, boitillements, mutilations, crasse alarmante, etc.

Le sort des vaches laitières – sélectionnées pour produire toujours plus, inséminées à répétition – est absolument ignominieux. Mais qu’advient-il des veaux, ces sous-produits de l’industrie laitière, qu'on fait naître pour s’accaparer le lait de leurs mères ? En Europe, ils sont enlevés quelques heures après leur naissance. Choqués et terrifiés, ils sont ensuite castrés et ébourgeonnés (cautérisation des cornes naissantes) sans anesthésie. Ils sont volontairement anémiés par une alimentation pauvre en fer afin que leur viande soit d’une couleur rose pâle appréciée par les consommateurs. Aux Etats-Unis, dans un élevage du Nebraska tenu par un fournisseur de lait du groupe Bels Brand (La Vache qui rit…), des milliers de veaux sont parqués dans des cases individuelles et laissés à la merci des intempéries, parfois jusqu'à en mourir. Ces épreuves sont symptomatiques d’un système implacable qui réduit les animaux à des machines à produire.


Les méthodes utilisées dans l'élevage intensif sont ouvertement cruelles. En France, des dizaines de millions d'animaux sont obligés de passer toute leur vie dans des cages surpeuplées. Il en est ainsi des lapins, des cailles et des poules pondeuses. Les canards et les oies sont en plus soumis au gavage forcé afin de produire du foie gras. Les truies allaitent leurs petits dans des cages tellement exigües qu'elles ne peuvent même pas se retourner pendant des semaines… Peut-être qu’au souci immodéré de rentabilité faut-il adjoindre le plaisir de faire/voir souffrir des êtres qui ne peuvent se défendre ?

Aujourd’hui, face à la pandémie de COVID-19, nous devons changer notre système de production agricole et alimentaire, à commencer par mettre un terme à l'élevage intensif. Les risques sanitaires qui y sont liés sont assez graves pour ne pas s’alarmer. Confinement, promiscuité, densité : les conditions d’élevage industriel favorisent l’apparition et la propagation de bactéries et de virus. Le système qui nous permet de produire des protéines animales fait ainsi souffrir les animaux tout en menaçant notre santé…

Au final, les animaux d’élevage, au bout de leur vie miteuse, font face à une mise à mort cruelle. Dans les abattoirs industriels, les conditions d’abattage sont infâmes. Les employés, armés de divers instruments métalliques, sont loin de comprendre que les animaux qui leur sont livrés sont des êtres conscients et sensibles.

On parle très souvent de l’étourdissement comme d’une méthode garantissant le confort absolu, un procédé qui suspendrait la sensibilité du corps. Rien n’est plus faux : le terme désigne souvent le fait de tirer à bout portant dans le crâne de l’animal ou de l’assommer avec une barre métallique afin de se simplifier le travail. En France, les cochons gazés systématiquement au CO2 endurent une longue et douloureuse asphyxie. Des vidéos réalisées en secret, difficilement soutenables, montrent que cette méthode d’étourdissement est un véritable calvaire pour l’animal, suscitant des convulsions, une détresse respiratoire intense et des réactions de fuite… La bête, asphyxiée ou dégoulinant de sang et encore en vie, est suspendue par une patte à un crochet, puis un employé vient planter son couteau dans la chair. L’animal continue ainsi sa "promenade" sur le rail, parfois se tortillant tellement de douleur qu’il se décroche de son crochet et finit son agonie au sol…

 

Martyres pour distraire la foule


Quand ils ne sont pas tués avec cruauté dans les abattoirs, les animaux sont utilisés pour divers spectacles et festivités. Tous les ans en Espagne, des milliers de taureaux sont torturés avec du feu. De 2 à 5 boules de feux très lourdes sont placées sur leurs cornes ; de ces boules jaillissent des flammes, mais aussi des feux d’artifice. Pour que l’affolement soit maximal, on n‘hésite pas à incorporer un énorme collier de cloches. Souvent, ils sont une douzaine d’animaux épouvantés à courir dans les rues ou sur les places. Le feu les effraie, produit des brûlures sur le corps et dans les yeux. Les terribles brames montrent leur douleur physique et leur stress psychologique…

L’Espagne est en tête de peloton en termes de cruauté animale. Ce pays regorge de fêtes régionales barbares, visant à torturer et tuer toutes sortes d'animaux. Tous les ans, il se rend complice d'actes de cruauté extrêmes envers les chiens : suspendus par le cou pour provoquer une douleur et une agonie visibles, ces animaux sont ensuite brûlés vifs. Les chasseurs, dit-on, croient que plus les chiens souffrent, plus la saison de chasse sera réussie. 

Il en est de même au Pérou, comme dans ces villages où des chiens terrifiés sont attachés sur le dos des taureaux et introduits ainsi dans l’arène de tauromachie, là où ils sont vicieusement tués. Ces actes abominables sont toujours fondés sur des motifs religieux ; ils banalisent la barbarie et insensibilisent spécialement les jeunes qui fréquentent ces festivités ou les regardent à la télévision. Comme ces festivités sont généralement financées par les mairies, on ne peut s’attendre à ce qu’elles soient interdites.

Il semble que les animaux brutalisés soient des boucs émissaires chargés symboliquement des maux socio-économiques ; leur infliger tortures et mutilation, permettrait à la société de "se purifier". Au-delà de ces réjouissances ponctuelles, les corridas sont organisées toute l'année. Il y a même des écoles de tauromachie où les enfants s'entrainent sur des veaux pour apprendre à torturer et donner la mort. De même, les Galgos (lévriers espagnols) sont massacrés et mutilés toute l'année en toute impunité par les galgueros (chasseurs espagnols), etc. A St Martin d'Ardèche dans le sud de la France, des amusements moyenâgeux sont commis régulièrement pour distraire les touristes au détriment des animaux. Des vachettes ou taurillons sont projetés sans ménagement dans une arène. Là, au milieu d'un vacarme épouvantable, ils sont poursuivis par des hurluberlus. Affolés, stressés, ils courent autour de la piste et cherchent en vain une issue pour s'enfuir.

Ce sont aussi les milliers d'animaux emprisonnés et battus pour des divertissements dans des parcs d’attraction, des zoos, des cirques, des courses de lévriers Le parc de Mont Mosan en Belgique organise des "spectacles" de perroquets, de chiens et d'otaries. Il détient également des manchots, des wallabys, des ouistitis dans de petits enclos appelés "Mini zoo". L'argent y est roi au détriment du bien-être de l’animal. On oblige les perroquets à faire du vélo et du skateboard, les otaries à tracter une petite barque avec des enfants à bord, à sauter après une balle, à faire des bisous, etc. On voudrait faire croire aux enfants réjouis que l’animal aime ce qu’il subit… Comment peut-on piétiner le bien-être animal sans le moindre remord ou compassion, comment de tels agissements peuvent-ils encore se produire au sein de l’UE ?

Au pays des Yankees, un rodéo sans violence et sans souffrances n’est pas concevable ! Les animaux-victimes subissent la douleur et l'angoisse. Une sangle trop serrée et des éperons aux pieds du cow-boy servent à exaspérer le cheval et le blesser, pour le pousser à se débarrasser de son cavalier. Sous la selle, on prend soin de placer un objet dur pouvant meurtrir le dos de l’animal. L'épreuve au lasso n’est pas moins éprouvante : le veau terrorisé court jusqu'à 40 km/h et est subitement stoppé par une corde raide qui lui sert le cou, puis il est renversé sauvagement et ligoté par les pattes… Les chocs électriques sont aussi pratiqués au départ de la stalle. L’animal électrocuté sort violemment des starting-gates pour se soustraire à la douleur provoquée… Notons que ces actes de barbarie sont récompensés par des prix !

Il y a enfin les cétacés : ces êtres intelligents, conscients d’eux-mêmes et vivant au sein de structures sociales très évoluées. En captivité, il est avéré qu’ils souffrent d’importants problèmes de santé et de bien-être. Aucun delphinarium, quelle que soit sa taille, ne pourra jamais satisfaire les besoins physiologiques, psychologiques et sociaux  de ces mammifères hautement cognitifs. De plus, comme ces bassins n’ont jamais permis la réhabilitation de dauphins dans la nature, ils n’influent en rien sur la préservation de cette espèce.

 

Supplices et tueries dans les laboratoires et safaris

Aux Etats-Unis comme en Europe, des milliers d'animaux sont torturés dans les laboratoires lors d’expérimentations douteuses La quasi-totalité des marques de cigarettes testent leurs produits sur des animaux. Des chiens, rongeurs, ou singes sont contraints de fumer de 6 à 10 heures par jour, 5 à 7 jours par semaine. Parfois, pendant 5 années consécutives… jusqu’à ce que mort s’en suive. Comment faire pour forcer ces êtres innocents à fumer autant ? C’est simple : on les immobilise dans une cage exigüe, on fixe un tuyau à leur gueule, puis on envoie de la fumée dans leurs bronches en continu. L’utilité de cette abomination : aucune. Ce que dit la loi sur ce point : rien.


S’agissant des safaris en Afrique, on connait bien les photos postées triomphalement sur le web : des crapules écervelées posent fusil en main devant des cadavres de lions, de crocodiles ou d'hippopotames, entre autres bêtes sauvages. Qui a pu fournir les permis de tuer ces animaux innocents ? On se doit de chercher d’abord parmi les dirigeants africains pour mettre à nu cette histoire macabre qui déshonore l'humanité. Il faudra remonter le réseau criminel, établir la chaîne des coresponsabilités directes ou indirectes tour-opérateurs, compagnies aériennes, fournisseurs d'armes, agents de l’Etat, responsables de parcs nationaux...

Quant à la chasse d’animaux en captivité ou chasse en enclos ou safari de campagne, on a affaire à de véritables crimes organisés. Très peu connue, cette activité n’est pas anodine puisque, dans la seule France, elle concerne environ 1.300 parcs et enclos, détenant au total 50.000 à 100.000 animaux, notamment des cerfs, chevreuils, mouflons, daims. Il s’agit d’une activité commerciale : les propriétaires font payer à des chasseurs le droit de venir tuer des animaux. Ces derniers n'ont aucune issue pour échapper à une mort certaine et meurent dans des souffrances abominables…


L’humain décidément aime se vautrer dans la barbarie la plus exécrable ! Pour du jambon, le cochon hurle de terreur à l'abattoir. Pour du fromage, la vache meugle de douleur, à la recherche du petit nouveau-né déjà loin d'elle. Pour des œufs, la poule déplumée se meurt dans une cage si petite qu'elle ne peut pas bouger et le poussin mâle est broyé vivant. Pour du foie gras, le canard gavé jusqu'à la maladie ne peut plus respirer, jusqu'à éclatement des organes. Pour amuser les enfants, l’ours est obligé de faire le clown, l’otarie de jouer à l’acrobate. Comme le disait Gandhi, "C'est à la manière dont elle traite ses animaux qu'on reconnaît la grandeur d'une nation". 

Il est scientifiquement reconnu que les animaux sont des êtres sensibles et doués de raison… qui peuvent souffrir. Ils sont chez eux sur cette planète et il faut qu'ils aient des droits. Ils ont d’urgence besoin de lois qui les protègent, qui leur permettent d'être respectés. Les droits des animaux ont tout à fait leur place aux côtés des droits de l'homme. Des voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer la création d’un tribunal apte à juger et condamner rapidement les bourreaux d'animauxIl est nécessaire de mettre ce problème au rang des enjeux prioritaires. Les maltraitances doivent cesser au nom du respect de l'autre, au nom de la simple humanité.


Thami BOUHMOUCH

Septembre 2020