Série : Marketing
Dans le monde des affaires, l'aptitude à l'innovation est plus que jamais le maitre-mot. L’innovation récurrente est la seule manière de pouvoir satisfaire un marché aux attentes sans cesse renouvelées. L'entreprise, aussi faibles que puissent être ses coûts de production, ne peut subsister si elle ne satisfait pas à cette obligation. Ce n'est que si elle devient un bouillon d'innovation et de créativité qu'elle pourrait faire face aux défis et menaces.
Le changement est une action sur les structures et
une action sur les hommes. Ces deux types d'action doivent être
associés dans le même processus stratégique. Une convergence entre les deux est
nécessaire. De là l'apparition de nouvelles règles du jeu. On ne peut assurément
faire fonctionner une entreprise par diktat. Le changement doit être accepté
par tous les membres du groupe. Ceux-ci se donneront au travail s'ils sont convaincus,
impliqués, motivés. Il faut faire avec toutes les personnes
concernées, par contre ou en dehors. Il s’agit de valoriser les compétences
individuelles et collectives, de passer d'une culture d'efforts à une culture
de résultats. Les collaborateurs doivent pouvoir tirer parti des occasions
favorables qui se présentent, réagir efficacement aux opportunités et menaces
issus de l'environnement. Ils doivent pour cela faire preuve de flexibilité,
c'est-à-dire être apte à modifier en peu de temps leur orientation et leur
fonctionnement. Un bouleversement des structures et procédés, toutefois, peut
être un danger : les acteurs embarqués dans un maelström d’incertitudes peuvent
s’alarmer en perdant leurs repères traditionnels.
D’un autre côté, l’employé n'est jamais seul. D'autres
que lui ont également des rôles à jouer, des objectifs à atteindre. Les membres
du groupe sont en interaction et cherchent à agir en fonction du pouvoir dont
ils disposent. Une structure, à un moment donné, n'est que la cristallisation d'un
équilibre de pouvoir temporaire. Elle réussira si elle est acceptée par
suffisamment d’intervenants et permet à chacun d'être satisfait. L'entreprise
est une coalition d’individus ayant des intérêts et le désir de les préserver.
Diriger une organisation consiste alors à dégager un compromis possible
entre des aspirations contradictoires. L’approche théorique conventionnelle ne
peut être utilisée de façon efficiente. Lorsqu'un patron illettré gère un
personnel non qualifié, selon un modèle autoritaire, le système fonctionne.
Lorsqu'un dirigeant diplômé cherche à gérer un personnel non qualifié suivant un
modèle managérial moderne, il y a conflit entre deux visions
antinomiques.
Il n'y a pas d'organisation, ni d'acteur sans pouvoir. Le cadre dirigeant, par son savoir-faire, son expérience, sa provision d'informations, ses contacts avec l'extérieur ou simplement par sa connaissance des règles, peut chercher à avoir la haute main sur son entourage, à le subordonner. Le changement que l'on essaie d'apporter à un système implique une transformation du dispositif de pouvoir. Il se trouve toujours en conflit avec le pouvoir existant. Toute action de changement qui n'a donc pas pour base une connaissance suffisante du système sur lequel on veut agir et sur une appréciation raisonnable des principes et régulations régissant ce système provoque immanquablement des réactions de défense. L’organisation s'adapte par une série d'ajustements progressifs. Pour éviter les dysfonctionnements, la connaissance scrupuleuse des forces en jeu permet d'amorcer la mobilisation des ressources et capacités des acteurs.
Ce n'est qu'en accomplissant au mieux les tâches qui lui
sont assignées que l’employé peut atteindre ses objectifs personnels. Il dépend
de l’organisation… et vice versa ! A terme, un certain équilibre
s'instaure dans la relation entre l’un et l’autre. Le système repose sur la coopération
nécessaire de tous les collaborateurs impliqués… Il est regardé comme un ensemble
de mécanismes assurant la coordination d'activités différentes
exécutées en son sein. Les hommes constituent la communauté où l'entreprise
puise ses forces. Les meilleures idées de produits nouveaux et les stratégies les
plus compétitives sont sans effet si elles ne sont pas mises en œuvre par des
individus conscients de leur implication et responsabilité.
A n’en pas douter, le développement personnel et l’équilibre moral des cadres est primordial. Ceux-ci ont besoin de confiance, pas de remontrances ou d'avertissements. L’idéal est de faire de l'organisation un endroit où la dignité de chacun est respectée, où on est content de venir travailler. Pour reprendre une réflexion bien connue, une ambiance propice à la concorde commence au parking de la société : si une pancarte porte la mention "place réservée au directeur général", c'est qu'il s'agit d'un management obsolète.
L'entreprise, en conséquence, est pourvue d’une culture
parce qu'elle produit ses propres représentations et perceptions de la réalité.
Elle se présente comme un ensemble cohérent de codes et de significations que
tout partenaire doit adopter pour être intégré. Mais une telle culture ne prend
forme et ne se déploie que si deux conditions sont remplies. Non seulement la
hiérarchie doit faire l’effort d’accepter l'erreur, elle se doit de favoriser
la responsabilité non le fonctionnariat, éviter à tout prix l'enlisement
bureaucratique. On sait que les structures les moins pesantes sont les
meilleures, des structures qui limitent l'inertie et les délais de réponse.
Ne perdons pas de vue enfin que le milieu culturel
d'appartenance influe nécessairement sur la culture d'entreprise.
En Afrique, l'entreprise ne saurait être appréhendée sans sa dimension
affective. Le sentiment d'appartenance communautaire explique le rôle joué par
la famille élargie, la portée de l'âge en tant que symbole de la sagesse et de
l'autorité, la position du patron, considéré comme un chef de village ou de
clan, etc. Les liens de solidarité, les besoins de relations et d'amitié
passent généralement avant le besoin d'accomplissement individuel. Au Japon, le
respect des supérieurs, la discipline stricte, l'accomplissement de soi par le
travail sont des valeurs essentielles. Vouloir escalader trop rapidement l'échelle
sociale est mal vu. Il s’agit d’être patient et persévérant… Le champ de
référence culturel influe ainsi sur la manière dont les individus s'insèrent
dans la structure et vivent leurs relations de travail. Il exerce une action
directe sur la dynamique interne de l'entreprise, sur l'action collective de
ses membres, sur leur perception de l'organisation elle-même.
Thami BOUHMOUCH
Octobre 2020
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