Le projet sioniste, on l’a dit, s’est
toujours fondé sur les artifices et la duperie pour réécrire l’Histoire.
Parfois le maquillage aboutit à des absurdités. G.
Atzmon, au sujet de l’incendie qui a ravagé le Mont Carmel en décembre 2010,
rappelle un fait révélateur : depuis les années 1930, le Fond National
Juif ou KKL (Keren Kayemet Le Israel) a œuvré pour planter des arbres en
Palestine au fur et à mesure qu’il dépossédait les autochtones de leurs terres.
« Arrachant les oliviers, le KKL a
planté principalement des pins, pour effacer toute trace des villages
palestiniens rasés et pour affirmer, en plein Proche-Orient, que le projet
sioniste était d’essence occidentale. "Il fallait que nos paysages
ressemblent à la Suisse", résume Gilad Atzmon. Sauf que dans une région où il peut faire 31°C à l’ombre un 2 décembre,
comme c’était le cas hier à Haïfa, même la "Suisse" peut brûler ». (1)
Une autre combine est utilisée à très grande
vitesse : le fait accompli sur le terrain. Sharon, le chef
sanguinaire, le disait bien en 1998 : « Chacun doit bouger, courir
et s'emparer d'autant de collines qu'il est possible pour agrandir les
colonies, parce que tout ce que l'on prendra maintenant restera à nous… Tout ce
que nous ne prendrons pas leur restera ». (2) On sait au moins à qui on a affaire et à
quoi s’en tenir. Désormais, la confiscation/annexion des terres
palestiniennes n’est plus rampante ; elle se veut accélérée et
irréversible. Plus de 500.000 colons sont installés à Jérusalem-Est et en
Cisjordanie, dont une multitude d’illuminés de l’extrême droite religieuse,
pour qui « Dieu a donné cette terre
aux Juifs ».
Observez
les leaders occidentaux : le
sionisme a fini par les avilir à un point stupéfiant. Ils se
gardent de condamner l’agression contre la flottille humanitaire turque pour
Gaza, les prêches haineux du rabbin Ovadia Yossef et ceux du rabbin Meir Kahane
(appelant à tuer les Arabes), la publication de la «Torah du Roi» incitant à la violence raciale. Ils ne voient aucun
inconvénient à s’acoquiner avec les partis extrémistes et racistes Israel
Beiteinu et Shass au pouvoir… Dans
quelques jours probablement, un veto américain sera opposé à la demande
d'adhésion d’un Etat palestinien à l'ONU (laissons de côté l’handicap
géographique évoqué plus haut par I. Pappé). Ce veto infâme sera dégainé, non pas pour mettre un terme à
une profonde injustice mais pour l’affermir, non pas pour favoriser l’émancipation
d’un peuple mais pour l’empêcher. Vous aspirez à la
dignité et à un Etat à
vous ? C’est hors de question !
Stratagèmes et
tours de passe-passe
Les judéo-sionistes
ont réussi à se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas. En 1978, Begin, l’un des dirigeants
sionistes les plus sadiques, a reçu le Prix Nobel de la Paix. Voici une de ses
harangues typiques : « Notre race est la race des maitres. Nous sommes
des dieux divins sur cette planète. Nous sommes aussi différents des races
inférieures comme ils le sont des insectes. En fait, comparé à notre race, les
autres races sont des bêtes et des animaux, un bétail au mieux. Les autres
races sont comme l'excrément humain. Notre destin doit être de régner sur ces
races inférieures. Notre royaume terrestre sera gouverné par notre chef avec
une baguette de fer. Les masses lécheront nos pieds et nous serviront comme des
esclaves ». (3) Un délire totalement débridé... Accorder le
Prix Nobel de la Paix à
ce scélérat, cela a-t-il un
sens ?
La
propagande sioniste est également parvenue à faire passer l’armée israélienne
pour «la plus
morale de tous les temps». Qu’importe s’il s’agit d’une bande de criminels de guerre (dixit
Gilad Atzmon), qui s’est distinguée par sa cruauté et sa rapacité. Les soldats
israéliens ne reconnaissent pas les droits humains, pillent, assassinent, violent et arrachent les oliviers. Aux checkpoints, ils donnent libre cours à leur haine et leur sadisme.
Ils sont capables de tuer des enfants de douze
ans (conformément aux fatwas des rabbins), de les torturer, de les forcer à boire l’eau des
latrines (cf. Aya
Kaniuk et Tamar Goldschmidt). Ils se font photographier
à côté des cadavres des enfants abattus, pour le souvenir, pour montrer aux
copains (comme l’ont fait les soldats US en Irak). Les pilotes dorment bien la nuit après avoir
largué des bombes sur des immeubles habités. Tuer, ils aiment ça (dixit Nurit Peled). Mais cela a-t-il de l’importance ? Non, disent
les organisateurs zélés des soirées de gala en l’honneur de Tsahal. Non, disent
les médias de masse qui en parlent avec considération.
L’appareil de propagande a inculqué au monde que
l’Etat juif était une oasis démocratique. « Euh, Israël n’a jamais respecté le droit international
et agit dans l’impunité la plus totale, n’est-ce pas ? Mais non, me
dira-t-on, vous n’avez pas compris, Israël est la seule démocratie du Moyen
Orient !… Ah bon, pardon » (dérision
empruntée à S. Moleaud). M. Collon en est venu à s’élever contre la
supercherie : « Un Etat
colonial, basé sur le vol de la terre et l’expulsion d’un peuple, ne sera
jamais une démocratie. Malgré ses lois et ses discussions démocratiques à la
Knesset. Même s’il possède un parlement, même si les voleurs discutent démocratiquement
entre eux sur la meilleure façon de voler, ça reste un Etat de voleurs qui
règnent par la force ». (4)
Et ce
BHL, ravi d’être désigné par ses initiales (d’où peut-être sa
notoriété) : sous ses allures de l’intello sûr de lui, qui analyse les évènements
tous azimuts, c’est l’un des porte-paroles du sionisme les plus cyniques...
Bien qu’il se rapporte à la France, ses exhortations sont tapageusement au
service d’Israël. Le jour du bombardement criminel de Gaza, il a exprimé une
jubilation toute naturelle (je cite de mémoire) : « Le plus remarquable dans
cette affaire, ce qui m’a le plus étonné, ce n’est pas la brutalité d’Israël.
C’est bien sa longue retenue ». Alors même que ses mensonges
outranciers et son allégeance au sionisme sont flagrants, il a
réussi à s’insinuer parmi les nouveaux satrapes libyens (désignés par le sigle
CNT).
Que dire du soupçon/accusation d’antisémitisme brandi immanquablement et avec agressivité
dès que quelqu’un s’élève contre les atrocités commises par l’Etat voyou ? Rappelons-nous le procès intenté par les
porte-paroles du sionisme contre les actions de boycott des produits «Made in Israël» dans des hypermarchés en
France. L’Etat français n’a jamais poussé les juges à condamner ceux qui appelaient
au boycott du Mexique et de la Chine (puisque ce n’est pas illégal). Mais, s’agissant
d’Israël, il était tenu de le faire (puisque c’est illégal). L’association EuroPalestine
s’interroge : « On n’a jamais vu personne poursuivi pour
avoir appelé au boycott de la Chine, du Soudan, du Mexique ou de la Patagonie… »
(5) Si l'antisémitisme aux débuts du siècle a fait le
lit du sionisme, aujourd’hui, c’est une véritable aubaine pour les officines sionistes et autres agents
provocateurs, c’est l’un de leurs
stratagèmes favoris, leur arme secrète. Deux époques, deux situations
différentes où l’attitude censée être hostile aux juifs est exploitée à
outrance.
Faire volontairement l’amalgame
entre antisémitisme (une forme de
racisme) et antisionisme (critique d’un projet politique) est une énorme escroquerie
intellectuelle. L’occupation de la Palestine se fondant sur le judéo-sionisme,
comment lutter contre l'une sans dénoncer l'autre ? N’allez pas le dire
aux activistes du CRIF et de la LICRA, aux nervis de la LDJ, aux Levy, Finkielkraut, Ghozlan, Goldnadel, Attal et
autres Glucksmann (c’est
qu’ils sont nombreux) ; ils vous répondront par une moue narquoise. « Le Crif combat tout ce qui peut de près ou
de loin écorner l'image d'Israël, ce veau d'or moderne des Juifs convertis au
nationalisme, un nationalisme auquel ils furent pourtant, dans l'Histoire, si
longtemps réfractaires. […] Le Crif,
en un mot, terrorise psychologiquement certains Juifs et tous les non-Juifs au
nom de la défense d'Israël ». (6) Pour détourner l’attention sur l’image exécrable de l’Etat juif et
camoufler les tueries perpétrées à répétition, les agents pro-Israël décrètent une fois
pour toutes que
l’antisionisme n'est que le paravent de l’antisémitisme ; ils
s’emploient à faire de la Shoah la religion dogmatique de notre époque.
Les tours de passe-passe semblent
réussir, c’est cela le véritable sujet d’étonnement : regardez tous ces hommes
politiques, ces journalistes, ces
universitaires qui se rétractent
et se rapetissent face aux actions d’intimidation dont ils font l’objet. Les intrigants
sionistes savourent leur victoire (facile) lorsque des personnages publics se
démènent pour se défendre, crient leur innocence, puis se dédisent de leurs
prises de position. On balance n’importe quel subterfuge et voilà que la partie
concernée de perdre du temps à réagir à l’accusation, à apporter un démenti, à se
disculper. Autant la duperie est sournoise, autant la réaction semble ingénue. Petit à petit, Israël se trouve
hors d’atteinte et assuré d’une impunité et une immunité
totales. Le nettoyage ethnique et le carnage peuvent alors continuer.
A bien réfléchir, l’assimilation
entre antisionisme et antisémitisme débouche sur une conclusion à laquelle nul
ne s’attend : si on est contre le sionisme, on est ipso facto contre les
juifs. D’où : le judaïsme équivaudrait au sionisme, ils
seraient indissociables.
Si l’on admet cet enchainement et contre
toute attente, l’hostilité envers les
juifs,
du fait du terrorisme criminel israélien, devient tout simplement justifiée.
On voit à quel point les tenants du sionisme se débattent dans les
contradictions les plus absurdes.
Quoi qu’il en soit, ne faisons pas semblant d’oublier
qu’Israël a été fondé pour les juifs, fait aujourd’hui des pieds et des mains
pour être reconnu en tant qu’Etat juif. C’est au nom de cet État que les dirigeants
israéliens, depuis près d’un siècle,
persécutent tout ce qui n’est pas juif. Les massacres
sont perpétrés souvent explicitement au nom du judaïsme. La vérité est ainsi,
on n’a pas besoin de la broder... Bien entendu, si les spoliateurs aux mains
tâchées du sang palestinien sont des juifs, l’inverse n’est pas vrai. Il suffit
pour s’en convaincre de se référer aux intervenants sur le site nkusa, à des
intellectuels comme Noam Chomsky, Gilad Atzmon, Ilan Pappé, Nurit
Peled, Pierre Stambul, Olivia Zemor et Norman
Finkelstein (entre autres).
Tous ces personnages et tant d’autres, attachés au respect des droits de
l’Homme, du droit international et de la justice, n’ont pas choisi d’être du côté de la partie
surarmée, arrogante, appuyée et financée par l’Empire. Ils ont choisi de
soutenir la partie vulnérable, trahie par tous, affaiblie
par 60 ans de détresse. Ils
ont décidé de prendre les devants, à l’instar de ceux qui ont triomphé jadis de
l’apartheid. Leurs voix contribueront à défaire
le sionisme. Les Palestiniens,
malgré les drames qu’ils endurent, sont restés pleinement humains. Leurs
capacités de résistance sont un modèle remarquable d’héroïsme, mais vu le
rapport de force et l’étendue des complicités, elles ne peuvent suffire.
Thami Bouhmouch
Septembre
2011
_______________________________________
(1) CAPJPO-EuroPalestine, http://www.europalestine.com/spip.php?article5661 Décembre
2010
(2) Cf.
Michel COLLON, « Israël, parlons-en ! ».
(4) Michel COLLON, http://www.michelcollon.info/Boycott-d-Israel-qu-est-ce-qui-est.html Novembre 2010.
(5) CAPJPO-EuroPalestine, http://www.ep-mir.com//spip.php?article5995
(6)
Esther BENBASSA http://www.rue89.com/passage-benbassa/2011/01/15/israel-palestine-le-crif-bafoue-la-liberte-dexpression-et-sen-vante-1857 Janvier 2011
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