Série : Marketing
stratégique
Avant d'entamer une action
d'envergure — nous l’avons vu à propos du modèle LCAG — l'entreprise est
supposée avoir évalué d’une part son état de santé et son potentiel (analyse
interne), d’autre part les ouvertures et contraintes de l'environnement
(analyse externe). Au terme de cette double analyse, le manager est en mesure
de récapituler les principales constatations. Un aperçu rapide est obtenu sous
la forme de deux tableaux récapitulatifs : l’un est consacré aux forces et
faiblesses de l'entreprise, l’autre aux ouvertures et menaces identifiées sur
le marché.
Le nécessaire croisement des éléments
identifiés
La mise en rapport des deux volets de
l'analyse effectuée (interne/externe) s’apparente
à un verdict ; elle met en évidence quatre situations distinctes
(schéma).
Explication des 4 situations :
1. L'entreprise dispose des ressources
nécessaires lui permettant d’exploiter l’opportunité qui se présente.
2. Le défaut d’un facteur crucial empêche
l'entreprise de saisir une opportunité.
3. L'entreprise fait face à une menace,
mais elle est en mesure de la contourner, de s’en dégager du fait des moyens dont
elle dispose.
4. L'entreprise est gravement
vulnérable : les moyens disponibles ne lui permettent pas d’échapper à la
menace identifiée.
L’inventaire
et la confrontation des éléments examinés révèlent les attraits et atouts pour
chacune des activités exercées (les DAS).
L'organisation apprécie sa position face à l'environnement, compte tenu
de ses possibilités et contraintes ; elle met en évidence ses lacunes
ou/et ses performances (facteurs de succès) ainsi que les principaux problèmes à résoudre. Des forces apparaissent
sous forme d’avantages relatifs, c’est-à-dire de forces par rapport aux
concurrents (avantage concurrentiel, compétence distinctive). Les faiblesses
détectées seront à neutraliser.
L’intérêt d’une telle synthèse
réside dans sa lisibilité et ses implications : si elle a été effectuée correctement,
les enjeux clés s’imposent à l’esprit. C’est une phase majeure : elle permet
d’enclencher la suite du processus, de guider la réflexion, de fixer les
objectifs, de définir un positionnement, de dégager les axes
du plan d’action. Elle
peut amener éventuellement à modifier les objectifs généraux.
A titre d’exemple, la compagnie Royal
Air Maroc, en vue de situer le produit Safar Flyer dans son
environnement concurrentiel, a procédé à une double analyse. En voici la
synthèse (FFOM ou SWOT).
- Points forts : la compagnie a une
envergure internationale et dispose d’une flotte moderne dont l'âge moyen ne
dépasse pas 9 ans. Elle dispose également à travers toutes les agences d’un réseau
informatique (Amadeus) et d’un logiciel de gestion très sophistiqué (SBS).
De plus, son personnel navigant a bénéficié d’une formation hautement
spécialisée.
- Points faibles : le suivi des
dossiers Safar Flyer et les efforts de fidélisation restent en-deçà des buts
visés ; la relation/communication entre la clientèle et le personnel de
contact (agences, PNC, call center) présente des défaillances notoires.
- Opportunités : le secteur du transport
aérien s’avère porteur en raison de la place accordée au tourisme dans
l'économie ; des partenariats avantageux sont possibles avec des compagnies
étrangères.
- Menaces : le mouvement de mondialisation
impose l’ouverture du ciel et le respect strict des normes de qualité
internationales.
Évaluation d’une ouverture de marché
Considérons la situation conceptuelle
ci-après (1) : lors de l’appréciation d’une ouverture, de quels
facteurs faut-il tenir compte, quelles questions fondamentales se posent et à
propos de quoi ?
Une stratégie peut être définie
comme l’utilisation de ressources internes pour faire face à des contraintes
externes. Il s’agit de faire coïncider
les opportunités qu’offre le marché et les atouts particuliers de l'entreprise.
Les choix stratégiques « sont arrêtés si les ressources
l’autorisent, si les moyens financiers permettent de pallier un déficit en hommes
ou en technologie, ou s’il existe une possibilité d’alliance pour acquérir les
moyens manquants ». (2)
De là ces quelques remarques :
- L'entreprise, en toute logique, tend à se situer entre deux pôles :
se borner aux opportunités qui concordent avec ses forces actuelles ; s’efforcer
d’acquérir les ressources nécessaires pour tirer parti de toutes les
opportunités qui se présentent.
- Lorsque les moyens
se révèlent insuffisants, on s’interroge sur les possibilités de les mettre à
niveau. A chaque fois, la question du coût est posée.
- Saisir une
opportunité implique des investissements. Il ne s’agit aucunement de
prendre des risques démesurés.
- Il importe de saisir
l’ouverture identifiée avant les concurrents.
Thami BOUHMOUCH
Août
2015
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(1) Schéma
extrait de Kotler, Di Maulo, McDougall, Armstrong, Le marketing de la théorie à la pratique, éd. Gaëtan Morin, p. 381.
(2) A. et A. Zeyl, Plans
marketing, éd.Vuibert Gestion, p. 47.
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