Série : Compréhension du consommateur
L’individu adopte une
position qui lui est propre vis-à-vis des produits proposés sur le marché ; il porte
un jugement particulier sur telle marque de voiture, telle compagnie aérienne, tel
point de vente, tel spot publicitaire, etc. Son attitude détermine directement ses
choix de consommation…
Mais la notion en marketing n’est pas simple. Que signifie-t-elle au juste ?
Mais la notion en marketing n’est pas simple. Que signifie-t-elle au juste ?
La notion
d'attitude
On peut définir l'attitude
comme une prédisposition de l’esprit acquise par un individu et
qui le conduit à se comporter de manière préférentielle à l'égard d'un produit ou
d’une marque. C'est la représentation favorable ou défavorable qu'il se
fait de ce produit ou de cette marque. L'attitude a donc un caractère perceptif
et évaluatif. C’est une réaction émotionnelle qui se traduit – comme le montre
le schéma ci-après (1) – par une opinion et se manifeste par
un comportement. Elle s’exprime de diverses façons : « les voitures Volvo sont robustes »
; « je me méfie du poisson
surgelé » ; « Dell fabrique les meilleurs
ordinateurs » ; « les produits made in China ne sont pas fiables »
; « les banquiers sont des voleurs », « toutes les piles
se valent, il faut prendre les moins chères »…
L’entreprise est tenue de cerner le
comportement du consommateur cible (savoir ce qu’il fait) mais aussi de
connaitre son opinion (savoir ce qu'il pense). L'évaluation des opinions permet
justement d'appréhender les attitudes. Celles-ci sont de nature
fondamentalement qualitative. Elles peuvent être traduites néanmoins
sous forme quantitative – en ce sens que l'intensité des opinions
recueillies peut être mesurée (échelles d'attitude). D’autre part, il est clair
qu’une opinion n'a un intérêt opérationnel que si elle traduit l'attitude
profonde du sujet. Si, lors d'un sondage, une opinion est exprimée d'une façon
superficielle, complaisante ou incohérente, elle n'aura aucune valeur
explicative.
Les
attitudes naissent des motivations et se forment en fonction des
informations recueillies, de la personnalité de chacun, de son expérience propre,
des facteurs d'environnement (cf. schéma). Elles prennent leurs racines
dans la famille, le groupe de référence (amis, collègues…) et le milieu culturel.
Le sujet apprend à vivre et à
fonctionner en société. Il se constitue au cours de son existence un ensemble de
sentiments et de croyances qui
le conduisent à adopter des attitudes en fonction du contexte. Celles-ci vont
lui permettre de s’adapter rapidement aux nouvelles situations par le recours
aux perceptions et évaluations antérieures, aux dispositions déjà établies. L’acheteur
en effet n'a pas besoin de « réinterpréter la réalité à chaque
fois : ses attitudes lui fournissent une structure d'accueil ». (2)
Il en résulte parfois une certaine rigidité de comportement qui oblige les
praticiens à adapter leur offre aux attitudes plutôt que de chercher à modifier
celles-ci.
Les composantes de
l'attitude
L'attitude est considérée
comme un construit tridimensionnel intégrant trois composantes : cognitive,
affective, conative.
-- La composante cognitive
La formation des
attitudes se fonde sur l'information factuelle reçue (sur les attributs
de l’offre), les croyances et le processus d'apprentissage (connaissance
à partir du vécu). Considérons cette scène ordinaire : dans un magasin, Untel est
attiré par un produit nouveau. Comme le prix est très élevé, son attitude est
plutôt réservée. Un vendeur s’approche et le rassure en avançant l'argument de l’origine
japonaise de l’article pour « prouver » sa qualité. Il a ainsi joué
sur la dimension cognitive de l'attitude. On sait qu’au Maroc, quel que soit le
produit, les vendeurs font souvent valoir l'argument de son origine exogène.
La publicité, l’étiquetage et autres
brochures ont pour rôle d’attirer l’attention du public cible sur les
caractéristiques du produit visé. Les messages diront que tel dentifrice est
efficace contre les taches dues au tabac, que telle grande école garantit
l'emploi, que tel modèle de voiture est à la tête du palmarès des rallyes
internationaux, que tel lait contient 2 % de matières grasses, etc. Les éléments
cognitifs de l'attitude peuvent être imprécis, incomplets, arbitraires ou
erronés. Il n’y a pas longtemps, les
gens croyaient qu'un bon téléphone portable devait être petit et léger. Aujourd’hui,
ils pensent qu’il doit être fin et large. La taille a désormais une connotation
positive, influe sur la décision d'achat.
-- La composante
affective
Le consommateur maintenant
informé, évalue l’offre, éprouve un sentiment positif ou négatif
envers la marque considérée : il aime (attrait) ou n'aime pas (répulsion).
Revenons à notre scénario : pour convaincre l’acheteur potentiel, le
vendeur ajoute : « cette marque convient parfaitement à quelqu'un comme
vous ». Ce faisant, il a joué sur l'effet émotionnel, sur
la dimension affective ou évaluative de l'attitude. Untel exprime maintenant
sa préférence, porte un jugement de valeur sur le produit.
-- La composante
conative
A ce stade, c'est
la disposition à l'action, à l'acte d'achat. Dans notre scénario,
Untel parait convaincu et manifeste son intention d'acheter. Un avantage
exceptionnel lui a été accordé (réduction) pour vaincre sa réticence. La
dimension conative apparaît rapidement : il est finalement séduit et décide
d'acheter.
C’est bien la jonction
de ces trois composantes qui constitue l’attitude… « La composante
cognitive a un impact sur la dimension affective qui, à son tour, détermine la
composante conative ». (3)
Pour autant, peut-on
imaginer une contradiction entre ces composantes ? Sont-elles toujours
compatibles ? Elles sont en principe reliées entre elles mais cette relation
n'est pas constamment vérifiée. Un individu en effet peut s’informer des attributs
d'un produit (stade 1), sans que cela suscite une appréciation positive ou
négative (stade 2) ; et même si son attitude était favorable, il est
possible qu’il ne manifeste aucune envie d’acheter ce produit (stade 3). Dans
certaines situations, le stade 3 précède le stade 2 : l’appréciation intervient
a posteriori, après une expérience concrète du produit. En
particulier, lors d'un achat par impulsion ou de faible implication, le sujet
semble sauter le stade 2 (évaluation, préférence).
L'attitude conduit
à la décision d’achat
La notion d’attitude en marketing, au-delà
de son rôle dans la prédiction du comportement, est fondamentale du fait
qu’elle est liée directement à l’image de marque et au positionnement. En
ce sens, « l'image de marque est la traduction commerciale de
l'attitude envers une marque ». (4) C'est l'ensemble des
représentations matérielles et immatérielles que se fait un public donné au
sujet d'une marque.
Les motivations et
les attitudes (d'origine subconsciente), se concrétisent en un comportement
apparent : type de produit, quantité achetée, fréquence et lieu d'achat. Si elles
sont défavorables, l'achat ne sera pas réalisé. L'attitude oriente la
perception et la réaction de l'individu. Elle intervient dans le processus
d'achat au stade de l'évaluation des solutions.
Pour illustrer
cela, considérons le comportement de deux vacanciers : le premier recherche
« un repos mérité » (motivation) ; il considère
que « les vacances c'est changer de vie, c'est le repos, le soleil, les
palmiers » (attitude) ; arrivé à destination, il passe son
temps à se distraire, à se dorer au soleil et se baigner (comportement). Le
second personnage est intéressé par des vacances enrichissantes, culturelles (motivation) ;
pour lui, « les vacances, c'est chercher le contact avec la population,
voir les monuments historiques, les curiosités » (attitude) ; sur
place, il s’adonne aux excursions, se mêle à la foule locale, visite des lieux
typiques (comportement).
Thami BOUHMOUCH
Décembre 2014
_________________________________________
(1) Cf. Guy Audigier, Les
études marketing, éd. Dunod, p. 35. Rappelons que la motivation ne relève
pas toujours du subconscient : parfois, l’individu est orienté sciemment
vers la réalisation d'un objectif, anticipe les conséquences futures
(positives) de l'action accomplie. Cf. papier précédent : Les
motifs profonds de l’acte de consommation. http://bouhmouch.blogspot.com/2014/10/les-motifs-profonds-de-lacte-de.html
(2) Philip Kotler et Bernard Dubois,
« Marketing management », éd. Publi-Union, p. 201.
(3) Richard Ladwein,
Le comportement du consommateur et de l’acheteur, éd. Economica, p. 179.
(4) Sylvie Martin et Jean-Pierre
Védrine, Marketing - Les concepts-clés, Les éd. d'organisation, p.
53.
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