« Pourquoi venir acheter une
crème de jour chez vous plutôt que chez votre concurrent ? Parce que vous expliquez comment
l'appliquer » Anonyme
D’aucuns tendent à penser que leur fond de commerce est constitué concrètement par leurs produits. C'est une erreur. Le fond de commerce d'une entreprise se fonde sur le poids et la qualité de la clientèle. Le marketing est rigoureusement centré sur les clients. Toute la difficulté est de développer avec eux une proximité et une relation à long terme.
Garantir la continuité de la
relation
Les entreprises, on le sait,
évoluent dans un environnement de rivalités de plus en plus exacerbées. Partout, l'industrie génère des innovations
techniques et des procédés nouveaux. La concurrence, accentuée
par l’essor prodigieux des technologies de la communication et d'Internet, a
aujourd'hui une dimension mondiale. Or, sur un marché fortement concurrentiel, les consommateurs sont devenus plus « zappeurs » que jamais. Ils ont de
plus en plus de choix, sont de plus en plus inconstants, consomment au gré
de leurs envies... Ils aspirent à trouver rapidement des produits fiables
et d’une qualité de service parfaite. C’est dans ce contexte de durcissement de la concurrence, rendant la
conquête de nouveaux clients difficile et coûteuse, que les dirigeants ont pris
conscience de l'importance de la fidélisation. Celle-ci figure aujourd’hui au premier rang de leurs préoccupations. Ils
doivent se battre de plus en plus pour conquérir des clients et surtout pour
les conserver.
J’ai en mémoire ce que la
directrice de l'ONMT (office du tourisme) avait déclaré en 2001 au sujet
du taux de retour des vacanciers : « Un taux de retour zéro, ce n'est pas grave pour le tourisme marocain [...] Ce qui importe le plus, c'est qu'on reçoive de nouveaux touristes ! ». Comment peut-on hasarder un tel contresens ?
Ce taux est un jugement implacable sur le produit.
Je me permets de me citer : « si ce taux est proche de zéro,
cela veut dire que tout est proche de zéro : l'équipement touristique, la
qualité du service, l'animation, la sécurité, la relation avec les commerçants,
l'état des trottoirs... » (1)
Le marketing, à n’en pas douter, commence avec la détermination des besoins des consommateurs et se poursuit avec la satisfaction répétée de ces besoins. Un succès n'est jamais définitif ; il n'y a pas de ligne d'arrivée. L'entreprise pilotée client est adaptable et réactive. L’enjeu est de se procurer des clients qui rapportent de l’argent et qui ne se dérobent pas.
Le marketing, à n’en pas douter, commence avec la détermination des besoins des consommateurs et se poursuit avec la satisfaction répétée de ces besoins. Un succès n'est jamais définitif ; il n'y a pas de ligne d'arrivée. L'entreprise pilotée client est adaptable et réactive. L’enjeu est de se procurer des clients qui rapportent de l’argent et qui ne se dérobent pas.
Certes,
il faut bien chercher à élargir la surface de clientèle… mais pas au détriment
des clients actuels. D’où un marketing relationnel, dont l’objectif est non pas
la prospection mais la fidélisation.
A RMA Watanya, le produit Hifad Express permet aux sinistrés d’être remboursés
rapidement. La compagnie vise ainsi à gagner de nouveaux clients et surtout à
garder les clients acquis. A Royal Air Maroc, le produit Safar
flyer permet à l’adhérent de cumuler les miles et de bénéficier de
billets gratuits. La carte Imtiyaz
Plus (depuis 2003) récompense les agents de voyage en fonction des
billets vendus. Le programme Tawassoul
(2007) comptabilise les miles sur un compte commun à toute la famille…
Dans ce cadre, la fidélisation est une démarche
dont l’objectif est de conserver les bons clients en développant avec eux des
relations étroites et privilégiées. La gestion de la relation client (GRC) est
fondée justement sur la notion de continuité de la relation commerciale. Thème désormais
très en vogue, la fidélisation est étroitement associée à l'analyse de la
satisfaction… Mais un client satisfait est-il fidèle ?
Satisfaction/fidélité : il y a loin de la coupe
aux lèvres
Le
concept de fidélisation, apparu dans les années 1980, occupe une place centrale
dans le champ du marketing relationnel. Des clients satisfaits permettent de se
prémunir contre les assauts de la concurrence et d'accroître les bénéfices –
lesquels garantissent la survie de l’organisation. Lorsqu'un individu achète un produit, il espère évidemment en tirer une
certaine satisfaction. Sera-t-il pour autant reconnaissant à la marque en lui accordant
sa fidélité ad vitae aeternam ?
Mis à part les situations exceptionnelles où le
produit n’est pas remplaçable, il n’y a pas de fidélité sans satisfaction. Mais
la satisfaction ne conduit pas systématiquement à la fidélité. « Un client normalement satisfait n'a pas de raison particulière de
s'adresser à une entreprise concurrente mais il n'a pas non plus de raison de
s'obstiner à rester fidèle. La seule raison qui pourrait l'inciter à fréquenter
la même entreprise réside dans la peur de ne pas être satisfait. Une offre
concurrente rassurante ou très innovante pourrait le convaincre de prendre ce
risque ». (2) Au Maroc, les banques font notoirement beaucoup
de mécontents, mais ceux-ci ne vont pas chez le concurrent parce qu’ils sont
sûrs de trouver partout le même traitement. (3)
Toute
organisation doit un jour faire face à la perte de sa clientèle. La politique de fidélisation vise à prédire cette éventualité et à palier le risque par des actions et des offres
ciblées. Un client acquis devient automatiquement un client en
partance ; la difficulté est d'en faire un client récurrent, un client fidèle. La
transmission par les chaînes de télévision des matchs de football coûte des
sommes colossales. Pour le directeur de la 1ère chaîne marocaine, la dépense est justifiée : « Le
football, c'est important pour nous. Nous couvrons les championnats étrangers,
parce que si nous ne le faisons pas, les gens zappent. Et dès que tu perds
l'auditoire, il n'y a plus de télé ». (4)
La fidélité est un attachement, une persistance durable
de la relation. Le phénomène est graduel : à un premier stade, le client
perçoit et apprécie les efforts fournis par l’organisation. La
qualité de l’offre correspond bien à ses attentes mais il
peut potentiellement s’adresser à un concurrent. Il adopte le produit et accepte
de renouveler l’achat… A un stade plus avancé, la satisfaction est
probante et profonde ; le client est enchanté et devient un adepte
inconditionnel de la marque. L’optimum de la fidélité est atteint.
Toutefois, l’attitude a postériori d’un client vis à
vis d’une offre ne suffit pas à expliquer la complexité du phénomène. S’agissant
des facteurs structurants en matière de fidélisation, chaque catégorie de
produits a ses propres particularités. Néanmoins, un raisonnement global est
possible quels que soient les marchés. Il importe
avant tout de tenir compte de l’enjeu du produit et de sa valeur (financière,
psychologique) dans la vie du consommateur. L'achat d'un ordinateur, par exemple, tiendra compte de
paramètres autrement plus nombreux et importants que l'achat d’un yaourt ou d’une
brosse à dent. S’agissant d’un hôtel, le facteur humain joue
un rôle non négligeable. Il arrive souvent qu’un touriste y revient parce qu’il
aime tel animateur ou tel serveur au restaurant.
Le client enchanté ou dépité parle autour de lui
Diverses variables peuvent avoir un impact négatif sur
le processus de fidélisation. Il en est ainsi de l’évolution des attentes du public
cible, de son désir de changement, de son attirance pour l’offre nouvelle d'un
concurrent…
Lorsque des clients décident de se passer de votre
marque, le préjudice ne se limite pas seulement au manque à gagner immédiat.
Les départs influent sur l’image de l’entreprise auprès des consommateurs par l’effet
de bouche-à-oreille (BAO). Un client mécontent qui se tourne vers la
concurrence est porté à faire part de sa déconvenue et
de son amertume à son entourage. Ainsi, « pour chaque plainte d'un client qui
arrive jusqu'à vos oreilles, il y en a 26
dont vous n'entendez jamais parler. Ces 26 clients mécontents le feront savoir
à 22 autres personnes en moyenne, dont
13 %, à leur tour, en parlent à plus de 20 personnes ». (5) En plus donc du client dépité, nombre de clients
potentiels sont exposés au message négatif sur une marque. Il en est ainsi
des touristes désenchantés qui quittent le Maroc avec l'idée de ne pas y revenir ;
ils ne se privent nullement d’en parler autour d’eux… En matière commerciale,
rien n’est pire qu’un bouche-à-oreille négatif.
A l’opposé, un
client comblé constitue
un excellent vecteur de communication (gratuit). Il développera autour de lui un BAO
favorable, devient un prescripteur en recommandant la marque appréciée
aux personnes qu’il fréquente. Il
convient de ne pas négliger le pouvoir de persuasion des clients satisfaits, ils
peuvent être finalement plus efficaces que bien des vendeurs.
Qui plus est, une action de fidélisation à moyen/long terme influe très fortement sur la rentabilité de l’entreprise, vu
qu’un client fidèle coûte moins cher qu’un client entrant. Le client fidèle renouvelle ses achats ; il vient lui-même
vers l’entreprise et celle-ci pour ainsi dire est dispensée des dépenses en
communication/prospection. Nombre
d’auteurs ont mis en évidence les avantages financiers d'une stratégie de
fidélisation par rapport à une stratégie offensive de conquête.
C’est
bien pour augmenter la profitabilité
que le marketing s’emploie à améliorer la relation client. L’action de
rétention constitue la préoccupation majeure parce qu’elle a des effets
positifs sur le résultat d’exploitation. On admet que « retenir un client coûterait
jusqu'à cinq fois moins cher que d'en conquérir de nouveaux »… Bien entendu, les clients actuels ne méritent d’être courtisés que s’ils
génèrent un chiffre d’affaires suffisamment important. On convient que les
entreprises gagnent de l’argent principalement avec 20 % de leur clientèle.
Pour être en mesure de retenir les clients les plus rentables, il importe d’être à leur écoute, de prévenir avant tout les causes d’insatisfaction… C’est l’objet du prochain billet.
Pour être en mesure de retenir les clients les plus rentables, il importe d’être à leur écoute, de prévenir avant tout les causes d’insatisfaction… C’est l’objet du prochain billet.
Thami BOUHMOUCH
Avril 2013
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(1) T. B. La
destination Maroc : où se niche le malentendu,
http://bouhmouch.blogspot.com/2012/02/la-destination-maroc-ou-se-niche-le.html
(3) Cf. T. B., Secteur bancaire : le client
n'est pas roi, http://bouhmouch.blogspot.com/2011/08/secteur-bancaire-le-client-nest-pas-roi.html
(4) F. Laraichi,
cité in Economie & Entreprises, janvier 2002.
(5) Jay Conrad Levinson, Guérilla
marketing, éd. Businessman First. NB : ce calcul découle de constats et d'études statistiques. Il ne
s'applique pas forcément à chaque client pris individuellement.
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