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14 janvier 2012

LE PROJET SIONISTE : LA DEMESURE ANNONCE-T-ELLE LA FIN ? [2/2]




Les atrocités commises par l’entité judéo-sioniste en terre de Palestine ne sauraient continuer sans fin… Outre que le droit est fondamentalement du côté du peuple palestinien (Cf. partie 1/2), il y a à cela quatre raisons majeures.  


1. Une prise de conscience croissante
Le plan sioniste s’est fondé au départ sur la notion délétère de suprématie raciale. Théodore Herzl, le meneur du sionisme politique, souhaitait (en 1896) mettre en place « un avant-poste de la civilisation contre la barbarie ». L’apartheid, reconnu comme un crime par l’ONU depuis 1973, est bel et bien mis en place en Palestine occupée. Du temps des Boers sud africains, il avait soulevé une levée de boucliers partout dans le monde. Nelson Mandela, n'a-t-il pas été glorifié parce qu'il combattait ce régime monstrueux ?
« Si l’apartheid est un crime, il n’y a qu’une seule façon de traiter ses auteurs : les arrêter ». (1) Le monde, jusque là, semble se faire au blocus médiéval de la bande de Gaza, à l’enfermement d’enfants palestiniens dans des conditions épouvantables, aux restrictions cyniques sur les passages aux check points militaires, aux expulsions et démolitions de logements au petit matin, aux destructions de terres agricoles, aux assassinats de militants pacifistes, à la piraterie en haute mer, au non respect du droit international et à l’impunité totale… Des tortionnaires israéliens n’hésitent pas à faire subir à des enfants de 14 ans l’épreuve des chocs électriques (comme en septembre 2010 dans la colonie juive Ariel) ; ils s’amusent à les forcer à boire l’eau des latrines…
Selon The Weekend Australian Magazine, « de la nourriture pour chiens a été mise près des parties génitales d’un garçon qui avait les yeux bandés et on a fait venir un chien pour qu’il la mange, sous les rires de son interrogateur ». La police a été jusqu'à enlever un enfant de 6 ans et l’interroger pendant 4 h (à Jérusalem Est). Manifestement, en dehors des sionistes, nul n’est à même de concevoir et de supporter en esprit une telle abomination. Des malfrats armés jusqu’aux oreilles, auxquels vous faites comprendre que, quelles que soient les outrances commises, ils seront toujours appuyés et confortés, auraient tort de se gêner. 
Desmond Tutu, combattant anti-apartheid, affirmait il y a peu : « Mon message à la communauté internationale est que notre silence et notre complicité, en particulier sur la situation à Gaza, est une honte pour nous tous ». (2) Progressivement, les intellectuels épris de justice et moralement libres prennent les devants (il n’est que de voir les sites d’information alternative). Il s’agit désormais de retrouver sa dignité, de mettre le holà au terrorisme d’Etat qui a trop duré. Des artistes déclinent les invitations en Israël, des institutions financières arrêtent d’investir dans son industrie (campagne lancée en 2002 par D. Tutu), des produits provenant des colonies sont boycottés (appel BDS lancé dès 2005)… Certes, le mouvement est encore relativement faible, mais il prend de l’ampleur.
« Le sionisme est assiégé », dit Alan Hart. De plus en plus de citoyens du monde (à défaut des gouvernements) commencent à se rendre compte que les leaders sionistes se moquent de ce qu’il est convenu d’appeler « la paix ». Présente en Palestine, la journaliste Meg Walsh écrit : « Je ne peux pas continuer d’être complice ou neutre […]. Je me tiens sur un pont entre deux mondes – un dans lequel les puissants sont silencieux et l’autre dans lequel les opprimés crient sans être entendus ». (3)
Un ami juif m’écrit sur un ton excédé : « les dirigeants israéliens successifs sont une insulte au monde entier. Les Juifs opposés au sionisme s’indignent de l'utilisation méprisable de la shoah par ces criminels ». C’est que les Juifs de la diaspora prennent conscience eux-mêmes de l’inanité et l’absurdité de l’extrémisme sioniste. Ils sont en train de découvrir que le sionisme est avant tout une idéologie raciste (pourtant, dès 1975, les Nations Unies l’ont assimilé à « une forme de racisme et de discrimination raciale »), que c’est au bout du compte le véritable ennemi des Juifs. Ils craignent que si le sionisme continue sa course déchaînée, il provoquerait une haine d’Israël qui se transformerait en une montée de l’antisémitisme.
Gilad Atzmon, un ex-israélien exilé en Grande Bretagne l’a exprimé sans ambages : « Israël a dépassé le point de non retour. Son destin funeste est gravé au creux de chaque bombe qu'il largue sur les civils Palestiniens ». (4)

2. L’impact du réveil arabe     
Le mois dernier, le secrétaire américain à la défense a dit : « Je comprends l'idée […] que le réveil arabe menace un peu plus l'idéal d'un Etat d'Israël en sécurité, juif et démocratique » (5)… En dépit des manœuvres qui se déroulent en coulisse, l’adage français « plus ça change, plus c’est la même chose » n’est plus pertinent pour décrire les bouleversements dans le monde arabe. Ismaïl Haniyeh n’aurait certainement pas pu quitter Gaza et se rendre en Tunisie du temps de Moubarak et Ben Ali, comme il vient de le faire en ce début de janvier.
L’Egypte constitue la principale source d’inquiétude. Quel sera le sort du fameux « traité de paix » ? Une telle fumisterie a permis à l’Etat sioniste d’écarter le plus grand pays arabe de la confrontation militaire, de disposer ainsi d’une plus grande liberté d’action contre le Hamas et le Hezbollah. Bien plus, « le traité a permis d’alléger la pression militaire, de réduire le budget de l’armée et contribué à améliorer le niveau de vie des Israéliens en permettant la réallocation de ces économies à des secteurs économiques et civils ». (6)
L’accession des islamistes au pouvoir a été qualifiée de « séisme ». « L'onde de choc venue d'Egypte ébranle les colonnes du temple d'Israël. Elle renvoie le pays à son histoire et à ses cauchemars. Elle attise les peurs, les doutes et les angoisses des uns, bétonne les dogmes des autres ». (7) Selon un sondage publié le 3 février 2011 par le journal Yediot Aharonot, les deux-tiers des Israéliens estiment que la chute de la maison Moubarak aurait un impact néfaste pour le pays.
Cette onde de choc parait désarçonner les responsables israéliens et accentuer les antagonismes. Les Frères Musulmans faisant partie du gouvernement, Gaza ne pourra plus être martyrisé du côté égyptien et le Hamas sera renforcé. On sait qu’en septembre dernier, l’attaque populaire contre l’ambassade d’Israël au Caire a obligé l’ambassadeur et le personnel à quitter le pays. On sait aussi que Netanyahu, pas très rassuré, a décidé d’accélérer la construction d'une clôture sécurisée entre le Néguev et le Sinaï. Il a lancé des pages Internet à l’usage des internautes arabes, afin d’améliorer l’image d’Israël et réduire l’hostilité à son encontre
Dans la région, à coup sûr, personne désormais ne pourra plus gouverner sans tenir compte de l’opinion publique... Une mutation a bien eu lieu. Elle dérive en partie (ou indirectement) du drame palestinien. Elle aura des incidences majeures sur la dynamique palestinienne et sur l’existence de l’Etat colonial.

3. Ruine de la solution de deux états

On a cru un moment à la formule de « deux Etats » comme une possible solution au grave problème créé par la colonisation. Mais, comme il se doit, les sionistes font tout pour la torpiller. Déjà en 1973, Sharon disait « Nous allons en faire [du territoire palestinien] un sandwich de pastrami, nous allons insérer une bande de colonies juives entre les Palestiniens, et ensuite une autre bande de colonies juives traversant la Cisjordanie, comme cela, dans 25 ans, ni les Nations Unies ni les Etats Unis, personne ne pourra démêler tout cela ». (8)  Ce fourbe avait raison : aujourd’hui, la solution de deux états est impossible, parce que les bantoustans, minuscules et éparpillés, ne sont tout simplement pas viables.
Mais il n’y a pas lieu de crier victoire. Le sioniste Ehud Olmert, dans une déclaration au journal Haaretz, s’est rendu à la raison : « Si le jour vient où la solution de deux Etats s’effondre et nous sommes confrontés à un style sud-africain de lutte pour l’égalité des droits de vote, lorsque cela arrivera, ce sera fini de l’Etat d’Israël ». 

Texte original : « If the day comes when the two-state solution collapses and we face a South African-style struggle for equal voting rights, then, as soon as that happens, the State of Israel is finished »
C’est donc paradoxalement l’idée du « sandwich de pastrami » qui mènera à la disparition de l’Etat juif. La raison est simple : si l’Autorité Palestinienne n’est pas en mesure d’exercer une quelconque souveraineté, la situation d’occupation devient irréversible et se maintient ad vitam æternam. Or, on le sait, une puissance coloniale finit toujours par abandonner le champ de bataille face à la résistance populaire. Il n’est que d’évoquer les expériences des Vietnamiens, des Algériens, des Irakiens et des Afghans. Les juifs sionistes semblent préparer les causes de leur propre perte. Sous cet angle, Ilan Pappé écrit : « Les Juifs d’Israël ont une chance de devenir partie intégrante du Moyen Orient au lieu d’être une pièce rapportée agressive issue de l’imagination égarée des sionistes ». (9) Cette « chance », ils l’ont sabotée, tellement ils sont grisés par leur supériorité militaire écrasante et le privilège effarant de l’impunité.


4. Le verdict de la démographie

Il y a enfin l’évolution démographique. En dépit du taux de natalité élevé chez les juifs ultra-orthodoxes, on sait qu’elle travaille contre les sionistes. Pour les Palestiniens de 1948 (qui ne sont pas intégrés dans la vie nationale), ceux de la bande de Gaza et ceux de la Cisjordanie, la démographie constitue un élément essentiel de survie. Cette communauté autochtone croît à une vitesse beaucoup plus rapide que celle des spoliateurs. Son nombre « dépasserait celui des Juifs d’Israël en 2015, si l’évolution démographique se poursuivait à son niveau actuel ». (10)
Plus l’occupant sioniste se sent menacé, plus il recourt aux solutions extrêmes. Que faire ? Faut-il compter encore sur l’émigration des Juifs en Israël, notamment de l’Europe de l’Est ? La violence infernale qui sévit au sein de la société israélienne et le sentiment d’insécurité croissant ne sont pas favorables à la poursuite d’une telle option. De plus, le solde migratoire est aujourd’hui proche de zéro. « Les départs de la "terre promise" sont plus nombreux que les arrivées ». (11) Selon le rapport de la CIA cité plus haut, « 500 mille Israéliens détiennent un passeport américain, dont 300 mille vivent déjà en Californie – alors que ceux qui n’en détiennent pas ont déjà présenté des demandes » à cet effet. Le même rapport évoque le retour de « quelque un million et demi de juifs israéliens en Russie et dans les pays occidentaux », en prévision du déséquilibre démographique prévisible.
Faudra-t-il alors accentuer la répression et la déportation des Palestiniens ? Cette option ne peut être utilisée à grande échelle et rencontrera une opposition croissante sur la scène internationale. « Les Etats-Unis paient le prix de ces provocations, en sang, en argent et en position qui ne cesse de s’affaiblir au Moyen-Orient ». (12) Ils ne continueront pas à marcher à contre courant de l’histoire, en accordant indéfiniment leur soutien à une oppression de plus en plus flagrante. A moins de commettre un génocide total ou de procéder à des expulsions massives, aucune solution militaire n’est envisageable.

En dernière analyse, il y a lieu de faire une mention spéciale du facteur psychologique : contrairement aux apparences, la question de la fin d’Israël est ancrée dans la conscience (ou l’inconscient) sioniste. Les spoliateurs savent, sans le dire, que le projet colonial est à terme une mission impossible. 

Thami Bouhmouch
Janvier 2012
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(8) Cité in http://contreinfo.info/article.php3?id-article=1306 

(11)  Shamil Sultanov, http://www.alterinfo.net/Adieu-Israel-_a61181.html  Juillet 2011.
(12) Shamil Sultanov, ibid.

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