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19 mai 2011

PROCHE-ORIENT : LA PORTE OUVERTE A TOUTES LES EXACTIONS




Le drame palestinien qui se déroule et s'amplifie sous nos yeux a débuté en 1917 lors de la fondation du "foyer national juif" (déclaration Balfour). La constitution d'un État sioniste en Palestine sous protectorat britannique devait permettre au Royaume-Uni d'avoir la maîtrise de cette importante région. 
Depuis cette date, l'entité sioniste a occasionné les injustices et les souffrances alarmantes que l'on sait. Des groupes venus de Lituanie, de Biélorussie et de Pologne se posent en maîtres des lieux, planifient les refoulements, la mort et la dévastation. 

Un certain Friedman écrivait il y a un mois dans le New York Times, “vous [les Palestiniens] ne pouvez pas construire une nation sur les épaules d'assaillants suicidaires”. Des journalistes, ici et là, se font un devoir de manier les contrevérités et la mystification. Israël n'a-t-il pas fondé son existence, depuis plus de quatre-vingt ans, sur les actions terroristes les plus odieuses ? Il suffit d'évoquer les vagues d'attentats contre des personnalités britanniques et les assassinats d'activistes arabes entrepris par la milice Haganah (constituée en 1920) et l'organisation militaire Irgoun (fondée en 1931). De même, nul n'ignore les massacres effroyables en 1982 dans les camps de Sabra et Chatila et ceux perpétrés récemment à Jénine et Ramallah, etc.

Les choses sont claires : le peuple palestinien fait face à un adversaire "sûr de lui et dominateur" (de Gaulle), un adversaire fourbe et insidieux, fort du soutien machinal des grandes nations. Les dirigeants israéliens qui se succèdent sont habiles et rusés ; ils savent depuis longtemps absoudre leurs tueries, diaboliser les victimes. Ils ne sont pas loyaux et ne sont pas censés l'être : lorsqu'ils s'engagent le matin, c'est pour se rétracter le soir ; pendant que la bouche distille les messages de "paix", les mains construisent furtivement des colonies. Les accords signés, qui font le bonheur des partenaires crédules, sont systématiquement foulés aux pieds. Le phénomène se répète et prend une ampleur effrayante.
Le rêve de Sharon, nous dit-on, est de refouler (peu importe où) plus de 60 % des Palestiniens de Cisjordanie pour y implanter un million de Juifs (peu importe d'où). Bannir une population, transplanter une autre : rien ne semble mettre fin à la tragédie.


Terrorisme ou actes de résistance ?

Le sang coule depuis trop longtemps. Certes, il n'y a pas lieu de se réjouir des opérations "kamikazes" (le qualificatif suicidaire n'est pas approprié). On aurait tort toutefois de se détourner des vérités d'évidence : les Palestiniens ont perdu leur terre, leurs logements et leurs infrastructures ; ils sont agressés, terrorisés et ne comptent plus les morts et les blessés ; ils affrontent à la fois une puissance mondiale et une puissance régionale ; ils ne possèdent ni blindés, ni missiles, ni hélicoptères, ne bénéficient pas du soutien des médias internationaux, ne peuvent aucunement compter sur les Etats voisins... 

Dans le tumulte, on finit par oublier que l'occupation est le noyau du problème, la source des exactions et des cruautés. C'est l'occupation qui pousse les Palestiniens à se défendre par tous les moyens. Il faut imaginer l'état d'âme d'un combattant se préparant pour un attentat, la sensation sur le ventre d'un bloc d'explosifs prêts à exploser, l'idée que son corps partira en mille morceaux, qu'il n'y aura pas de sépulture... Les attentats ne sont pas une fin. Se défendre, résister à la tyrannie est légitime autant qu'honorable. La flamme de la résistance ne s'éteindra pas. Les résistants français contre l'occupation allemande ne limitaient par leur action à la propagande. Ils combattaient réellement par le sabotage (réseau ferroviaire), les assassinats, les attentats mûrement médités ou la guérilla des maquis. Jean Moulin, qui fonda en 1943 le Conseil national de la Résistance, était-il un terroriste ? Devait-on incriminer le groupe arménien Manouchian pour sa lutte contre les nazis ? Nelson Mandela, n'a-t-il pas été glorifié parce qu'il combattait le régime d'apartheid ?...

Le sionisme a réussi le tour de force de faire admettre que la "lutte contre le terrorisme" passe par la démolition des habitations et des édifices publics, la destruction des ambulances, le pillage des banques, le piétinement des droits humains...  C'est à un Arafat harcelé et amoindri qu'on demande cyniquement d'arrêter "la violence". Pourquoi le terrorisme d'Etat est-il invariablement disculpé et ne soulève aucune condamnation plausible ? Pourquoi s'obstine-t-on à nier que les attentats sont le fait d'individus, des individus qui luttent contre l'oppression ?

Le terrorisme d'Etat innocenté

Au lendemain du 11 septembre 2001, des dirigeants américains ont traité de lâches les auteurs des attentats. J'aurais aimé les voir auparavant tenir le même propos au sujet des soldats israéliens qui se réjouissent de viser la poitrine d'un enfant terrorisé dans les bras de son père, de briser méthodiquement les bras des adolescents avec une roche, d'empêcher les ambulances de secourir des corps ensanglantés, d'obliger une voiture de s'arrêter en plein soleil, les vitres fermées alors qu'elle transporte une femme sur le point d'accoucher, etc.

Dans la presse marocaine, ceux qui parlent machinalement de "Tsahal" avec une certaine considération semblent perdre de vue que les soldats israéliens démolissent des maisons et ensevelissent ses habitants vivants sous les gravats, arrachent des oliviers, volent des bijoux, font main basse sur des dizaines de land-rovers (comme en témoigne le journal Ha'aretz). Ces soldats, armés jusqu'aux oreilles, se jouent de terroriser des enfants, de torturer les prisonniers (loin des regards), d'utiliser des femmes et des enfants comme des boucliers humains. Ils ne s'en veulent pas de gifler des femmes âgées, de molester des journalistes, d'entendre une petite fille pleurer toute la nuit à coté des cadavres de ses parents (comme à Jénine)... 
Lorsqu'on a la caution des Américains on ne s'encombre pas de scrupules. Du reste, la télévision et la presse ne peuvent être que là où on leur permet d'aller. La guerre la plus sordide est celle qui se déroule à l'écart et à l'insu des médias.

Thami Bouhmouch
Article publié dans le périodique le Journal (Casablanca) du 20 septembre 2002.


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