Sur le nouvel
échiquier de la compétition globale, les problèmes tendent à se multiplier et
se compliquer : lutte entre les firmes présentes dans le secteur, pénétration
opiniâtre de nouveaux entrants, modification du rapport de force entre le
producteur et le client. Des produits étrangers, souvent de meilleure qualité
et plus compétitifs, s'introduisent sur le marché national.
Il faut désormais
penser et agir différemment. Il ne suffit plus d'être bon ou même très bon. Il
faut être meilleur. L'entreprise qui n'aurait aucune aptitude distinctive,
aucun atout, aucune supériorité par rapport à ses concurrents aurait sans doute
peu de chances de survivre. Il importe dès lors de se doter d'un avantage
significatif, de s’employer à le préserver et le consolider.
L'avantage concurrentiel
est l'attribut ou la caractéristique qui permet à une entreprise – tant
qu'elle n'est pas copiée – de surpasser ses concurrents et, partant, de
s'assurer d'une meilleure position sur le marché. L'exploitation d'un avantage
est l'un des fondements majeurs d'une ligne stratégique. Quelle que soit sa taille,
une entreprise se doit de choisir la stratégie qui lui assurera la place la
plus avantageuse sur un segment donné.
L’avantage
concurrentiel peut tenir à une particularité intrinsèque du produit (une
innovation technologique), à un prix attrayant, à un système d'approvisionnement
judicieux, à un mode de distribution particulier, à un service après-vente
performant, etc. Tous les éléments du produit (formule, conception, design,
garantie...) sont susceptibles de servir de base à un avantage distinctif.
A ce
titre, le duel Boeing-Airbus mérite mention. Contrairement à Airbus où le personnel (navigant et de
maintenance) bénéficie de la même formation pour les divers types d'avions,
Boeing exige des connaissances propres à chaque catégorie d'appareils. Si bien
que les avions Airbus permettent de réaliser une économie de formation ainsi
qu'une réduction du coût d'exploitation et de maintenance. Le concept de “communalité
opérationnelle” a été développé par Airbus lors de la conception des
modèles A300 et A301, lesquels partagent les mêmes postes de pilotage,
réacteurs et autres organes majeurs. L'avantage est assuré grâce à la
technologie des commandes électriques uniques. De plus, les appareils Airbus
figurent parmi les moyens de transport les plus économiques du monde en termes
de consommation. Les dirigeants du consortium européen font jouer bel et bien
ces arguments en leur faveur pour remporter les appels d'offres (notamment ceux
de la RAM ).
Un autre exemple. Dans
les années 90, les institutions bancaires ont investi le marché du crédit à la
consommation. Axée sur les particuliers, un segment jugé stratégique, cette
activité apporte à la banque un avantage concurrentiel significatif en termes
de coût des ressources. Vis-à-vis des sociétés de crédit, la différence est
patente. Les dépôts bancaires effectués par les particuliers représentent à eux
seuls plus de 63 % du total des dépôts. Les dépôts à vue, on le sait, ne sont
pas rémunérés (comptes chèque) ou le sont à des taux très bas (comptes sur
livrets). Les sociétés de crédit, quant à elles, n'ont pas le droit de recevoir
les dépôts du public. Comme la part des fonds propres est faible, elles sont
financées par les banques (à près de 90 %) et le marché monétaire. L'argent en
effet est acheté sous forme d'emprunts obligataires, de crédit bancaire ou de
facilités de caisse bancaires. Sur le marché du crédit, les institutions qui
disposent des ressources les moins coûteuses sont à coup sûr avantagées.
D'autres exemples
viennent à l'esprit. L'avantage concurrentiel de Maroc Telecom résidait, il y a
peu, dans une couverture plus large que celle assurée par son concurrent
Meditel. D'où son message publicitaire en avril 2000 : “Qui mieux que Maroc
Telecom peut vous offrir la plus large couverture GSM ?”. Meditel, en
revanche, bénéficiait de la
Centrale d'achat de Telefonica et de Portugal Telecom. Les
commandes d'appareils GSM aux équipementiers s'effectuait dans les conditions
optimales de rentabilité.
Qu'en est-il de l'avantage
de prix ? La politique de Maroc Telecom a été axée sur la réduction des
prix de la téléphonie mobile à des niveaux vraisemblablement inférieurs aux
coûts. Vu le niveau de tarification (l'un des plus bas du monde), il semblait
impossible d'être rentable. L'opérateur national été accusé par son concurrent
Méditel de subventionner le téléphone mobile par le fixe (exploité en situation
de monopole). On se rappelle qu'en mars 2000 Méditel a porté plainte auprès du
gouvernement contre les agissements de son rival sur la question des coûts
d'interconnexion.
La compagnie RAM, quant à elle, multiplie les promotions sur
le réseau international. Alors qu'elles sont censées être ponctuelles, ces
promotions se substituent de fait aux tarifs affichés. Ce qui, de l'avis des
autres opérateurs, accorde à la compagnie un avantage concurrentiel certain.
De là,
une entreprise ne peut, à long terme, maintenir son avantage de prix que si
elle détient un avantage de coût (procédés de production, supériorité
technologique, économies d'échelle). On connaît la règle d'or : “la guerre
des prix se gagne dans la bataille des coûts”.
Cela étant, il est
difficile d'obtenir un avantage durable uniquement par suite du processus de
production. La fonction Achats peut constituer un avantage
compétitif considérable et doit de fait être regardée comme une fonction
critique. L'acheteur a pour tâche d'optimiser les coûts (achat, transport,
stockage...) et de contribuer à la qualité du produit. Au Maroc, notons-le au
passage, les acheteurs n'ont pas de formation spécifique et la relation
client/fournisseur se focalise, non pas sur le mieux disant mais sur le moins
disant.
Les
actions en aval donnent aussi matière à un avantage significatif. Les soins
apportés à la vente et au service après-vente, la gestion de la
relation client (GRC) permettent bel et bien de se démarquer de la concurrence.
L'entreprise s'emploie à créer une relation de proximité, organisée et inscrite
dans la durée. L'objectif est de passer d'un marketing destiné à la “masse” à
un marketing capable de traiter chaque client de manière individuelle. A ce
titre, le rôle du public interne est décisif. L'efficacité et la performance
passeront de plus en plus par la motivation des cadres et employés. C'est une
nécessité managériale. Si le personnel est enthousiaste, résolu et mobilisé
autour du concept de service à la clientèle, il donnera lieu à un avantage
concurrentiel considérable.
Thami BOUHMOUCH
Professeur de
Marketing
Article paru dans l'hebdomadaire La Vérité du 17 au 23 janvier 2003.
Toute entreprise doit tenter d’acquérir une position de force qui lui permette de se démarquer de ses concurrents. Cette position sera obtenue grâce à un élément distinctif qui, s’il est perçu positivement par les consommateurs, constituera un avantage concurrentiel.
RépondreSupprimerCet élément peut être, entre autres, une particularité du produit, une façon différente d’utiliser les réseaux de distribution, un outil de promotion ou une politique de prix avantageuse. Pour l’entreprise, il s’agit d’acquérir une position unique grâce à une particularité qui lui donne prépondérance sur toute autre entreprise.