Fourberie et contrevérités
« Si l'on ment, il faut mentir jusqu'au bout. Il faut du mensonge faire un acte de foi » D. Lévy-Chedeville
Le drame
palestinien a débuté en 1917, lors de la fondation du «foyer national juif», avec la complicité du gouvernement
britannique et de la Société des Nations. La déclaration Balfour visait
probablement en sous-main à éloigner les juifs d’Europe. Les dignitaires antisionistes, qui s’y étaient
opposés à l’époque, l’avaient qualifiée d’antisémite. L’idée était que
l’émigration des juifs de la diaspora allait se faire sous la contrainte et
susciterait des soupçons sur leur fidélité à leurs pays respectifs... Toujours
est-il que depuis cette date, l'entité sioniste a occasionné les destructions
et souffrances les plus alarmantes. Des individus fanatisés venus de Pologne,
de Kiev, de Biélorussie, de Grande Bretagne, etc. se déclarent maîtres des
lieux, font main basse sur les terres,
planifient les expulsions, la mort et la dévastation.
A l’instar
des Afrikaners, leur hégémonie ne pouvait
se fonder que sur un système politique sordide et avant tout sur une oppression
militaire implacable. Zéev
Jabotinsky, un dirigeant sioniste (né en Ukraine), l’a exprimé ainsi : «Le
sionisme est une aventure de colonisation et c’est pour cela qu’elle est
dépendante d’une force armée» (son livre «Le mur de fer», 1923).
Raphael Eitan, un chef militaire (de parents
russes), est plus explicite : «La force est l’unique chose qu’ils [les Arabes] comprennent. Nous devons utiliser la force
absolue jusqu’à ce que les palestiniens viennent ramper devant nous» (Journal
Yediot Aharonot du 13/04/83)... L’Ouganda revient de loin : ce pays
a failli en 1903
faire les frais d’un projet d'implantation juive (sur proposition britannique).
A mon sens, l’hégémonie impudente d’Israël est due
à deux facteurs clés : une propension phénoménale à falsifier la vérité,
appuyée sur un vaste réseau de propagande et de désinformation (partie 1)
; le soutien coupable et avilissant des Etats et médias occidentaux (partie 2).
Le présent article se limite au premier.
« Nous avons pris leur pays »
Le peuple palestinien a affaire à un adversaire «sûr de lui et dominateur» (C. De Gaulle,
1967), un adversaire fourbe et d’une cruauté inégalée. Les leaders israéliens
successifs savent s’y prendre pour dire le contraire de ce qu’ils font (ou ce
qu’ils comptent faire). Ils inventent sans relâche les échappatoires et les
esquives, créent les faits accomplis sur le terrain. Lorsqu'ils s'engagent le
matin, c'est pour se rétracter le soir. On déclare devant les caméras que tel
point de passage sera ouvert et l’on s’aperçoit qu’il est (presque) toujours
fermé. On annonce que les pourparlers avec les Palestiniens doivent s’engager
sans condition préalable ; deux jours après, on crée la surprise en posant
une condition sine qua non : reconnaître «Israël en tant qu’Etat juif». On promet à chaque fois de stopper la
colonisation, cependant que les constructions se poursuivent furtivement (plus
de 100 colonies ont été créées depuis les accords d’Oslo).
Les «accords»
signés sont systématiquement foulés aux pieds. Le phénomène a pris une ampleur
invraisemblable. La boutade de Ben Gourion, à cet égard, est très
éloquente :
«Si j'étais un leader arabe, je ne
signerais jamais un accord avec Israël. C'est normal, nous avons pris leur pays» (cité par Nahum Goldmann dans «Le paradoxe juif», 1976). La bravade est prononcée haut et fort, sur un ton plein de morgue
et de dérision.
Le rêve
de Sharon était de refouler (vers n'importe où) plus de 60 % des Palestiniens
de Cisjordanie pour y implanter un million de Juifs (de n'importe où). Des
milliers d’habitations palestiniennes sont démolies régulièrement sous des
prétextes extravagants. Il arrive souvent que des colons s’emparent des maisons
évacuées sous la protection active et prévenante de l’armée. Assister en spectateur à la destruction ou la
confiscation de son foyer, se retrouver dans la rue avec ses enfants et
quelques ustensiles sauvés à la hâte : nul ne peut imaginer ce que les
victimes ressentent. Jamais dans l’histoire, une force d’occupation n’a été
aussi haineuse, aussi inhumaine.
Expatrier
une population (des autochtones), transplanter une autre (des colons)… rien ne
semble mettre fin à la tragédie. L’ordre d'expulsion relève d'un programme
mûrement réfléchi : déposséder et chasser le plus grand nombre possible de
Palestiniens. «Nous devons tout faire, disait Ben Gourion, pour nous assurer qu’ils ne reviennent pas…
Les vieux mourront et les jeunes
oublieront» (18/07/48, voir www.france-palestine.org)...
Le monde, à force de prêter le flanc à la
manipulation, finit par oublier que l'occupation est la cause de toutes les
atrocités. Les Palestiniens sont des sinistrés. Affaiblis par 60 ans de
détresse, trahis par les uns et les autres, ils sont devenus vulnérables. Ils ont perdu la terre, celle
de leurs ancêtres, font face à la fois à une puissance mondiale et à une
puissance régionale ; ils ne bénéficient pas du soutien des médias
internationaux, ne peuvent pas compter sur les Etats voisins...
Embarqués
dans des pourparlers chimériques, ils regardent passer les décennies perdues.
Le train-train est bien connu : la partie israélienne fait mine de négocier et
le médiateur américain est à la fois juge et partie. Les choses étaient pourtant
claires, comme le
clamait Z. Jabotinsky : «Une réconciliation volontaire avec
les Arabes est hors de question,
que ce soit maintenant ou dans le futur» (son livre «Le mur de fer», 1923). On comprend
pourquoi le «processus de paix» – dont la simple évocation semble
aujourd'hui suffire en elle-même – a l’air d’un canular reproductible à
l’infini. Les mots sont en train de prévaloir sur les faits.
Bluffs et leurres à la pelle
Les
extrémistes sionistes – comme jadis les Blancs d’Afrique du Sud – savent
légitimer leurs tueries, diaboliser leurs
victimes. Ils recourent toujours aux mêmes rengaines : celles de «la
menace de destruction d'Israël»,
des «juifs jetés à la mer», de la «montée de l'antisémitisme en Europe»,
des «liens terroristes internationaux»,
du droit à la «légitime défense»... Les
artifices sur mesure, dont sont truffés les manuels d’histoire, font le lit de
l’extrémisme israélien, décuplent la violence et la haine à l’égard du Palestinien.
Farder la vérité est
une armature essentielle du projet sioniste. Un certain général
Matityaha Pelet l’admettait, explicitement et en connaissance de cause :
«La thèse du danger d’un génocide qui
nous menaçait en juin 67 et qu’Israël se battait pour son existence physique
était seulement du bluff…» (Journal Ha’aretz du 19/03/72). Un bluff qui a partout très bien pris.
Vous voulez savoir comment
raisonnent les leaders sionistes ? La déclaration de Netanhyahu, à cet
égard, est assez caractéristique : «Israël aurait dû exploiter la répression des manifestations en Chine
lorsque l’attention du monde s’est focalisée sur ce pays, pour mettre à
exécution des expulsions massives parmi les Arabes des territoires»
(Journal Hotam du 24/11/89).
Comment peut-on se fier aux simagrées étalées sur la scène ? Les forfaits
du sionisme, c’est ce qui se passe derrière les décors, hors de la vue du
spectateur.
Des civils sont-ils tués sur la plage de Gaza par un obus israélien ? On produira «l’information» selon laquelle une mine posée par le Hamas est à l’origine de l’hécatombe… et les médias (à la botte des lobbies ou par réflexe conditionné) marchent tête baissée. Le nec plus ultra de la perfidie, c’est lorsque les alliés inconditionnels sont assaillis pour leur «manque» de dévouement à la cause du sionisme. Témoin le site «La voix de la communauté juive en France» qui s’en prend aux médias français, accusés de «partialité et de dénigrement systématique d’Israël» !... Déroutant, n’est-ce pas ? Il suffit de voir le parti pris véreux de France 2, RFI, Arte et France 24 en faveur des menées israéliennes pour mesurer l’ampleur de l’intoxication sioniste. Et voilà que le 2 août dernier S. Peres accuse l’establishment britannique d’être «profondément hostile à Israël» et de «prendre parti pour les Arabes» ! Il ne faut pas avoir peur de trop forcer sur les leurres (et les jérémiades)…
Dirigé par une
extrême-droite machiavélique, l’Etat colonial prône ouvertement l’épuration
ethnique. C’est un Etat au-dessus des lois, dont l’armée
est prédisposée à piller, affamer et massacrer des civils. C’est par ailleurs un
espace où règne une atmosphère d’animosité et de
violence impitoyables – du fait non pas de «l’ennemi»
en face, mais bien de la manière dont les israéliens se comportent les uns avec
les autres. Les ashkénazes manifestent un mépris hautain à l’égard des sépharades et des
arrivants d’Europe de l’Est ; les ultra-orthodoxes et les laïcs
ne cessent de s’entre-déchirer ; les falashas noirs, mal aimés et mal
lotis, doivent batailler pour survivre... Un tissu social hétéroclite et profondément déséquilibré, c’est le poison quotidien de l’entité sioniste.
Qu’importe, la machine de propagande a réussi à
faire passer les agresseurs pour des êtres évolués, «acquis aux valeurs de l’Occident», assaillis de toutes parts par
des brutes incultes, sans foi ni loi. Cela ne vous rappelle-t-il pas les films
westerns des années 50 et 60, où les indiens personnifiaient toujours les
barbares, les «méchants» ?... Le vocabulaire utilisé participe à la
mystification : le terme «conflit»
permet de faire l’impasse sur l’acte de spoliation, en laissant sous-entendre
qu’une lutte armée a lieu entre deux Etats aux motivations contradictoires.
L’opinion internationale a vite gobé la distinction entre les colonies «légales» et les colonies «irrégulières»
ou «sauvages». S’agissant d’expulsions, de démolition de logements, de
piraterie en haute mer, d’assassinats de civils, on dira par exemple «la Knesset a voté…», «la haute cour a ratifié…», «conformément à telle loi», etc. Les crimes sont accoutrés
d’une parure de légalité et, là encore, les médias (y compris arabes) suivent
tête baissée.
Qu’en
est-il maintenant de ce subterfuge nommé « terrorisme » et de
l’histoire des « bêtes marchant sur deux pattes » ? C’est
l’objet du prochain billet.
Thami BOUHMOUCH
Aoùt 2010
Aoùt 2010
Article publié en septembre 2010 in :
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