Les collusions suspectes
«S'il nous faut accepter tout ce qui est comme il est, dans toute sa dimension tragique de non-sens radical, comment éviter l'accusation de complicité, voire de collaboration avec le mal.» Luc Ferry
Armés jusqu'aux oreilles, les
soldats de «Tsahal» ont la bride sur
le cou. Ils ont le courage de gifler des femmes âgées, de bastonner des enfants
ou les utiliser à l’occasion comme des boucliers humains (lors de l’attaque de
Gaza), de tuer des journalistes à bout portant (flottille humanitaire,
entre autres), d’assassiner de sang froid des militants pacifistes
(Rachel Corrie écrasée par un bulldozer blindé en 2003 à Gaza). Ils ne s’en veulent pas de regarder
une gamine pleurer à coté des cadavres de ses parents (à Jenine jadis, comme à
Gaza). L’armée d’occupation a utilisé des
bombes au phosphore blanc dans ses attaques à Gaza. Le
Protocole interdisant l'utilisation d’une telle arme la considérait comme un
crime de guerre. Voila qu’on apprend qu’Israël, ayant «refusé» de signer ce protocole, ne peut être formellement accusé. Les choses sont simples en effet,
pourquoi les compliquer ? Lorsqu'on a la caution des Américains, on ne
s'encombre pas de scrupules.
Un parti pris avilissant
Les actes meurtriers d’un
Milosevic en Bosnie et au Kosovo sont-ils plus ignobles que ceux que Sharon,
Moufaz et Ben Elliazer ont perpétré hier à Jenine et Ramallah, ceux de Barak,
Olmert et Netanyahu aujourd’hui à Gaza ? Sarkozy, sans hésitation, a dit un
jour du Président Ahmadinejad : «il
bafoue les idéaux et les valeurs inscrits dans la déclaration universelle des
droits de l’homme». Mais il faut beaucoup de cran pour importuner ces
scélérats notoirement connus. Le Tribunal Pénal International s’acharne
volontiers sur Omar Al Bachir, mais ne lui demandez pas de s’en prendre aux
commanditaires des crimes sionistes. Une juridiction qui tend – au grand jour –
à fustiger les uns et épargner les autres est un véritable affront.
Du temps de Bush, grâce à la
formule magique du «11 septembre»,
les Etats-Unis ont assumé plus que jamais le rôle de Satan sur la scène
internationale. Lui et son entourage avaient l'aplomb de parler de combat du «Bien contre
le Mal». On tenait un discours
réducteur : le Bien devait triompher mordicus du Mal. Si vous n’êtes pas avec
nous, vous êtes contre nous. Pourtant, c'est avec l'arsenal fourni par les
Américains et leur soutien sans retenue que les tueries sont commises
périodiquement dans les villes palestiniennes.
Que dire des dévastations
perpétrées par l’armée américaine en Irak, du million de tués depuis 2003 ? On
peine à comprendre la nécessité de bombarder des monuments millénaires, de
saccager des musées, d’abattre à bout portant un homme et sa femme parce qu’ils
s’opposent au viol (collectif) de leur fille… Que faut-il penser des bombardements
récurrents de civils en Afghanistan et au Pakistan ?
Ce sont toujours les mêmes qui pâtissent du droit de veto à l'ONU, du précepte infâme des deux-poids-deux-mesures. L’opinion mondiale et les médias –maintenus sous anesthésie – ont fini par s'y faire. La volonté de l'Iran d'accéder à la technologie nucléaire met en transe les grands de ce monde. Quant à l’arsenal de l’Etat sioniste, motus et bouche cousue ! A la demande des Etats-Unis, Israël n’a jamais reconnu officiellement être une puissance nucléaire. C’en est une évidemment depuis 1967. Sur un ton narquois, on nous explique que l’Etat juif n'a pas signé le traité de non-prolifération nucléaire (contrairement à l'Iran) et donc n'est pas «légalement» soumis aux contrôles de l'AIEA. Si vous n’avez pas signé, vous êtes absout : l’argument n’est-il pas ingénieux ?
Aujourd’hui, on s’apprête à serrer le
cou de l’Iran : la poigne est américaine mais c’est Israël qui manie
l’aiguillon... On voudrait détruire ce pays, héritier de grandes civilisations, pour «découvrir» après coup qu’il ne fabriquait pas d’armes nucléaires.
Du déjà vu, non ?
Les Etats-Unis, nul ne peut en douter, s’investissent
volontiers dans des actions humanitaires
massives dans le monde (le séisme à Haïti a mobilisé l'aide d'urgence du
gouvernement et suscité la générosité du public)… Une vérité surgit
néanmoins : en deçà des frontières, les Américains sont assurément des
démocrates et respectent les droits de l’homme ; au-delà, s’il le faut,
ils se comportent avec une désinvolture et une brutalité impitoyables.
Ils
n'hésitent pas à se ravaler en s’acoquinant avec des chefs sionistes aux mains
maculés de sang. Hier, ils multipliaient les éloges en direction de Sharon et
le qualifiait d’ «homme de paix», en dépit de ses forfaits
notoires. Aujourd'hui, ils s’inclinent devant Netanyahu et Barak. Les
dirigeants arabes «alliés», quant à
eux, sont amplement responsables du rapport de force qui prévaut au
Moyen-Orient. A force de ployer sous les pressions et chantages, ils sont
désormais déconsidérés...
L'aide militaire américaine
à l’Etat colonial est considérée, tenez-vous bien, comme «un investissement à long terme pour la paix». Cela permet de
déverser des bombes sophistiquées sur les villes palestiniennes, en particulier
celles à guidage laser et par satellite. Mais gare à la Syrie si elle se met
dans la tête d’armer le Hezbollah. «C’est
pas du jeu» !
«Nous, les juifs,
contrôlons l’Amérique»
Les colonies juives utilisent par habitant 20 fois plus
d'eau que les localités palestiniennes voisines (rapport d'Amnesty International, juin 2010).
Des Palestiniens malades, par centaines, meurent à petit feu parce qu’on leur
refuse le droit de partir se soigner à l’étranger. Le statut de la bande
de Gaza est
unique : ce n’est ni un pays indépendant, ni un territoire occupé (stricto
sensu). C’est un vaste camp de détention à ciel ouvert, livré à la générosité
internationale. Le geôlier n’assume aucune responsabilité vis-à-vis des
prisonniers, mais s’adjuge le droit de les bombarder régulièrement. Aucune aide
humanitaire ne doit y parvenir et ses initiateurs sont assassinés au grand
jour. Si au moins les pêcheurs pouvaient aller en mer sans essuyer les tirs des
soldats israéliens...
Dans les pays arabes et musulmans, le ressentiment est à
la mesure des injustices. Du coup, les Etats-Unis se décident à lancer deux
stations de propagande en langue arabe : la radio Sawa et la chaîne de
télévision (satellitaire) Al hurra. Obama a même été au Caire pour clamer «Assalam Alikoum», deux mots qui avaient
soulevé une grande ferveur... Quelque chose a-t-elle changé depuis lors ?
Obama a-t-il reconnu les horreurs commises en Irak ? A-t-il essayé
d’arrêter la colonisation de la Palestine ? A-t-il levé le blocus inhumain
sur Gaza ?... A cet égard, la réplique d’Ariel Sharon à Shimon
Péres est assez édifiante : «Chaque fois que nous faisons quelque chose, vous me dites que
l’Amérique fera ceci ou fera cela … Je vais vous dire quelque chose de très
clair : ne vous préoccupez pas de la pression de l’Amérique sur Israël. Nous,
les juifs, contrôlons l’Amérique, et les Américains le savent» (Radio Kol Yisrael, 03/10/01).
Les
citoyens américains, connus
pour leur mauvaise perception des événements hors frontières, supportent une charge morale très lourde. Ils sont indirectement impliqués, du fait
qu’ils vont aux urnes et qu’ils peuvent toujours exprimer leur désaccord (les
armes sont fournis aux frais du contribuable). Il est vrai que les choses
changent : selon un sondage
commandité par la BBC entre décembre 2009 et février 2010, 40 % «seulement» de l’opinion américaine est
favorable à la politique israélienne, contre 47 % l’année précédente...
Les
Etats européens sont eux aussi complices des menées d’Israël et confortent son
sentiment d’impunité.
Sur les chaînes de télévision, par exemple, les forfaits sionistes sont
soigneusement déguisés, suivis aussitôt et sans la moindre sensibilité morale
d’une «page de sport». L’accord de
libre échange UE-Israël, présuppose le respect des droits de l’homme par les
parties contractantes. Dans ce cas particulier, ne s’agit-il pas d’un vœu
pieux ?
Le sang et les larmes coulent depuis trop longtemps. Les
Palestiniens ne possèdent ni bombardiers, ni missiles, ni armes bactériologiques.
Ils sont agressés au quotidien, ne comptent plus les morts et les estropiés. A
la fois courageux et vulnérables, ils affrontent (symboliquement) des blindés
de 60 tonnes avec des pierres… Israël a profité sans vergogne du silence et de
la complicité des grandes nations. Celles-ci, à n’en pas
douter, devraient rendre des comptes
pour non-assistance à peuple en danger.
Le monde aurait espéré voir ces nations prendre position en faveur des
victimes, en accord avec les règles de la morale ou par honnêteté intellectuelle...
Il a fallu qu’elles soutiennent le plus fort, accablent le plus faible. C’est
ainsi que le rapport Goldstone est discrédité, que l’Etat colonial est
exempté de ses responsabilités devant le droit international, que les condamnations ne sont jamais suivies
de sanctions.
Des Etats-Unis, les dollars
affluent et vont directement aux colonies de Cisjordanie et de Jérusalem. La
France, en avril dernier, a tenu à «honorer
la mémoire» de Ben
Gourion, en lui dédiant une esplanade dans sa capitale. Rappelons qu’entre 1947 et 1948, sous les ordres
de ce criminel
de guerre (venu de
Pologne), 532 villages arabes ont été détruits, près de 15.000 Palestiniens
tués, 84 % de la population contrainte à l’exil. On est beaucoup moins horrifié
par les tueries commises par l’Etat juif que par la bénédiction accordée par
les dirigeants occidentaux.
L’attaque irresponsable du
bateau turc dans les eaux internationales a provoqué, contre toute attente, une
prise de conscience à l’échelle mondiale. Les citoyens du monde épris de
justice et moralement libres sont appelés à prendre les devants, à l’instar de
ceux qui ont triomphé jadis de l’apartheid. Vu le rapport de force, la
résistance héroïque des Palestiniens ne peut suffire. Il s’agit de retrouver sa
dignité, de mettre le holà au terrorisme d’Etat qui a trop duré. Des artistes
déclineront les invitations ou annuleront leurs représentations en Israël, des
institutions financières arrêteront d’investir dans son industrie, de plus en
plus de produits provenant des colonies seront boycottés… A l’heure actuelle,
150 artistes irlandais lancent une campagne de boycott de l’Etat juif pour
protester contre ses agissements meurtriers en Palestine. Le crime se retournera contre ceux
qui l’ont commis.
Les juifs en terre
d’Islam
Un Etat
binational mêlant les deux peuples ? Au point où on en est, c’est
peut-être une solution… Encore faut-il reconnaître les crimes perpétré depuis
60 ans, restituer les terres volées, indemniser les victimes, permettre le
retour des familles exilées, instaurer la justice. Nul ne dira que c’est
facile, mais c’est la condition sine qua non.
Ici, deux déclarations caractéristiques (et sans masque)
méritent mention : «Nous réduirons la population arabe
à une communauté de coupeurs de bois et de serveurs» (Uri Lubrani, cité par
Sabri Jiryias in «The Arab in Israël», 1960 – www.aredam.net). «Nous devons tuer tous les palestiniens à moins qu’ils ne soient
résignés à vivre en tant qu’esclaves » (Chairman Heilbrun,
octobre 1987 – www.anti-imperialisme.com)… Aujourd'hui, à la
lumière de ces discours
haineux, nous voyons ce que les juifs font aux Palestiniens et
l’histoire n'a de cesse de se rappeler à nous. Comment les juifs vivaient-ils
jadis en terre d’Islam ? Voici une bribe d’histoire.
En Espagne et Portugal musulmans (Al Andalus du VIII è au XV è siècles), la minorité juive – auparavant combattue et persécutée – avait droit à la protection et la sécurité, occupait dans la société une place reconnue et stable. Alors que le roi wisigoth (de 680 à 687) se proposait d’extirper «la peste judaïque», les Musulmans assuraient aux juifs des droits effectifs, une liberté de culte et de pensée jusque-là inconnue.
En Espagne et Portugal musulmans (Al Andalus du VIII è au XV è siècles), la minorité juive – auparavant combattue et persécutée – avait droit à la protection et la sécurité, occupait dans la société une place reconnue et stable. Alors que le roi wisigoth (de 680 à 687) se proposait d’extirper «la peste judaïque», les Musulmans assuraient aux juifs des droits effectifs, une liberté de culte et de pensée jusque-là inconnue.
On retrouve le même climat de tolérance et d’humanité dans
l’Empire ottoman (XIVè au XXè siècles) : les juifs y trouvaient une terre
d’accueil favorable à leur épanouissement économique, culturel et religieux. On
raconte que des négociateurs européens avaient fait pression sur le pouvoir
ottoman pour que les juifs soient écartés du commerce international. Mais la
requête fut refusée… Sur l’île de Buyukada,
au large d’Istanbul, le touriste aujourd'hui peut voir les magnifiques
résidences d’été occupées jadis par la bourgeoisie juive. C’est assez
significatif de l’atmosphère de bienveillance et de concorde exemplaires qui
régnait à l’époque…
On
s’aperçoit vite que le sionisme est une calamité pour les juifs
eux-mêmes (voir : www.nkusa.org).
Thami BOUHMOUCH
Août 2010.
Sites où l'article a été publié : cf. partie 1/3.
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