Série : Marketing stratégique
La stratégie, nous l’avons vu, se traduit par un
plan suivant lequel une organisation espère atteindre ses objectifs. (1)
C’est un document écrit qui précise, pour une période déterminée, la politique
commerciale d’ensemble. Le plan annuel ou
plan d’action commerciale – inscrit dans un plan à moyen terme (ou plan à trois ans) – détaille
les programmes pour une durée d’un an.
Comment le plan marketing est-il rédigé, quel est son contenu ?
Il se révèle qu’il
n’y a pas de norme stricto sensu, ni de modèle idéal de plan. Chaque
entreprise élabore son plan à sa manière avec un contenu et une structure
propres. Pour autant, selon une tradition établie, la plupart des plans comportent
à peu près les mêmes rubriques. Ils indiquent en règle générale le contexte du marché,
les chiffres d'activité à atteindre, la stratégie adoptée,
le détail des opérations à mener, les ressources
et moyens matériels à mettre en œuvre, la désignation des
responsables concernés,
les échéances correspondantes,
les prévisions financières et le système de contrôle. Ces éléments sont tous indispensables.
Le plan marketing comprend donc, sous une forme ou
une autre, les 7 rubriques suivantes :
1. Résumé représentatif du plan
Ce sommaire (business summary) d'environ deux pages fournit à
la direction générale une vue globale des choix et des résultats souhaités. Il synthétise
les grandes lignes du projet commercial de l'entreprise : l’état du
marché et les faits majeurs, les objectifs visés (CA, PM, volume de clientèle),
les orientations stratégiques retenues, les principaux programmes et recommandations.
Un tel préambule doit
normalement inciter à une lecture de l’ensemble du plan marketing.
2. Analyse de la situation marketing
Elle met en avant les éléments essentiels d’appréciation
du milieu dans lequel évolue l'entreprise – éléments qui ont un impact majeur
sur la prise de décision et sur les actions à mener. On y trouve des données
sur l’environnement immédiat (concurrence, consommateurs, fournisseurs,
intermédiaires) et sur l’environnement général (macro-tendances principales).
Cette analyse, d’un autre côté, porte sur le
potentiel de l'entreprise : sur ses ressources et
ses compétences, comme sur ses moyens d’action (produits, ventes, PM, niveaux des marges, segments de clientèle, axes
publicitaires, prix pratiqués…).
La confrontation des résultats de l’audit interne (état des lieux) avec l’appréciation du marché et son environnement donne lieu au diagnostic SWOT
: dans une matrice, l'analyse des attraits/atouts
dégage les principales opportunités et menaces, forces et faiblesses. On
recommandera ainsi de surmonter ses faiblesses, de se protéger des menaces, de maintenir
et consolider ses forces, de saisir les opportunités. (2)
3. Les objectifs marketing retenus
Cette rubrique décrit de manière détaillée et quantifiée ce
que l’organisation cherche à obtenir comme résultat
final,
en termes de chiffres d'affaires, de ventes en volume, de part de marché et de profit ou marges.
Les objectifs marketing globaux, qui constituent eux-mêmes
des sous-objectifs des buts de rang supérieur, sont déclinés (concrétisés) sur
l’année en objectifs spécifiques. Par exemple : « augmenter ses
ventes de x % », « maintenir le niveau de rentabilité à y % »,
« conquérir une part de marché de z % sur le nouveau segment »… Il
importe de bien noter le lien nécessaire entre ces chiffres et le diagnostic
fondé sur les éléments factuels. Un objectif commercial résulte de
l'analyse SWOT ; on ne peut le fixer avant. (3)
4. La stratégie marketing
Il est question ici des orientations marketing à
moyen/long terme qui seront suivies pour atteindre les objectifs définis. Sont spécifiés
ainsi les cibles de clientèle visées (segments porteurs), le positionnement de la gamme de produits, la place souhaitée de
la marque dans l’esprit du public…
De même, des indications sont fournies concernant les
politiques de produit (nom, qualité…), de prix (écrémage ou
pénétration), de communication (axes privilégiés, investissements), de distribution
(canaux, degré de couverture).
5. Les programmes marketing
Le plan annuel ou
plan d’action commerciale est axé sur le marketing mix
retenu. Il y sera question par exemple d’une augmentation donnée des ventes, du développement de nouveaux produits, de
mesures de motivation des vendeurs, d’actions auprès des distributeurs…
Pour chaque action, on indiquera ce qui doit être
accompli, à quel moment, par qui et avec quels
moyens. Sont ainsi précisés les tâches
à effectuer suivant un planning (calendrier), les principaux intervenants (personne,
équipe ou service),
les ressources allouées (matérielles,
humaines, financières) et les démarches préconisées.
On formulera de façon détaillée notamment les actions portant sur le produit, les prix, l'image et
la notoriété, les actions de vente ou de promotion, la gestion de l'équipe de
vente, les actions de prospection et de suivi de la
clientèle, les actions de communication à développer, etc.
Au passage, notons que le manque de précision dans le
chiffrage des moyens à mettre en œuvre ne facilitera pas le travail des équipes
et la réalisation concrète des buts poursuivis.
6. Estimation des budgets et rendements
L’application
du mix nécessite des dépenses. Planifier, c’est aussi prévoir les modes de
financement. Le plan d’action, sur la base d’une évaluation
des coûts afférents à chaque action commerciale, évalue les ressources allouées. On établit donc les
budgets nécessaires.
Là aussi, il y a une règle : « Il faut avoir les moyens de sa stratégie
et la stratégie de ses moyens ».
Outre le coût des programmes, il s’agit aussi d’évaluer les rendements attendus. On établit alors une prévision
financière des résultats souhaités, de ce que chacune des opérations doit rapporter. Tous ces calculs sont
effectués en
concertation avec la direction financière.
Encore une fois faisons attention : un budget insuffisant
ou calculé au plus juste peut mettre en échec les décisions précises. De plus, fixer
un budget global pour le mix-marketing sans détailler les postes ne permet pas
d’allouer les ressources aux actions de manière adéquate.
7. Le système d’évaluation des performances
La planification suppose et prépare le contrôle des
opérations. Il
est nécessaire de réagir aux imprévus, de vérifier, d'ajuster. Ce système précise le mode de suivi et d'évaluation du travail
réalisé
et peut même prévoir des plans de contingence… Ce
point est l’objet du prochain papier.
Thami BOUHMOUCH
Novembre 2015
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(1) Cf. mon papier La stratégie marketing se traduit par un plan d’action. http://bouhmouch.blogspot.com/2015/11/la-strategie-marketing-se-traduit-par.html
(2) Au sujet
des analyses interne et externe, cf. papier précédent : Synthèse
SWOT/LCAG : les éléments identifiés sont confrontés. http://bouhmouch.blogspot.com/2015_08_01_archive.html
(3) Cf. mon papier : Un objectif commercial
doit être opérationnel. http://bouhmouch.blogspot.com/2015/09/un-objectif-commercial-doit-etre.html
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