Série : L’acte d’achat
L'information étant
acquise et mémorisée, (1) l’acheteur a en tête un ensemble de critères qui lui sont propres. Sur cette
base, il va procéder à l'examen des options disponibles sur le marché. Souvent,
une multitude de produits et marques s'offrent à lui pour répondre à ses exigences.
Or seules quelques-uns sont évalués…
D'ordinaire, en
effet, le consommateur ne connaît pas ou/et ne considère pas toutes les marques
en concurrence. Concernant les PC par exemple, il connaît et apprécie Toshiba, Samsung,
hp, Sony, mais pas Asus, ni Fujitsu. Seules donc quelques marques sont dans son
champ de conscience et donc vont faire l'objet d'une évaluation. Elles
constituent l'ensemble de considération ou ensemble évoqué – c'est-à-dire la catégorie
perceptuelle des options que l’individu connaît, examine et considère comme acceptables
pour un achat éventuel.
S’agissant de
produits courants, le sujet n’a en général pas plus de cinq marques à l’esprit.
Sa capacité de traitement de l'information reçue étant limitée, une telle restriction
permet justement de faciliter la prise de décision. En fait, « il
apparaît que la formation de l’ensemble de considération dépend des contraintes
ou des critères de choix qu’elle [une personne] se donne. On découvre ainsi que
lorsque les contraintes de choix sont importantes, l’individu limite la taille
de son ensemble de considération ». (2)
Le consommateur
retient des critères
La plupart des
modèles accordent une place de choix aux processus cognitifs. L’acheteur, avant
de juger les marques de l'ensemble évoqué – et indépendamment d’elles – retient
d’abord un ensemble restreint de caractéristiques, critères ou attributs déterminants.
Ces attributs, qui vont guider la recherche et l'évaluation, définissent l'état
souhaité pour un problème déterminé.
Le nombre des critères de
choix est faible ou élevé selon les produits. On retiendra par exemple le prix
et la longévité pour les piles électriques ; le prix, l'esthétique, la
solidité, le confort pour les chaussures ; la fiabilité (réputation de la
marque) ; les capacités du disque dur et de la mémoire, le prix, la
garantie pour un micro-ordinateur.
Dans le cas de
l’automobile, comme l’a révélé le baromètre réalisé à Casablanca en mai 2010, 6 critères essentiels (dans l’ordre) conditionnent la décision
d'achat : la fiabilité, la performance, le rapport qualité/prix, l’esthétique/design,
le prestige/image et le confort. (3) Parmi les mobiles d'achat, le
pays d'origine est décisif : tout comme il existe des femmes qui choisissent
un parfum parce qu'il vient de Paris, il existe des hommes qui achètent une
voiture parce qu'elle vient d’Allemagne.
La
décision d'achat des articles de sport est généralement motivée par
l'esthétique du produit, l'effet de mode et la réputation de la marque. Ce
dernier critère est décisif : « même si une chaussure fait mal aux
pieds, elle aura toujours un preneur, parce que c'est une marque bien connue »,
disait en substance le manager de New Balance. Le cas des médicaments est très
particulier : la décision revient au médecin et les critères de choix sont fixés
scientifiquement, tels la performance de la molécule et le mode
d'administration (comprimés, suppositoires, injectables).
Il est à noter que
les critères ne sont pas les mêmes pour tous les acheteurs mais on peut les
identifier (enquête) pour un segment donné. On notera également, si l'on se
réfère au modèle de Howard/Sheth, que l’individu ne connaît pas toujours
les critères appropriés à l'achat qu'il compte effectuer. Ainsi
lorsqu'il est en présence d'un produit totalement nouveau, il ne sait pas
exactement sur quels critères, à part le prix, appuyer sa décision.
Les attributs
examinés sont toujours jugés selon leur importance relative
ou leur poids dans le choix final, c'est-à-dire selon les besoins, les désirs, les
priorités propres à chaque consommateur. D'où leur pondération. Certains
apparaissent comme fondamentaux, d'autres beaucoup moins.
Dans le cas du crédit
bancaire, les critères sont principalement le taux d'intérêt, la durée de
crédit, la quotité de financement (fraction supportée par la banque). La
pondération varie alors en fonction de l'épargne et du revenu du demandeur. Concernant
le transport aérien, l'influence du prix varie selon les segments. Le
vacancier, l'étudiant, le travailleur cherchent le meilleur rapport
qualité/prix et surtout le tarif le moins élevé. L'homme d'affaires se soucie
du confort avant tout et tient à arriver à l'heure, le prix n'étant pas
déterminant dans sa décision.
Le consommateur évalue
les options
Un
individu a besoin d'un ordinateur. Plusieurs marques sont présentes sur le
marché. Il tient compte bien sûr du prix, mais aussi des caractéristiques
indiquées sur les fiches techniques. S’agissant du microprocesseur, est-il
besoin de dépasser la capacité de 2 GHz ? Et pour la mémoire vive, une capacité
de 2 Go n'est-elle pas largement suffisante pour un usage domestique ?... A ce
stade du processus, les marques en présence (de l'ensemble évoqué) sont jugées/évaluées
selon la performance perçue de
chacune d'elles – au regard des critères retenus (voir figure
ci-dessus). Ces critères permettent, plus ou moins consciemment, de
sélectionner la solution qui répond le mieux au besoin exprimé. L’évaluation
des solutions a lieu principalement dans le point de vente ou sur catalogue.
Les critères de
choix se confondent parfois avec les motivations de consommation.
Par exemple, le souci de diététique (alimentation équilibrée) et la recherche
du plaisir gustatif sont à la fois des motivations et des critères de
comparaison. Lorsque toutes les marques en présence répondent de manière
équivalente à une motivation donnée, celle-ci ne constitue pas un critère lors
du choix. Ainsi en est-il du carburant de voiture : la motivation fonctionnelle
(nécessité d'alimenter le moteur) ne permet pas de différencier les marques ;
l'automobiliste fera donc intervenir des critères correspondant à des motivations
secondaires, telles la qualité d’accueil dans la station-service, la rapidité
et l’accès libre à un appareil de gonflage…
Le problème en fait
est un peu plus compliqué. L'acheteur se forge des croyances personnelles sur la valeur des marques en présence.
Ces croyances peuvent être nettes ou floues, exactes ou fausses. De la sorte, le
sujet adopte une attitude globale
sur chaque marque ; il les apprécie sur les attributs retenus. L'attitude
est précisément le résultat de l'intégration d'une série de croyances vis-à-vis
d’une marque donnée.
Thami BOUHMOUCH
Mars 2015
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(1) Cf. article précédent : Modèle EKB : en réponse à un besoin, l’acheteur s’informe d’abord
http://bouhmouch.blogspot.com/2015/02/modele-ekb-en-reponse-un-besoin.html
(2) R. Ladwein. Le comportement du
consommateur et de l’acheteur, éd. Economica, p. 196.
(3) Cf. L’économiste du
12/05/10 : http://www.leconomiste.com/article/barometre-de-l-automobilebrfiabilite-premier-critere-d-achat
L’étude, commandée par Eqdom, a été effectuée à Casablanca par le cabinet Ipsos Maroc pour cerner les tendances de consommation de la population cible des concessionnaires et organismes de crédit automobile. Elle a porté sur un échantillon représentatif de 1.000 personnes – 500 personnes possédant un véhicule et 500 non possesseurs.
L’étude, commandée par Eqdom, a été effectuée à Casablanca par le cabinet Ipsos Maroc pour cerner les tendances de consommation de la population cible des concessionnaires et organismes de crédit automobile. Elle a porté sur un échantillon représentatif de 1.000 personnes – 500 personnes possédant un véhicule et 500 non possesseurs.
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