En Syrie,
s’agit-il d’une sédition populaire, d’une révolte syro-syrienne ? Si j’écoutais
les chaines Al-Jazeera et Al-Arabia (entre autres), je répondrais rapidement
par l’affirmative… A diverses reprises Bachar Al-Assad
a proposé un dialogue national avec l’opposition démocratique afin de trouver
une solution consensuelle à la crise… C’est bien cette opposition qui a pris
le parti de refuser le débat, aiguillonnée comme il se doit par les comploteurs
à l’affût. Le président syrien
a déclaré : « En Syrie existe une opposition syrienne qui
s’exprime publiquement sans être poursuivie. Les poursuites concernent
essentiellement certains éléments des Frères Musulmans, lesquels sont
considérés par la Loi syrienne et l’État syrien comme une organisation
terroriste devenue encore plus terroriste que jamais. Nous avons déjà dialogué
avec eux suite aux événements des années quatre-vingt, ils ont prouvé qu’ils ne
sont pas honnêtes ». (1)
Normalement, un mouvement
d’opposition s’appuie sur une formation politique interne ayant un fondement
populaire et un programme crédible. Il ne saurait s’asservir à des puissances
étrangères, ni recourir à des mercenaires armés. Un révolutionnaire, conformément au bon sens, ne voudrait que du
bien pour son pays. Il n'assassinerait pas des civils à tour de bras, ne violerait
pas des femmes, ne détruirait pas des édifices, ne minerait pas des zones
habitées. Ce qu'on appelle « rebelles » ou « armée
libre » n'est qu'un ramassis de collabos, de tueurs payés et introduits de l’extérieur.
Les larbins embrigadés suivent les ordres, s’attribuent un semblant
d'honorabilité et courent pour ramasser les oboles. L’impérialo-sionisme à fini décidément par
instaurer une nouvelle donne : la société arabe est désormais déstabilisée
et dévastée par ses propres fils.
En Syrie,
l’Arabie saoudite commande de facto les opérations. Le nommé
Ahmad Jarba, imposé à la tête de cette fameuse « opposition off-
shore », appartient à la même alliance tribale que le roi Abdallah, le
clan Al-Shammar. Le chef des services de renseignements saoudiens
Bandar Ben Sultan disait lors de sa rencontre avec le président Poutine :
« Les groupes tchétchènes, nous les contrôlons, ils ne se rendent en
Syrie qu’après coordination avec nous. Ces groupes ne nous font pas peur. Nous
les utilisons face au régime syrien, ils n’auront aucun rôle ou
influence dans l'avenir politique de la Syrie. […] La Syrie sera
dirigée par un régime modéré et démocratique directement
parrainé par nous ». (2)
L’assaut des charognards
La Syrie fait face à une guerre d'agression.
Rien de moins. Il s'agit d'un combat entre une armée régulière
et des groupes de mercenaires étrangers, armés, financés et mobilisés par des
forces externes. Il s'agit d'une agression planifiée de longue date et exigée par
l’Etat juif. C’est
par les services de renseignement israéliens,
notons-le, que les « preuves » de l’usage d’armes chimiques
ont été fournies à Washington. La Syrie,
depuis des décennies, est en état de guerre latent avec le tandem
américano-sioniste. Un néoconservateur étasunien influent a dit : « Nous ne
voulons de stabilité ni en Irak, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Iran ou en
Arabie saoudite. Nous voulons que les choses changent. La question n’est pas de
savoir s’il faut déstabiliser mais comment le faire ». (3)
Aux yeux de l’Empire, les « fautes »
de la Syrie ne sont pas tolérables : c'est le principal allié du Hamas
(elle en abritait la direction extérieure) ; elle refuse de reconnaître l’occupation sioniste ; elle soutient l'action héroïque du Hezbollah et se complait dans son alliance stratégique
avec l’Iran. Il faut absolument se débarrasser des États
récalcitrants et mouvements hostiles, s’assurer le contrôle de la région et
protéger l'Etat juif. Pour établir l’ordre, les extrémistes étasuniens sont décidés à massacrer
une multitude de civils syriens et déstabiliser toute la région.
Les faits sont consternants : l’un
des berceaux de la civilisation arabo-musulmane est assailli par une nuée de
criminels crapuleux, de djihadistes et charognards incultes. Tous les jours,
cinq cents nouveaux mercenaires entraient dans le pays. On a même embauché dans
les banlieues françaises, en proposant semble-t-il des mensualités de 5.000
euros… En novembre 2011, Le Canard enchaîné révélait déjà
que des agents de la DGSE œuvraient pour déstabiliser la Syrie. Il était question
d'opérations de formation et de soutien aux groupes terroristes pour ce qui est
des transmissions et de l’artillerie. La CIA bien sûr était aux premières loges
: elle opérait dans le sud de la Turquie où elle était impliquée dans l’entrainement
et l’acheminement d’armes (financées par les monarchies aux ordres). Même les
services secrets allemands (BND) ont donné un coup de main avec leur
frégate-espion.
Refus des diktats
Les
pousses-au-crime se grisent de leur puissance. Dans leur élan fanatique, ils
s’en mêlent les pinceaux : il y a peu, le ministre de la défense
britannique s’est mis en colère contre le président syrien en l’appelant Saddam
Hussein… Prôner le
meurtre est devenu une qualité diplomatique. Qu’importe les vies humaines et les droits de l’homme, au diable la
justice et la morale. L’objectif est de disloquer le monde arabe, d’y instaurer
la terreur et le chaos de façon permanente. Les maitres sionistes se
frottent les mains, eux qui ont souhaité la décomposition de la Syrie en
petits cantons confessionnels, alaouite, druze, sunnite et kurde, etc.
Il ne suffit pas de dire que le président syrien « n’a rien fait pour libérer le
Golan ». On
sait qu’il n'a jamais cherché à plaire, n'a jamais voulu se plier aux diktats
des faucons de Washington (question palestinienne, soutien aux mouvements de
résistance, relation avec l'Iran). Il y a plus de 10 ans, Colin Powell lui avait
demandé d’expulser de Syrie toutes les factions palestiniennes vers n’importe
où dans le monde. Al-Assad lui avait répondu : « lorsque nous
expulsons une personne c’est pour la rapatrier et dans ce cas précis il
faudrait nous dire si le rapatriement est possible ». (4) Powell
avait demandé également de cesser toute forme de soutien à la Résistance libanaise,
de refuser l’entrée en Syrie à tous les talents scientifiques irakiens. (5)
Le président avait dit non à ces exigences ignobles… Il était devenu un
empêcheur de tourner en rond.
Que veut
l’impérialisme en Syrie ? Les choses sont claires : installer un régime
complice et fidèle, détruire définitivement l’axe de résistance
syro-libano-iranien, instaurer un Moyen-Orient entièrement soumis à l’Etat
juif, un Moyen-Orient où tous les dirigeants obéiront au doigt et à l’œil. Pour l’Occident, la vassalisation
des pays du Sud est bel et bien vitale, sans quoi il se retrouverait démuni et
vulnérable. Les
va-t-en-guerre persuadent l’opinion qu’ils n’agissent pas pour obtenir des
avantages économiques ou stratégiques (pétrole, gaz, etc.), mais bien pour
éliminer de graves menaces. A ce
titre, Olivia Zémor a écrit :
« Leurs intérêts, qu'il s'agisse de renflouer les marchands d'armes,
d'expérimenter leurs dernières inventions mortelles, de venir à bout de
mouvements qui osent résister à Israël comme le Hezbollah, ou encore
d'affaiblir un maximum de nations en encourageant les guerres de clans, ne sont
pas les nôtres ». (6)
Mais les
choses ne sont pas aussi faciles qu’on l’imaginait. L'armée syrienne a fait son devoir
avec détermination : les morts dans les rangs des terroristes armés se comptent
par milliers. Manifestement, le « régime » de Bachar
Al-Assad est soutenu par la grande majorité des Syriens : sans un authentique appui populaire, occulté
justement par les médias alignés, aurait-il pu résister et repousser
l'offensive criminelle ?
Subversion médiatique
La Syrie est soumise à une guerre
médiatique planétaire sans précédent. Le processus de diabolisation des dirigeants
gêneurs est un préalable à l’agression. Chaque
grande guerre commence par des médiamensonges odieux. Hier : le Vietnam,
l’Irak, la Yougoslavie, la Côte-d’Ivoire, la Libye ; aujourd’hui, la
Syrie ; demain, le Soudan et l’Iran…
Les contrevérités
au sujet de la Syrie aujourd'hui sont incroyablement démoniaques. Il faut bien
comprendre que les médias officiels sont ouvertement colonisés par le sionisme.
Ils excellent dans l'art de propager les ragots et de fabriquer l’opinion
publique. Regardez les chaînes de télévision satellitaires : les présentatrices
(potiches) nous ressassent ad nauseam les mêmes contes, les mêmes
fadaises. Lisez les médias occidentaux : ils savent que leurs lecteurs ont la
mémoire limitée, qu’ils ne feront jamais l’effort de séparer le grain de
l’ivraie. La meute médiatique a déjà endossé l’habit du juge, du jury et du
bourreau. Les agents de la manipulation ne sont pas seulement des imposteurs, ce sont
des dangers publics. La désinformation est devenue la véritable arme de
destruction massive.
Les citoyens européens et américains
ne comprennent pas le problème syrien et se laissent facilement mystifier par
les grands
tambours de l’impérialo-sionisme.
On a menti à propos de Bachar Al-Assad, comme on l’a fait à propos de
Saddam Hussein, du mouvement Hamas (« ces Islamistes qui ne veulent pas la paix »), de Nasrallah (« un terroriste soutenu par la Syrie et l’Iran »), de
Chavez (despote, populiste »), d’Ahmadinejad (« terrible dictateur »)… Des images
truquées épouvantables sont diffusées à longueur de journée. Quelle émotion à l’échelle mondiale
devant le cliché d'un petit garçon soi-disant syrien dormant entre les tombes
de son père et de sa mère « exterminés par le régime de Bachar » !
Il s'agit en fait de fausses tombes réalisées dans le cadre d'une mise
en scène. Le petit garçon n'habite pas en Syrie mais en... Arabie
Saoudite. (7)
Même si aujourd’hui
la Syrie n’a pas été bombardée par l’Empire et ses comparses, les dégâts sont hélas incommensurables
: des citoyens ont été terrifiés pendant près de trois ans, il y a des têtes
coupées au sabre et des traumatisés à vie. Les
moyens les plus abjects ont été utilisés pour détruire les habitations et les infrastructures. Des pans de
la population ont été dépouillés, expatriés et réduits à la mendicité (comme j’ai pu le
constater de visu à Istanbul).
Le summum de l'horreur est désormais
atteint : on a vu arriver en Syrie des camions dotés de blocs chirurgicaux
pour le prélèvement d’organes sur les civils capturés ou agonisants
(donc vivants). Les affaires marchent très bien, vu le foisonnement actuel de
greffes de rein et de cristallin dans les cliniques de transplantation en
Israël et en Europe… Comment ne pas avoir un haut-le-cœur et continuer à
répéter « Assad doit partir » ? Disons-le : être
contre l’Etat syrien légitime, c’est être du côté de l’impérialisme pillard et racketteur, approuver le vandalisme
et les crimes à grande échelle.
C’est
l’entité sioniste, au bout du compte, qui tire le plus grand profit de cette diversion
programmée : l’acharnement des médiamensonges a réussi à faire oublier le
drame en Palestine occupée. Derrière l’écran de fumée, les sionistes ont
continué à voler la terre, à assassiner les Palestiniens. Le processus de
destruction des maisons palestiniennes s’est poursuivi à vive allure…
Thami
BOUHMOUCH
Février
2014
Publié in:
- http://www.alterinfo.net/LA-SYRIE-AUX-PRISES-AVEC-LA-SAUVAGERIE-DE-L-EMPIRE_a99605.html
- http://truthfromgod.canalblog.com/archives/2014/02/12/29195638.html
- http://www.jacques-toutaux.pro/article-thami-bouhmouch-la-syrie-aux-prises-avec-la-sauvagerie-de-l-empire-122523850.html
Publié in:
- http://www.alterinfo.net/LA-SYRIE-AUX-PRISES-AVEC-LA-SAUVAGERIE-DE-L-EMPIRE_a99605.html
- http://truthfromgod.canalblog.com/archives/2014/02/12/29195638.html
- http://www.jacques-toutaux.pro/article-thami-bouhmouch-la-syrie-aux-prises-avec-la-sauvagerie-de-l-empire-122523850.html
__________________________________________
(5) Les scientifiques en Irak qui ont
échappé aux assassinats ont été accueillis en Syrie et ont été intégrés dans
ses universités.
(6) Message reçu par mail en octobre 2013.
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