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12 septembre 2020

Les droits de l’animal aux côtés des droits de l'homme

 

Série : Société et culture

 


L’humanité est entrée à maints égards dans une ère de barbarie. Les animaux, domestiques ou sauvages, sont souvent traités comme des choses ; aucun calvaire n’est épargné à ces êtres sensibles au nom de la supériorité de l'homme. Suivant le cas, ils sont délaissés, malmenés, enfermés, affamés, abandonnés, battus, terrorisés ou tués. Ils sont aussi sacrifiés au nom des traditions (foie gras en France), mutilés, massacrés pour leurs peaux ou fourrures. Ils font parfois l’objet d’un véritable carnage (dauphins, baleines, phoques, loups…).

 

Zootechnie sordide et abattages infâmes                

Les animaux subissent les systèmes d’élevage dans des conditions désastreuses. Ils sont privés du minimum vital, de lumière et de liberté de mouvement dans des cages et enclos ; ils sont transportés sur de longues distances sans eau ni nourriture, ni air suffisants ; ils sont surexploités commercialement (veaux privés du lait de leur mère, poussins broyés vivants). Pourquoi faut-il que les lapins et cochons soient enfermés dans des cages métalliques exigües, que les poulets boitent par excès de poids, que les vaches soient souillées d’excréments dans un réduit bétonné ? L’impératif de produire plus de lait ou de viande conduit à des expérimentations infâmes. Les divers procédés de zootechnie transforment physiquement les animaux de façon de plus en plus intense. Des mixtures alimentaires les rendent plus gros, plus lourds, plus productifs, aux dépens de leur santé. Aujourd’hui, par rapport à 1950, les vaches produisent sensiblement quatre fois plus de lait, les poulets grossissent quatre fois plus rapidement. Les répercussions physiques de l’exigence acharnée de surproductivité sont bien visibles : épuisement de l’organisme, déficiences pulmonaires, inflammations de la peau, boitillements, mutilations, crasse alarmante, etc.

Le sort des vaches laitières – sélectionnées pour produire toujours plus, inséminées à répétition – est absolument ignominieux. Mais qu’advient-il des veaux, ces sous-produits de l’industrie laitière, qu'on fait naître pour s’accaparer le lait de leurs mères ? En Europe, ils sont enlevés quelques heures après leur naissance. Choqués et terrifiés, ils sont ensuite castrés et ébourgeonnés (cautérisation des cornes naissantes) sans anesthésie. Ils sont volontairement anémiés par une alimentation pauvre en fer afin que leur viande soit d’une couleur rose pâle appréciée par les consommateurs. Aux Etats-Unis, dans un élevage du Nebraska tenu par un fournisseur de lait du groupe Bels Brand (La Vache qui rit…), des milliers de veaux sont parqués dans des cases individuelles et laissés à la merci des intempéries, parfois jusqu'à en mourir. Ces épreuves sont symptomatiques d’un système implacable qui réduit les animaux à des machines à produire.


Les méthodes utilisées dans l'élevage intensif sont ouvertement cruelles. En France, des dizaines de millions d'animaux sont obligés de passer toute leur vie dans des cages surpeuplées. Il en est ainsi des lapins, des cailles et des poules pondeuses. Les canards et les oies sont en plus soumis au gavage forcé afin de produire du foie gras. Les truies allaitent leurs petits dans des cages tellement exigües qu'elles ne peuvent même pas se retourner pendant des semaines… Peut-être qu’au souci immodéré de rentabilité faut-il adjoindre le plaisir de faire/voir souffrir des êtres qui ne peuvent se défendre ?

Aujourd’hui, face à la pandémie de COVID-19, nous devons changer notre système de production agricole et alimentaire, à commencer par mettre un terme à l'élevage intensif. Les risques sanitaires qui y sont liés sont assez graves pour ne pas s’alarmer. Confinement, promiscuité, densité : les conditions d’élevage industriel favorisent l’apparition et la propagation de bactéries et de virus. Le système qui nous permet de produire des protéines animales fait ainsi souffrir les animaux tout en menaçant notre santé…

Au final, les animaux d’élevage, au bout de leur vie miteuse, font face à une mise à mort cruelle. Dans les abattoirs industriels, les conditions d’abattage sont infâmes. Les employés, armés de divers instruments métalliques, sont loin de comprendre que les animaux qui leur sont livrés sont des êtres conscients et sensibles.

On parle très souvent de l’étourdissement comme d’une méthode garantissant le confort absolu, un procédé qui suspendrait la sensibilité du corps. Rien n’est plus faux : le terme désigne souvent le fait de tirer à bout portant dans le crâne de l’animal ou de l’assommer avec une barre métallique afin de se simplifier le travail. En France, les cochons gazés systématiquement au CO2 endurent une longue et douloureuse asphyxie. Des vidéos réalisées en secret, difficilement soutenables, montrent que cette méthode d’étourdissement est un véritable calvaire pour l’animal, suscitant des convulsions, une détresse respiratoire intense et des réactions de fuite… La bête, asphyxiée ou dégoulinant de sang et encore en vie, est suspendue par une patte à un crochet, puis un employé vient planter son couteau dans la chair. L’animal continue ainsi sa "promenade" sur le rail, parfois se tortillant tellement de douleur qu’il se décroche de son crochet et finit son agonie au sol…

 

Martyres pour distraire la foule


Quand ils ne sont pas tués avec cruauté dans les abattoirs, les animaux sont utilisés pour divers spectacles et festivités. Tous les ans en Espagne, des milliers de taureaux sont torturés avec du feu. De 2 à 5 boules de feux très lourdes sont placées sur leurs cornes ; de ces boules jaillissent des flammes, mais aussi des feux d’artifice. Pour que l’affolement soit maximal, on n‘hésite pas à incorporer un énorme collier de cloches. Souvent, ils sont une douzaine d’animaux épouvantés à courir dans les rues ou sur les places. Le feu les effraie, produit des brûlures sur le corps et dans les yeux. Les terribles brames montrent leur douleur physique et leur stress psychologique…

L’Espagne est en tête de peloton en termes de cruauté animale. Ce pays regorge de fêtes régionales barbares, visant à torturer et tuer toutes sortes d'animaux. Tous les ans, il se rend complice d'actes de cruauté extrêmes envers les chiens : suspendus par le cou pour provoquer une douleur et une agonie visibles, ces animaux sont ensuite brûlés vifs. Les chasseurs, dit-on, croient que plus les chiens souffrent, plus la saison de chasse sera réussie. 

Il en est de même au Pérou, comme dans ces villages où des chiens terrifiés sont attachés sur le dos des taureaux et introduits ainsi dans l’arène de tauromachie, là où ils sont vicieusement tués. Ces actes abominables sont toujours fondés sur des motifs religieux ; ils banalisent la barbarie et insensibilisent spécialement les jeunes qui fréquentent ces festivités ou les regardent à la télévision. Comme ces festivités sont généralement financées par les mairies, on ne peut s’attendre à ce qu’elles soient interdites.

Il semble que les animaux brutalisés soient des boucs émissaires chargés symboliquement des maux socio-économiques ; leur infliger tortures et mutilation, permettrait à la société de "se purifier". Au-delà de ces réjouissances ponctuelles, les corridas sont organisées toute l'année. Il y a même des écoles de tauromachie où les enfants s'entrainent sur des veaux pour apprendre à torturer et donner la mort. De même, les Galgos (lévriers espagnols) sont massacrés et mutilés toute l'année en toute impunité par les galgueros (chasseurs espagnols), etc. A St Martin d'Ardèche dans le sud de la France, des amusements moyenâgeux sont commis régulièrement pour distraire les touristes au détriment des animaux. Des vachettes ou taurillons sont projetés sans ménagement dans une arène. Là, au milieu d'un vacarme épouvantable, ils sont poursuivis par des hurluberlus. Affolés, stressés, ils courent autour de la piste et cherchent en vain une issue pour s'enfuir.

Ce sont aussi les milliers d'animaux emprisonnés et battus pour des divertissements dans des parcs d’attraction, des zoos, des cirques, des courses de lévriers Le parc de Mont Mosan en Belgique organise des "spectacles" de perroquets, de chiens et d'otaries. Il détient également des manchots, des wallabys, des ouistitis dans de petits enclos appelés "Mini zoo". L'argent y est roi au détriment du bien-être de l’animal. On oblige les perroquets à faire du vélo et du skateboard, les otaries à tracter une petite barque avec des enfants à bord, à sauter après une balle, à faire des bisous, etc. On voudrait faire croire aux enfants réjouis que l’animal aime ce qu’il subit… Comment peut-on piétiner le bien-être animal sans le moindre remord ou compassion, comment de tels agissements peuvent-ils encore se produire au sein de l’UE ?

Au pays des Yankees, un rodéo sans violence et sans souffrances n’est pas concevable ! Les animaux-victimes subissent la douleur et l'angoisse. Une sangle trop serrée et des éperons aux pieds du cow-boy servent à exaspérer le cheval et le blesser, pour le pousser à se débarrasser de son cavalier. Sous la selle, on prend soin de placer un objet dur pouvant meurtrir le dos de l’animal. L'épreuve au lasso n’est pas moins éprouvante : le veau terrorisé court jusqu'à 40 km/h et est subitement stoppé par une corde raide qui lui sert le cou, puis il est renversé sauvagement et ligoté par les pattes… Les chocs électriques sont aussi pratiqués au départ de la stalle. L’animal électrocuté sort violemment des starting-gates pour se soustraire à la douleur provoquée… Notons que ces actes de barbarie sont récompensés par des prix !

Il y a enfin les cétacés : ces êtres intelligents, conscients d’eux-mêmes et vivant au sein de structures sociales très évoluées. En captivité, il est avéré qu’ils souffrent d’importants problèmes de santé et de bien-être. Aucun delphinarium, quelle que soit sa taille, ne pourra jamais satisfaire les besoins physiologiques, psychologiques et sociaux  de ces mammifères hautement cognitifs. De plus, comme ces bassins n’ont jamais permis la réhabilitation de dauphins dans la nature, ils n’influent en rien sur la préservation de cette espèce.

 

Supplices et tueries dans les laboratoires et safaris

Aux Etats-Unis comme en Europe, des milliers d'animaux sont torturés dans les laboratoires lors d’expérimentations douteuses La quasi-totalité des marques de cigarettes testent leurs produits sur des animaux. Des chiens, rongeurs, ou singes sont contraints de fumer de 6 à 10 heures par jour, 5 à 7 jours par semaine. Parfois, pendant 5 années consécutives… jusqu’à ce que mort s’en suive. Comment faire pour forcer ces êtres innocents à fumer autant ? C’est simple : on les immobilise dans une cage exigüe, on fixe un tuyau à leur gueule, puis on envoie de la fumée dans leurs bronches en continu. L’utilité de cette abomination : aucune. Ce que dit la loi sur ce point : rien.


S’agissant des safaris en Afrique, on connait bien les photos postées triomphalement sur le web : des crapules écervelées posent fusil en main devant des cadavres de lions, de crocodiles ou d'hippopotames, entre autres bêtes sauvages. Qui a pu fournir les permis de tuer ces animaux innocents ? On se doit de chercher d’abord parmi les dirigeants africains pour mettre à nu cette histoire macabre qui déshonore l'humanité. Il faudra remonter le réseau criminel, établir la chaîne des coresponsabilités directes ou indirectes tour-opérateurs, compagnies aériennes, fournisseurs d'armes, agents de l’Etat, responsables de parcs nationaux...

Quant à la chasse d’animaux en captivité ou chasse en enclos ou safari de campagne, on a affaire à de véritables crimes organisés. Très peu connue, cette activité n’est pas anodine puisque, dans la seule France, elle concerne environ 1.300 parcs et enclos, détenant au total 50.000 à 100.000 animaux, notamment des cerfs, chevreuils, mouflons, daims. Il s’agit d’une activité commerciale : les propriétaires font payer à des chasseurs le droit de venir tuer des animaux. Ces derniers n'ont aucune issue pour échapper à une mort certaine et meurent dans des souffrances abominables…


L’humain décidément aime se vautrer dans la barbarie la plus exécrable ! Pour du jambon, le cochon hurle de terreur à l'abattoir. Pour du fromage, la vache meugle de douleur, à la recherche du petit nouveau-né déjà loin d'elle. Pour des œufs, la poule déplumée se meurt dans une cage si petite qu'elle ne peut pas bouger et le poussin mâle est broyé vivant. Pour du foie gras, le canard gavé jusqu'à la maladie ne peut plus respirer, jusqu'à éclatement des organes. Pour amuser les enfants, l’ours est obligé de faire le clown, l’otarie de jouer à l’acrobate. Comme le disait Gandhi, "C'est à la manière dont elle traite ses animaux qu'on reconnaît la grandeur d'une nation". 

Il est scientifiquement reconnu que les animaux sont des êtres sensibles et doués de raison… qui peuvent souffrir. Ils sont chez eux sur cette planète et il faut qu'ils aient des droits. Ils ont d’urgence besoin de lois qui les protègent, qui leur permettent d'être respectés. Les droits des animaux ont tout à fait leur place aux côtés des droits de l'homme. Des voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer la création d’un tribunal apte à juger et condamner rapidement les bourreaux d'animauxIl est nécessaire de mettre ce problème au rang des enjeux prioritaires. Les maltraitances doivent cesser au nom du respect de l'autre, au nom de la simple humanité.


Thami BOUHMOUCH

Septembre 2020